Excursion de Washington, D.C. à pied

Écrit par Anne Pillsbury, Collaboration spéciale
30.04.2008

 

Washington, D.C., avec ses symboles de politique et de pouvoir, fait partie des grandes villes internationales.

En marchant sur ses grandes avenues, ses espaces ouverts, ses vues et ses points de repère, vous serez une de ces 15 millions de personnes qui viendront à Washington cette année. Les familles, les explorateurs urbains et ceux qui veulent améliorer leurs connaissances générales occupent le sommet de la liste.

Washington doit tout son charme à sa grandeur, son inspiration, sa beauté et son histoire extraordinaire.

D.C. ne déçoit pas. Au centre, réside le siège du pouvoir, la résidence et le bureau du chef d’État du monde libre : la Maison-Blanche.

Construit entre 1792 et 1800, ce manoir présidentiel géorgien est encadré de magnifiques colonnes blanches et de pelouses vertes. Sa sérénité est interrompue par quelques détails de sécurité judicieux. Les plus discrets ne peuvent même pas être vus. Après l'heure de pointe, les espaces autour du portique sud de la Maison-Blanche sont bouclés.

De la façade nord, l’approche est plus accessible. Un agent des services secrets en uniforme est posté à l’extérieur des portes, acceptant silencieusement d’être pris en photo. Ce jour-là, les quelques environnementalistes et le manifestant solitaire contre la guerre en Iraq sont surpassés en nombre par des touristes avec leurs caméras numériques et bouteilles d’eau. Sans compter un agent de la Parks Police patrouillant à cheval, c’est un après-midi mi-Atlantique typique.

En comparaison, Blair House, la résidence du vice-président, de l’autre côté de la rue, est minuscule. Elle est protégée par une porte grillagée inoffensive qui ne semble pas être différente de n’importe quelle autre maison de ville dans le district de Capitol Hill.

L’écart de magnificence entre les deux résidences marque le clivage entre le pouvoir de la présidence et celui acquis par la vice-présidence.

En 1800, John Adams est devenu le premier président à occuper la Maison-Blanche. Ses mots : «Je prie le Ciel de bénir cette maison et tous ceux qui l’occuperont dans le futur. Que nul, sauf d’honnêtes et sages hommes, ne gouverne jamais sous son toit» sont gravés dans le manteau de cheminée de la salle à manger officielle.

Washington, D.C. a été conçu comme étant la capitale et un district fédéral en 1790, lors d’un souper entre James Madison, Alexander Hamilton et Thomas Jefferson. C’est le résultat du travail de l’architecte français Pierre Charles L’Enfant. Chacune des premières colonies a donné son nom à une avenue, la Pennsylvanie (Pennsylvania Avenue) ayant la distinction honorifique de connecter la Maison-Blanche au Capitole, car Philadelphie, PA, a été la première capitale nationale.

Une vue inspirante du Washington Monument s’étend au-delà du portique sud de la Maison-Blanche. Par temps clair, ce monument est visible à une distance de 50 à 65 km et perpétue le souvenir du premier commandant en chef, George Washington.

Cet obélisque de style égyptien, construit en maçonnerie, a une hauteur de 169 mètres pointant vers les cieux, un emblème représentatif de débuts humbles, de splendeur et de gloire. Autour de sa base sont dressés en permanence 50 drapeaux américains représentant chacun des États.

Le mémorial de la Seconde Guerre mondiale, qui s’étend à l’ouest, est un des plus récents monuments historiques de la capitale. Commémoré en 2004, sa conception, son inspiration et sa beauté sont époustouflantes. Des colonnes classiques pour chaque État sont ornées par des guirlandes circulaires en bronze de style grec, célébrant la victoire sur le fascisme.

Des plaques de bronze sculptées avec des scènes de bataille sont incrustées dans les murs de marbre. Au centre, se trouve la Rainbow Pool (une immense fontaine ronde) qui représente l’ampleur de la lutte globale océanique menée contre la tyrannie dans le monde. La profondeur et la longueur du mémorial nous rappellent les énormes sacrifices faits par chaque individu.

L’allée piétonnière du National Mall s’étire vers l’ouest à côté de la Reflecting Pool (le miroir d’eau). Cette rue usée par le temps et les innombrables personnes qui l’ont empruntée est devenue de l’argile durcie, comme une route secondaire campagnarde du Middle-West. Il se peut qu’il vous semble entendre le bruit des sabots des chevaux tirant des bogheis et les soldats patriotes à pied d’autrefois.

De nos jours des concerts, des manifestations et des appels à l’action ont été organisés dans cette rue. Se départir de l’allée poussiéreuse signifierait se départir de l’essence même du mall. C’est le cœur de la nation où les gens se rassemblent, se rencontrent et réfléchissent à l’identité nationale : ses origines, ses grands triomphes, ses luttes à l’échelle nationale et ses réconciliations.

