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Vivre à la campagne : un défi?

Écrit par Fréderique Privat, La Grande Époque - Guadeloupe, avec l’agence d’informations Reporters d’Espoirs
25.04.2008
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  • Les Amap, ces formes de coopération entre populations urbaine et rurale, constituent une avancée significative dans la prise de conscience et la valorisation du patrimoine agricole. (AFP)(攝影: / 大紀元)

En France, les campagnes perdent chaque année un peu plus de leur surface cultivable mais aussi de leur population: 400.000 habitants de moins entre 1990 et 1999¹ et 75.000 hectares perdus entre 1992 et 2003 au profit d’activités non agricoles pour la plupart.

 

Face à cette perte du potentiel agricole français, des associations et organismes divers se mobilisent dans des domaines parfois bien différents mais tous essentiels à la préservation des zones rurales. C’est le cas de Terres Fertiles², une société civile immobilière créée en 2005 par un groupe de franciliens désireux de conserver leur AMAP du plateau de Saclay. En effet, c’est en 2003 qu’un groupe d’individus crée une Amap, les Jardins de Cérès, inspiré par Pierre Rabhi. Les Amap, Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne, sont « des partenariats de proximité entre un groupe de consommateurs et une ferme, souvent situé en zone péri-urbaine, se développant par la vente directe par souscription des produits de cette dernière »³. En partenariat avec l’exploitant Emmanuel Vandame, ces consommateurs franciliens ont voulu favoriser les rapports entre zones rurales et zones urbaines en défendant une agriculture durable.

En 2005, 180 hectares sur les 240 que l’agriculteur exploite sont mis en vente. Afin de les préserver d’éventuelles constructions immobilières, les membres de l’Amap prennent la décision de recourir à l’achat collectif et solidaire de 20 hectares. En août 2005, ils créent la société civile pour le développement d’une agriculture durable en Île-de-France, Terres Fertiles et signent l’achat des 20 hectares en décembre de la même année. Depuis, Emmanuel Vandame cultive ces terres: trois hectares entretenus sans pesticides et sans engrais sont consacrés à l’Amap, le reste à l’exploitation de grandes cultures intensives. Il entame cette année une réflexion sur sa conversion à l’agriculture biologique.

Cette forme de coopération entre populations urbaine et rurale constitue donc une avancée significative dans la prise de conscience et la valorisation du patrimoine agricole.

Mais ce n’est pas tout, car de nombreux agriculteurs ont compris que pour être reconnus, appréciés et aidés il est parfois bon qu’on vienne les voir sur place… C’est dans cette optique, mais aussi pour compléter des revenus souvent déficitaires que la fédération Accueil Paysan reçoit des touristes dans les fermes. Présent en France mais aussi à l’étranger (Pologne, Hongrie, Croatie, Bulgarie, Portugal, Maroc, Togo, Costa Rica….), cette fédération a vu le jour en Isère en 1994 afin de mettre en place une offre touristique différente de l’offre hôtelière car incluant la participation aux activités de la ferme.

Aujourd’hui 610 points d’accueil jalonnent la France en proposant des offres variées allant de la table paysanne au gîte paysan sans oublier le camping, l’accueil des enfants ou la vente de produits du terroir…

Cependant, outre ces relations instaurées entre citadins et ruraux, des agriculteurs rencontrent encore d’énormes difficultés dans la vie quotidienne: élever une famille et pourvoir à ses besoins vitaux relève parfois du parcours d’obstacles dans des régions où tout – commerces, écoles, médecins – disparaît peu à peu.

Là encore, des groupes de personnes se mobilisent et des associations voient le jour pour lutter contre cette désertification des campagnes.

Dans les Ardennes, par exemple, l’association « Domicile action 08 »4 s’est spécialisée dans l’aide à domicile. Elle a permis à trois communes de s’associer afin de créer un « bébé-bus », alternative originale au mode de garderie traditionnel des tout-petits. Il contribue à ce qu’une population jeune et active bénéficie de services appropriés pour la garde de leurs enfants en bas âge, argument de poids pour rester, vivre et travailler dans une région.

Ce bébé-bus sillonne ainsi la région, s’arrêtant chaque jour dans un village et proposant tous les services qu’une halte-garderie classique peut offrir. Prenant en charge jusqu’à douze enfants, il dispose d’un coin change, d’un coin repas, d’un espace couchage et de tout le matériel nécessaire pour les soins et la nourriture. En outre, les enfants bénéficient d’un lieu car les mairies des villages visités mettent une salle municipale à la disposition de l’association. Grâce à de nombreux partenaires privés et publics, la halte-garderie itinérante parvient à rivaliser avec une structure fixe et redonne vie aux zones rurales en voie de désertification.

Outre la garderie, il faut aussi subvenir aux petits soucis de santé, inévitables chez les enfants, et que seuls les médecins peuvent assurer, tout en sécurisant les parents.

Or, la fonction de médecin de campagne se raréfiant, il fallait organiser un système favorisant la venue des praticiens dans les régions rurales. En effet, un rapport du ministère de la Santé de 2005 confirmait l’existence de fortes disparités régionales quant à la densité des médecins: pour 100.000 habitants, on compte 256 médecins en Picardie contre 426 en Ile-de-France. C’est d’ailleurs en 2005 qu’est créée Revitalis-Conseil5, une SARL issue de l’association Sicler, qui elle, contribue depuis 1987, à la création ou re-création d’activités artisanales et commerciales en zones rurales.

Parallèlement, Revitalis-Conseil intervient auprès des communes en zone rurale qui ont besoin d’un professionnel de santé. Elle accompagne les élus dans leur stratégie de revitalisation de leur commune et analyse la capacité de celle-ci à accueillir un médecin: locaux disponibles et bon marché, potentiel d’activité (gardes, remplacements), logement bon marché, offre de services, écoles pour les enfants, activité pour le conjoint. Entretemps, la SARL se charge de recruter un médecin en analysant ses dispositions et ses motivations à s’installer en milieu rural. Il est ensuite mis en relation avec la collectivité demandeuse.

Revitalis-Conseil traite les candidatures de médecins issus de toute la Communauté européenne désireux de s’installer en France (la maîtrise de la langue française est alors une condition sine qua non de l’ouverture du cabinet médical).

Environ 35 médecins ont déjà été installés depuis 2005, et une vingtaine sont actuellement en cours.

Au regard de toutes ces initiatives, on ne peut que constater et approuver la force associative qui peut naitre de la volonté de quelques uns de ne pas laisser mourir des régions agricoles.

 

Pour en savoir plus :

¹ source INSEE 2005

² www.terresfertiles-idf.org

³ http://alliancepec.free.fr/webamap/

4 www.domicile-action08.com

5 www.revitalis-conseil.fr

 

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