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Crise alimentaire: urgence de changer de modèle de croissance et de mode de consommation

Écrit par Hanna L. Smytko, La Grande Époque - Paris
27.04.2008
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  • champ de blé(攝影: / 大紀元)

 

Alors que la crise financière n’est pas terminée, la crise alimentaire d’ampleur planétaire resurgit suite à la flambée des prix des céréales telles que le blé, le riz et le maïs. Certains experts ont prédit le désastre qui s’annonce, dont Lester Brown, agroéconomiste américain et l’un des pionniers du développement durable, affirmant que « la destruction de l’écosystème est si rapide qu’elle pourrait entraîner un effondrement de l’économie mondiale » (*).

UNE PRODUCTION DE CÉRÉALES À BOUT DE SOUFFLE

Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture), à la fin de l’année 2007, le niveau des stocks de blé représentait douze semaines de la consommation totale, et ceux de maïs à peine huit semaines, soit le niveau le plus bas depuis le début des statistiques en 1980. Par rapport à 1999, ces stocks ont été environ divisés par deux. Il n’est donc pas étonnant que les cours du blé aient grimpé de 50 %, l’indice des prix alimentaires de 40%, et le prix des graines oléagineuses de plus de 70%.

Les rendements annuels de production avaient pourtant triplé entre 1950 et 1996, au point que lors du Sommet Mondial de l’Alimentation en 1996, la FAO pouvait fièrement afficher son objectif de «réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde d’ici 2015». Toutefois, au cours des quinze dernières années, la production agricole mondiale a enregistré une croissance annuelle de 2,2% à peine et elle a stagné dans les pays riches, ce qui permet à Lester Brown de dire que « les rendements plafonnent depuis plusieurs années ». L’objectif de la FAO paraît donc largement compromis.

UN MODE DE CONSOMMATION ET UNE MONDIALISATION MISES EN CAUSE

Parallèlement à cela, à l’instar des pays occidentaux, les modes de consommation des pays émergents comme la Chine ont profondément changé, entraînant une hausse importante de la consommation de viande et donc un détournement croissant d’une part des céréales. Il faut en effet en moyenne près de sept kilos de céréales pour produire un kilo de bœuf et quatre kilos de céréales pour produire un kilo de porc. Plus du tiers de la récolte mondiale sert ainsi à engraisser des animaux.

Dans les pays riches, où le spectre de pénurie énergétique sur fond de réchauffement climatique se dessine nettement depuis plusieurs années, on encourage la production d’agrocarburant en substitution d’une partie du pétrole consommé, et produit à partir de céréales. Pourtant, comme le rappelle Lester Brown «un seul plein d’éthanol pour un gros 4*4 nécessite autant de céréales qu’il en faut pour nourrir une personne pendant une année entière». Ainsi, les agriculteurs des pays occidentaux, qui étaient autrefois exportateurs de denrées alimentaires, préfèrent maintenant vendre leur production de céréales sur le juteux marché des agrocarburants, ce qui entraîne inévitablement une baisse des stocks disponibles et une croissance du cours des céréales.  

Enfin dans les pays pauvres et émergents, la forte croissance de la population entraîne un besoin croissant de terres cultivables qui s’accompagne d’une destruction importante des forêts tropicales et zones marécageuses. Les terres nouvelles ainsi dégagées sont cependant en partie utilisées pour produire à bas prix, en plus des bois tropicaux dont les occidentaux raffolent pour leur jardin, des fruits et légumes destinés à l’exportation et disponibles toute l’année sur les étals et dans les supermarchés. Ainsi, espérant gagner un peu plus pour survivre, les paysans de ces pays délaissent les cultures vivrières et deviennent totalement dépendants de l’évolution des cours internationaux qu’ils ne maîtrisent pas.

LA SOLUTION : CHANGER RADICALEMENT LE MODE DE CONSOMMATION

Les causes présentées ne sont évidemment pas les seules, mais elles mettent en évidence la mondialisation du problème et le fait que le mode de consommation est en grande partie lié aux révoltes récentes. Le problème de la faim dans le monde n’est donc pas une question d’économie simpliste où, pour reprendre une phrase tristement célèbre, il suffirait de «produire plus pour gagner plus».

Au contraire, une prise de conscience est nécessaire : si le paysan mauritanien ou indonésien se révolte contre la hausse des prix alimentaires, c’est parce qu’il n’arrive plus à nourrir sa famille et qu’il s’épuise à produire à trop bas prix pour les occidentaux et nouveaux consommateurs des pays émergents, qui mangent trop de viande, trop de fruits et de légumes hors saison, et persistent à rouler en voiture plutôt que de réapprendre le vélo.

La solution se situe tout d’abord au niveau du consommateur qui doit changer radicalement et rapidement son mode de consommation, en réduisant les achats de produits carnés, en évitant tous les produits jetables, et en favorisant les transports économes en énergie ainsi que le recyclage des déchets. L’économie mondiale s’en trouverait fortement perturbée, et le paysan bolivien ou philippin risque également de souffrir en tentant de s’y adapter, mais n’est-ce pas, comme le suggère Lester Brown, le seul moyen d’éviter le drame collectif?  

 

(*) Plan B 2.0 : Rescuing a Planet under Stress and a Civilization in Trouble, publié en 2006. Le Plan B pour un pacte écologique mondial - traduction française publiée en 2007.

 

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