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Une ferme d' agriculture biologique

Écrit par Nicolas Pautet, La Grande Époque - Lons-le-Saunier
07.04.2008
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  • Panneau de la ferme agricole(攝影: / 大紀元)

 

 

En traversant la plaine de la Champagne, rien ne me distrait  des étendues cultivées à perte de vue, lorsqu'une pancarte «Agriculture biologique» sur le bord de route attire mon regard.  Je m’arrête, décidé à en savoir plus.

Bien que ce soit l’heure du repas, je suis néanmoins bien accueilli par Olivier Devalance, fermier, la trentaine, et découvre à cet occasion  l’accent du coin. Après quelques paroles de bienvenue, nous échangeons sur sa pratique de l’agriculture biologique.

Comment êtes- vous venu à l’agriculture biologique?

Mon père a commencé en 75, au tout début. Il s’apercevait qu’il fallait mettre de plus en plus de produits, et ses parents lui disaient de ne pas ramasser les pissenlits là où il avait mis un produit . Ils lui faisaient aussi remarquer les notes de mise en garde sur le bidon pratique connue chez les quincailliers en ville..

Et puis il avait entendu parlé d’autres agriculteurs qui pratiquaient la culture biologique méthode Lemaire-Boucher.

Mon père a essayé sur 20 hectares (il en possédait 150), la première récolte a été satisfaisante et il a généralisé l’année suivante.

A l’époque, il y avait beaucoup d’échanges: des conseils, des semences et il y avait une bonne mentalité d’entraide, comparé à maintenant où c’est chacun pour soi. Cela a duré jusqu’en 85.

Pouvez vous me décrire votre exploitation agricole  par rapport à celles de vos voisins en agriculture intensive?

Nous avons 150 hectares et nous sommes parmi les petits en comparaison des autres qui possèdent entre 200 et 500 hectares, et même, certains, plus de 1000 hectares!

Nous cultivons les céréales traditionnelles, celles que cultivait déjà mon grand-père, c’est à dire : le lentillon, le seigle, le lin, l’avoine, l’orge, le froment (blé), l’épeautre et de la luzerne.  Nous faisons aussi de l’élevage - 90 têtes - pour la viande et le fumier qui sert d’engrais, ce qui n’est pas le cas de la majorité des exploitations en intensif.

Nous gardons nos semences d’année en année et nous en échangeons avec d’autres paysans. Les exploitations intensives cultivent le maïs, le froment , le gros pois (nourriture animale), et l’orge.

René Devalance, le père d'Olivier, nous rejoint.

Que répondez-vous lorsque l’on vous dit que le bio est plus cher?

Cette différence de prix s’explique par un rendement qui est de moitié dans notre exploitation (45 quintaux /hectares contre 90 en moyenne en intensif). Le désherbage mécanique nécessite plus de passages du tracteur comparé aux engins qui pulvérisent les produits sur une très grande largeur.

Les agriculteurs biologiques bénéficient des même aides, mais comme la surface cultivée est plus faible, cela fait moins de rentrées d’argent. Et l’élevage n’est pas subventionné.

Ce qui fixe le prix est la loi de l’offre et de la demande.

Nous compensons par un système commercial avec moins d’intermédiaires. Par exemple pour du blé, la filière classique commence par l’agriculteur qui emmène ses céréales à la coopérative, puis la coopérative les revend à un grossiste, qui les revend au client final. En bio, la coopérative n’intervient pas.

Autre exemple, les pâtes Torsades de Barilla sont à 2.46€ / kg sur le site Télémarket. La ferme Devalance, propose dans leur boutique des nouilles bio torsadées au blé et épeautre, faites maison, à 3€ / kg.

Que répondez-vous aux personnes qui disent que l'agriculture biologique ne sert à rien puisque le voisin utilise des produits chimiques?

C’est vrai, «quelque part», à notre époque, tout est pollué, l’air, le sol, l’eau. La différence est qu’en intensif, on continue d’en rajouter alors qu’en bio on décide de pas en ajouter.

Être un cultivateur biologique demande une conviction forte et une vision différente du rapport à la terre. Certains exploitants se sont convertis au bio lorsqu’il y avait des aides, mais ils n’ont pas tenu, la vraie raison est qu’ils n’y croyaient pas vraiment. Dans notre cas, nous avons des rotations des cultures sur 7 ans, elle est  sur 3 ou 4 ans pour nos voisins. Il faut aussi avoir le goût du risque en bio. En intensif, dès qu’apparaît trop d’insectes, d’herbes ou de champignons, on met le traitement adapté, ce qui amène une sécurité sur le résultat. Dans notre cas, nous cherchons à comprendre le pourquoi de cette apparition.

Pouvez-vous nous parler de l’histoire de l’agriculture intensive?

Dans les années 50, c’était les tous premiers désherbages chimiques, un entrepreneur passait une fois par an. L’intensif a vraiment démarré dans les années 70 avec la création des «clubs des 100 quintaux» [comprendre rendement de 100qt/ha minimum]. A cette époque, il y avait un fongicide qui tuait un champignon qui perturbait les cultures, mais était aussi le prédateur des pucerons. En 75, s’ensuivit une invasion de pucerons, heureusement l’insecticide adéquat était disponible à la vente, d’un air ironique.

Depuis, c’est l’escalade, actuellement une céréale a reçu plus de 10 produits chimiques dans sa vie.

Et pour finir, Olivier nous livre la parabole du tas de fumier. Des personnes critiquent le tas de fumier qui est au milieu de la cour, sous prétexte que cela polluait les rivières. Dans le temps, tout le monde avait son tas de fumier et il y avait du poisson dans les rivières. De nos jours, il n’y a presque plus de tas de fumier, et de poissons non plus! Il n'y a pas si longtemps les vaches étaient nourries à la farine animale et le sont encore à l’ensilage (maïs broyé et conservé sous bâche plastique), cela donne des fumiers qui sentent très mauvais et polluent réellement les rivières.

Après les avoir remerciés, j’achète quelques provisions (farine, pâtes, pain, huile fabriqués sur place) et repart. Leur ferme se trouve à Queudes dans les environs de Troyes. Vous pouvez visitez leur site internet en cliquant ici.

 

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