En marchant entre le Reflecting Pool et les arbres majestueux, l’horizon est saisissant. Là, se trouve, dans toute sa grâce et sa grandeur, le monument dédié à Abraham Lincoln.

Les mots suivants sont inscrits dans le marbre : «Dans ce temple, comme dans le cœur des gens pour qui il a sauvé l’Union, la mémoire d’Abraham Lincoln est perpétuée pour toujours». Le 16e président est assis, plongé dans ses pensées, solennel et sombre, comme s’il réfléchissait à l’état de l’Union qu’il tentait de sauver.

Vers le sud, près des berges de la rivière Potomac, fleurissent des milliers de cerisiers offrant toute la beauté de leur nouvelle vie printanière à tous ceux qui visitent la capitale. Le Korean War Veterans Memorial et le Vietnam Veterans Memorial nous rappellent que plusieurs sont morts sur des champs de bataille à l’étranger, dans les deux cas avec le soutien ou la controverse du peuple américain.

De l’autre côté de l’eau, se trouve le cimetière national d’Arlington où brûle la flamme éternelle pour John F. Kennedy et où plus de 324 000 autres patriotes, remontant à la Guerre d'indépendance des États-Unis, sont enterrés. De simples pierres tombales blanches, ornées de croix ou d’une étoile de David, s’étendent sur 624 acres, Ici, même les hommes et les femmes ordinaires ont leur marque.

Même la Tombe du Soldat inconnu offre de la dignité aux sans-nom. Avec une surveillance 24 heures sur 24 et un changement de garde, le respect est une forme de réflexion.

Vous vous demandez ce que ces fidèles défenseurs de la liberté et les pères fondateurs auraient pensé s’ils pouvaient voir les milliers de touristes déambulant sur ces collines? Peut-être que leurs meilleurs espoirs seraient réalisés si la liberté n’avait pas été dilapidée par la recherche des intérêts personnels et si la démocratie était une valeur défendue en permanence.

«Protéger le plus grand symbole de la démocratie au centre du pouvoir, le Capitole» est l’énoncé de mission de la police du Capitole. Cette structure en forme de dôme abrite la branche législative ou le Congrès. Cela inclut la Chambre des Représentants et le Sénat.

Les édifices des bureaux du Sénat sont liés sous terre par le «mini train» du Sénat qui vient à intervalle de cinq minutes pour transporter les sénateurs et leurs invités spéciaux au Capitol Hill. Le long des murs flamboient les sceaux en couleur des 50 États. En débarquant, vous arrivez à la première rotonde, où vous accueille une statue de Lady Liberty en marbre.

«The Apotheosis of Washington» est suspendu à 55 mètres au-dessus du sol de la Rotonde du Capitole. Peint par l’artiste italien Constantino Brumidi, il dépeint Washington comme le père de la nation. Soulevé très haut au sommet du dôme comme une divinité dans toute sa gloire, il est entouré par treize anges représentant les treize colonies d’autrefois.

Revenons à l’ère contemporaine, il y a des réalités pragmatiques à vivre dans la capitale de ce pays superpuissant. Le 26 mars dernier, Hillary Clinton et sa fille Chelsea ont organisé un rassemblement pour plus de 3000 partisans enthousiastes au Constitution Hall des Filles de la Révolution américaine.

Il y avait plus de 60 agents de sécurité présents : les agents des services secrets, les policiers du Capitole et la police métropolitaine veillant sur leur sécurité. En plus de cela, les appareils de dépistage, les chiens à la recherche de bombes, un camion de pompier et une ambulance, ainsi que les célèbres véhicules utilitaires sports noirs, et les gardes du corps des services secrets ont fait en sorte que l’évènement de la sénatrice a bénéficié d’autant de protection que n’importe quel chef d’État.

Au-delà de la puissance de feu, tant d’éléments à Washington protègent, font la promotion et préservent l’héritage américain. Du Lincoln Theater, au Smithsonian Institution, à la National Gallery of Art, les options sont infinies. Et alors qu’un souper à Georgetown constitue certainement une sophistication somme toute décontractée, rien n’est comparable aux contrastes et aux couleurs dans la rue.

Que ce soit un militaire américain marchant à côté d’un fonctionnaire bien habillé, les autobus pour excursions identifiés «Yankee» ou «New World», ou les marchands ambulants servant des saucisses chaudes ou vendant des t-shirts FBI, il y a quelque chose pour tout un chacun. Des cafés aux coins de rue calmes ou une soirée au Center for the Performing Arts, Washington est une ville internationale qui vaut la peine d’être découverte, avec son histoire et sa liberté qui valent la peine d’être préservées.