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Le Canada change de politique en matière d’aide alimentaire

Écrit par Irwin News
12.05.2008
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JOHANNESBURG – Le Canada est le dernier grand bailleur de fonds à ce jour à faire la distinction entre l’aide alimentaire internationale et le soutien apporté à ses propres agriculteurs.

Le pays a annoncé qu’il n’insisterait plus pour envoyer ses propres produits agricoles aux populations des pays de plus en plus nombreux à être frappés par la hausse des prix des vivres et du carburant. Le Canada versera désormais des fonds aux organisations humanitaires pour qu’elles puissent se procurer des vivres à meilleur prix dans la région ou le pays bénéficiaire.

Depuis que le Canada a «délié» son aide alimentaire en annulant les restrictions imposées sur la provenance des vivres achetés, les États-Unis, premier donateur mondial de vivres, restent le seul pays développé dont l’aide alimentaire est encore soumise à des conditions.

«Compte tenu de la hausse du prix du carburant, qui grève les budgets consacrés à l’aide alimentaire autant que la hausse du prix des denrées alimentaires, il importe plus que jamais de délier l’aide alimentaire d’urgence pour pouvoir économiser des fonds de plus en plus rares et assurer une intervention plus rapide», selon Christopher Barrett, professeur d’économie du développement à l’université Cornell de New York, qui a coécrit le livre Food Aid After Fifty Years: Recasting Its Role (L’Aide alimentaire, cinquante ans après : repenser son rôle).

Le Canada a également annoncé qu’il consacrerait 230 millions de dollars américains aux programmes d’aide alimentaire, rejoignant ainsi le Royaume-Uni, l’Union européenne et le Japon, qui se sont eux aussi engagés à verser des sommes semblables pour juguler la crise actuelle.

«Pourvu que le Congrès américain [qui étudie actuellement la proposition du président George Bush de verser 770 millions de dollars supplémentaires d’aide pour nourrir les populations affamées de la planète] suive l’exemple du Canada», a déclaré M. Barrett.

La quasi-totalité de l’aide alimentaire accordée par les États-Unis est soumise à diverses conditions nationales en matière d’approvisionnement, de transformation alimentaire et d’expédition. Ainsi, selon M. Barrett, le contribuable américain paie plus de deux dollars pour envoyer un dollar d’aide alimentaire en nature.

Nourrir ceux qui ont faim tout en développant le secteur agricole

«Ce qu’implique [la mesure annoncée par le Canada], c’est qu’il est important avant tout d’assurer la sécurité alimentaire de ceux qui ont faim dans les pays en voie de développement, d’offrir un soutien qui permette d’encourager les producteurs et les marchés locaux ainsi que de chercher à mieux utiliser les ressources disponibles au moment où les fonds se font rares», a noté Edward Clay, associé principal de recherche à l’Overseas Development Institute (ODI), un groupe de réflexion britannique.

Le Canada fournit une aide alimentaire depuis les années 1950, et la quasi-intégralité de cette aide provenait auparavant du Canada même, a-t-il fait remarquer. En 2005, toutefois, lorsque la communauté internationale a signé la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide, en vertu de laquelle les pays riches se sont engagés à retirer les conditions imposées sur l’apport des aides et à promouvoir l’agriculture et les marchés des pays bénéficiaires, le Canada a annoncé qu’il délierait la moitié de son aide alimentaire.

Des profits phénoménaux

Selon M. Barrett, grâce aux prix actuellement élevés des denrées alimentaires et du carburant, l’agro-industrie et les compagnies de navigation maritime des États-Unis «engrangent des profits phénoménaux, alors il est de moins en moins justifiable de protéger les bénéfices inattendus que la politique américaine actuelle en matière d’aide alimentaire leur a permis d’obtenir».

D’après David Snider, porte-parole de l’Agence américaine d’aide au développement international (USAID), l’administration Bush a proposé que 25 % de l’aide alimentaire soit versée par le gouvernement américain sous forme de fonds pour permettre aux pays bénéficiaires d’acheter des denrées alimentaires sur les marchés locaux ou régionaux.

Toutefois, ni M. Barrett ni M. Clay ne pensent que la proposition de M. Bush sera avalisée par le Congrès. Pour M. Barrett, si certains signes subtils de changement peuvent être observés au sein du Congrès, il y a plus de chance que les achats d’aide alimentaire prolocaux et régionaux soient instaurés dans le cadre du prochain «Farm Bill», une loi qui régit spécifiquement l’aide alimentaire et qui est mise à jour tous les cinq ans.

De l’argent en plus

La nouvelle proposition d’aide supplémentaire présentée par le président Bush, qui concerne notamment le versement de 395 millions de dollars d’aide alimentaire d’urgence, essuie actuellement un certain nombre de critiques à l’interne, a rapporté le quotidien The Washington Post.

Les démocrates, qui ont exprimé leur désaccord, ont prétendu que les fonds – comptabilisés sur l’année budgétaire 2009 qui commence en octobre 2008 – arriveront trop tard pour aider les pays déjà aux prises avec la crise des prix alimentaires. L’autre requête de M. Bush, qui a également sollicité 350 millions de dollars d’aide alimentaire dans le cadre du budget complémentaire 2008 consacré à la guerre en Irak, a également été vivement critiquée par l’opposition. Celle-ci juge en effet cette somme insuffisante.

Robert Casey Jr., sénateur, et Richard J. Durbin, chef de fil de la majorité au Sénat, tous deux démocrates, ont demandé au président Bush de consacrer immédiatement au moins 550 millions de dollars à l’aide alimentaire d’urgence. «Ce sera bien trop tard compte tenu de l’urgence du problème. Si vous avez faim et que votre gouvernement s’effondre, attendre jusqu’à décembre 2008 ou janvier 2009 que les vivres arrivent est tout simplement trop long», ont-ils déclaré, selon les propos rapportés par The Post.

La hausse du prix des denrées alimentaires a été déclenchée par un ensemble de facteurs, notamment l’épuisement des réserves et la demande toujours forte en céréales – en partie attribuable à la demande accrue de viande et de lait en Inde et en Chine – et la demande de biocarburants. Selon la Banque mondiale, les prix élevés des denrées alimentaires risquent de plonger 100 millions de personnes dans une pauvreté plus abjecte encore. 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.