Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Bologne, une distillerie qui tient compte de l’environnement

Écrit par Suzi Loo, La Grande Époque - Guadeloupe
06.04.2008
| A-/A+

  • Bouteilles de Rhum Bologne(攝影: / 大紀元)

 

Rendez-vous avec M Derly, Directeur général de la distillerie Bologne, située à Basse Terre en Guadeloupe. La distillerie a conservé le nom des propriétaires de la sucrerie des XVIIe et XVIIIe siècles, c’est plus de 107 ha de champs de canne noire qui l’entourent. Cette distillerie est la seule à cultiver encore cette variété de canne à rhum. La volonté de  Bologne est de travailler différemment en respectant les cycles naturels.

UNE PRISE DE CONSCIENCE POSITIVE

Par le passé, la distillerie était considérée comme une industrie très polluante, la cause en était que la vinasse* partait directement à la mer et que les fumées de combustion de la bagasse* étaient souvent chargées de suie. Une prise de conscience, un acte volontaire d’aller vers  une amélioration, a conduit le directeur de production, monsieur de Saint-Alary à rechercher d’autres solutions depuis 1999. 

 

L’obligation administrative de se mettre aux nouvelles normes anti-pollution a été le catalyseur d’une réflexion globale conduisant à prendre en compte toute la production de déchets de la distillerie et à en profiter pour la valoriser énergiquement. La société IRIS INGENIERIE, représentée par monsieur Guichard, a donc été retenue en tant qu’ensemblier maître d’œuvre afin de mener à bien cette démarche. Bien sûr, tout cela fut étalé dans le temps en raison des  coûts financiers, car même s’il existe des aides  de l’Europe et de la région, il faut avoir 45 à 50% de financement personnel, et c’est près de huit millions d’euros au total qui ont été investis  dans la valorisation de la biomasse  en chaudière, la méthanisation et la sécurité incendie. 

 

ELLE VA FOURNIR SA PROPRE ÉNERGIE

La distillerie Bologne reste à ce jour la première de la Caraïbe à intégrer totalement le processus de valorisation de ses déchets. C’est ainsi que la bagasse* est brûlée dans une chaudière à biomasse, produisant 14 tonnes de vapeur à l’heure sous 15 bars de pression, cette vapeur étant ensuite turbinée dans un turboalternateur pour produire environ 600 kilowatt/heure d’électricité.

La vinasse*, quant à elle, est traitée dans un digesteur anaérobie, sorte de gigantesque fosse septique d’une capacité de 2 millions de litres, dans laquelle des bactéries en l’absence d’oxygène vont dégrader la matière organique en générant du biogaz, lequel fournira environ 190 Kilowatt/heure d’électricité via un groupe électrogène. Au final, cette vinasse refait de l’eau propre et de l’électricité ainsi que de l’engrais naturel (humus) avec un matériel considérable, aussi important que la distillerie.

L’ensemble des machines  a été monté à partir de 2004 par des techniciens de la métropole. Ce sont des machines neuves, avec de nouvelles technologies et une part importante d’électronique pour le traitement des informations ,qui ont été mises en fonction en  2006. L’ensemble est agrée par la DRIRE (Direction Régionale de l’Industrie de la Recherche et de l’Environnement) qui suit de près le respect des normes imposées pour le respect de l’environnement.

 

 

LE RÔLE DE LA CHAUDIÈRE

La chaudière sert à faire de la vapeur. On fait brûler de la bagasse* (combustible) à l’intérieur du four qui dégage de la chaleur, de l’énergie calorifique. Cette énergie réchauffe de l’eau qui est transformée en vapeur dans des tubes  et cette vapeur fait fonctionner un turboalternateur qui produit de l’électricité, une machine à vapeur pour entraîner les rolles des moulins qui servent à presser la canne et deux colonnes pour distiller le rhum. Plus tard, cette machine à vapeur sera remplacée par des moteurs électro-hydrauliques plus souples et faciles à contrôler.

 

Cette chaudière plus puissante et plus grosse remplace l’ancienne petite chaudière, ce qui  permet de brûler toute la bagasse et ainsi de produire plus d’électricité que n’en consomme la distillerie. La production électrique, déduction faite de la consommation interne des appareils de production, est revendue à EDF, ce qui représente environ 500 KWh/h injectés sur le réseau, soit sensiblement la satisfaction des besoins de 200 foyers.

LE FONCTIONNEMENT DE LA VAPEUR

La vapeur, qui est envoyée dans l’alternateur, est recyclée, car l’eau qui est utilisée dans la chaudière doit être très pure et déminéralisée, donc pour obtenir cette eau, on est obligé de faire un traitement afin d’enlever tous les minéraux et le calcaire qui se trouvent à l’intérieur pour éviter l’encrassement  de la chaudière et du turbot alternateur. La vapeur, au sortir du turbo, est donc récupérée et condensée dans des aérocondenseurs avant  d'être renvoyée dans la bâche alimentaire de la chaudière.  Pour  la  consommation de vapeur, la seule qu’ on utilise est celle qui passe dans les colonnes à distiller et qui  permet de faire le rhum.

  • electro-filtre(攝影: / 大紀元)

 

LE RÔLE DES FILTRES

Au sortir de la chaudière, les fumées doivent être traitées  afin de respecter les normes anti-pollution.

« Cyclone » est le nom donné au premier filtre. Pourquoi ce nom ? La fumée tourbillonne à l’intérieur. Les particules lourdes sont donc projetées sur les tôles  du filtre, puis sont récupérées plus bas. Ce qui permet de récupérer 80% des poussières. Arrive le second élément «le réchauffeur d’air» qui permet d’éviter les chocs thermiques de la chaudière, c'est-à-dire que pour que la combustion se fasse il faut de l’oxygène à l’intérieur du foyer, il faut donc envoyer de l’air et réchauffer cet air- là. C’est grâce aux fumées chaudes qui sortent de la chaudière que l’on va réchauffer l’air frais qui rentre à l’intérieur. Tout ceci grâce à un système de tubes nommés «échangeur . Sorti de l’échangeur air à air, il y a une grande canalisation qui aboutit au 3e élément c’est un «électro-filtre». Il faut diminuer la vitesse de la fumée pour qu’elle puisse passer entre des plaques garnies de picots qui sont chargées électriquement positivement et négativement pour que les particules  viennent s’y coller. Un grand volume, donc un grand bâtiment avec à l’intérieur une vitesse de gaz lente pour laisser aux particules le temps de se coller. (Cela pourrait faire penser à un aimant). Il n’y a plus de fumée sortant de la cheminée, donc il n’y a plus de pollution.

 

{mospagebreak}

 

  • Methaniseur(攝影: / 大紀元)

 

LE RÔLE DU MÉTHANISEUR

Le métaniseur fonctionne pendant la distillation du rhum. La vinasse* est envoyée dans un bac tampon de 1000 litres puis, au fur et à mesure, elle passe dans le méthaniseur. Ce sont des bactéries anaérobies qui mangent les matières organiques qui se trouvent dans le jus. Ces bactéries ,en décomposant la matière organique ,produisent un gaz chargé de CO2  à environ 60% de méthane, c’est le biogaz. Ce gaz est récupéré par en haut avec une canalisation qui va alimenter un groupe électrogène et ce groupe va fonctionner 24 heures sur 24  et 7 jours sur 7 et va produire 190  kilowatts/heure d’électricité.

Le méthaniseur est  rechargé en vinasse* au fil de l’eau, par l’intermédiaire du bac tampon. Au sortir du méthaniseur, les effluents sont envoyés dans un bassin décanteur, de façon à séparer les boues du surnageant. Les boues sont récupérées dans un silo à boues, puis mélangées aux cendres de la chaudière et épandues dans les champs afin de servir d’amendement organique et de remplacer le fertilisant. Le surnageant, épuré à 85%  est récupéré dans un bassin et ensuite pompé dans une lagune , qui va finir de l’épurer par une dégradation aérobie cette fois, c'est-à-dire en présence d’oxygène injecté par des hydro-éjecteurs qui brassent la lagune en permanence de façon à finir le traitement. Cette lagune va aussi servir de réservoir en cas d’incendie. Une fois que la lagune est trop pleine, le trop-plein alimente un autre bassin et permet d’arroser 40 ha de la propriété qui est en irrigation. De la sorte,  on évite de trop prélever d’eau dans le milieu naturel.

UNE SURVEILLANCE JOURNALIÈRE

Tout est automatique. Tous les jours, une surveillance est effectuée par un contrôle visuel, avec des prélèvements, des analyses et la vérification de l’automate. Les interventions restent très rares.

 

Questions posées à M Derly, Directeur général de la distillerie Bologne.

  • Mr Derly, directeur général de la distillerie(攝影: / 大紀元)

Vos sols ont-ils été contaminé par le chlordécone*?

Non, absolument pas. Nous avons effectué des relevés des sols. Ce sont des sols qui dans le passé avaient servi à cultiver la banane et ensuite replantés en canne. Il est vrai que  l’insecticide, donc le chlordécone, se trouve en grande partie dans la région de Capesterre (nord de Basse-Terre) où l’on considère que 5 à 6000 ha  sont contaminés. Notre démarche va servir de pilotage pour faire quelque chose. La même technologie, mais en beaucoup plus grand, de manière à créer de l’énergie, c'est-à-dire avec un autre type de canne que l’on appelle la «canne à fuel».

C’est une canne très fibreuse, très dense en bois, qui au cours de  la transformation  fera des déchets solides. On peut envisager  de pouvoir broyer les cannes sur les terrains douteux (insecticides) et de la replanter avec une nouvelle génération de canne (canne à fuel),  pour  la passer directement dans une chaudière puis dans un générateur, nous pourrons   atteindre une échelle plus grande. Nous, à notre niveau, cela nous a permis d’être autonomes en énergie et à partir de cette année, nous allons revendre de l’électricité à EDF.

Combien de fois par an avez- vous des contrôles?

La DRIRE  fait plusieurs contrôles dans l’année. On a le sentiment depuis 2 ans d’une  augmentation des instructions et on va vers une tolérance zéro et c’est très bien.

Que pensez- vous des énergies renouvelable?

Il ne s’agit pas de créer de nouvelles sources d’énergies dont le prix de revient serait égal ou supérieur au prix du pétrole. Il y a un engouement très fort pour le bioéthanol, mais il est certain qu’au niveau des charges, face au Brésil et  aux pays tiers qui ont des surfaces cannières colossales et des  prix de  main d’œuvres moindres, nous restons vraiment  trop cher, c’est  sans comparaison. On ne peut se lancer dans le bioéthanol, notre coût de production est bien trop élevé, il nous faut donc chercher autre chose pour faire baisser les prix. Nous sommes très dépendants, car beaucoup de produits sont importés, il nous faut donc trouver d’autres solutions pour sortir de cette dépendance.

Quelles sont donc vos aides?

Principalement l’Europe, l’ADEME (Agence d’Economie d’Energie) et la SIRA pour la recherche des nouveaux plans, la région et après cela on descend au niveau local. Il existe une volonté de la part des politiques en Europe de se sortir de cette espèce de ghetto énergétique, ainsi que des subventions intéressantes pour faire de la recherche.

Avez-vous un message à transmettre?

Mon message sera que la prise de conscience a tardé, mais maintenant que le processus est en marche, ça va se précipiter et on va gagner du temps. Il y a des impératifs, ça nous rattrape, ça nous a déjà rattrapé et il va donc falloir  trouver des solutions.

Il faut savoir que depuis le choc pétrolier de 1973, la production de bioéthanol est devenue un enjeu stratégique pour le Brésil et les États-Unis qui assurent à eux deux près des trois quarts de la production mondiale. Au Brésil, le bioéthanol est produit à partir de la canne à sucre, et aux Etats-Unis, il est issu de la transformation du maïs. La production de bioéthanol en France est aujourd’hui assurée à 70% à partir de betteraves et à 30% à partir de céréales, un pourcentage qui va évoluer dans les prochaines années, avec la création de distilleries qui auront pour matières première des céréales. La Suède est l’autre pays pour lequel le bioéthanol représente un produit stratégique, mais elle en importe 75% de sa consommation. L’État suédois a néanmoins mis en place pour 5 ans une politique de défiscalisation du flex-fuel  qu’il vient d’ailleurs de proroger jusqu’en 2013.

 

 

 

Lexique

Vinasse : Le processus de distillation produit malheureusement des rejets polluants : la vinasse. Pour le rhum agricole, les rejets sont de l'ordre de 250 kg de DCO par mètre cube d'alcool seulement. En plus de l'odeur nauséabonde qu'elles dégagent, les vinasses peuvent constituer une source non négligeable de pollution des eaux.

Bagasse : La bagasse de canne à sucre est un résidu fibreux qui constitue, avec l’éthanol gazeux, un important déchet de l’industrie sucrière.

Chlordécone : Pesticide organochloré, utilisé entre 1981 et 1993, employé pour le traitement des bananiers pour lutter contre le charançon. Appartient à la même famille que le DDT, le lindane, le mirex. Le chlordécone est un polluant organique persistant, extrêmement rémanent dans l'environnement,qui peut s'avérer très toxique. A été classé comme cancérogène possible chez l'homme dès 1979 mais n'a été interdit qu'en 1993 et a été utilisé notamment aux Antilles. Ce produit est à l'origine d'une pollution importante en Guadeloupe et en Martinique découverte en 1999. À certains endroits, l'eau souterraine contient des taux de chlordécone 100 fois supérieurs à la norme.

 

Remerciement à M Léopold de Saint -Alary,  M Philippe Jean et Mme Peronne

Contact Distillerie Bologne

0590 811 207/ Fax : 0590 811 157

 

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.