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Dix de perdues, une de retrouvée…

Écrit par Olivier Chartrand, La Grande Époque - Montréal
14.05.2008
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  • Une ferme abandonnée(攝影: / 大紀元)

Malgré tous les types de produits auxquels on peut avoir accès dans notre société, s’il en est un dont on ne peut se passer, c’est bien celui des produits issus de l’agriculture. Dans Terres à la dérive, dernier documentaire de Pascal Gélinas (Le porteur d’eau), qui était présenté jeudi dernier à la Cinérobothèque de l'ONF en première montréalaise, il est justement question de l’alarmante situation des ressources agricoles au Québec.

Le film d’une durée de 35 minutes ouvre sur la généalogie du réalisateur qui l’amène à des petits villages de la Mauricie. On y présente alors des agriculteurs qui dressent un tableau préoccupant de l’agriculture au Québec : 100 000 fermes ont été abandonnées depuis 30 ans, six familles d’agriculteurs par semaine changent de métiers, 75 % des familles doivent avoir un autre revenu, un quart des fermes au Québec reçoivent deux tiers des fonds gouvernementaux, etc. Selon l’analyse des intervenants, la problématique naît, entre autres, d’une mauvaise adaptation de la Loi du zonage agricole de 1978 qui contraint les petits propriétaires à acheter une terre de dimension qu’ils ne peuvent assumer, laissant ainsi le champ libre aux grandes entreprises.

Le réalisateur, à l’émission Découverte, offre une belle poésie dans le lien établi entre ses images et le propos. Le reportage est surtout composé de plans simples et fixes qui viennent soutenir par la forme le sujet traité : le film évolue dans un rythme paisible proche de la vie dans les régions agricoles. Terres à la dérive présente des moments très touchants alors que des agriculteurs sont bouleversés de voir les fermes autour d’eux se vider tranquillement.  

Il est pertinent d’observer comment la mondialisation et l’esprit de l’économie de marché affectent l’agriculture au Québec. Pascal Gélinas réussit en partant d’un thème qui semble simple et régional au départ, à élargir la perspective sur un sujet plus vaste.

Toutefois, l’entrée en la matière passe par un détour assez personnel au réalisateur qui prend un peu trop de temps avant d’aborder le cœur du documentaire. Durant les sept premières minutes du visionnement, on demeure quelque peu perplexe sans savoir vraiment où on nous emmène.

En outre, loin de moi l’idée de souhaiter l’équilibre sans jugement entre la représentation de différents points de vue, il aurait tout de même été intéressant que le reportage soit complété par des interviews de représentants du gouvernement pour avoir un autre son de cloche.

Terres à la dérive présente, néanmoins, une information très pertinente et arrive à point alors qu’une crise alimentaire sévit et affecte particulièrement les pays en voie de développement qui entretiennent une dépendance au niveau agricole face à l’Occident.

À travers l’histoire, le protectionnisme, surtout dans le domaine agricole, s’est avéré un élément clé de l’essor économique des États-Unis, du Canada, des pays de l’Europe, du Japon, etc. Et les exemples sont nombreux à cet égard. Désormais, on veut ouvrir les marchés pour créer une interdépendance économique entre pays afin d’éviter les guerres. Car, selon les théories libérales, plus on est dépendant l’un de l’autre, moins on se «tape dessus». Mais au-delà de ces beaux idéaux, c’est surtout aux grandes multinationales que l’ouverture débridée des marchés profite, sans compter que les mégaproductions agricoles amènent leur lot de problèmes environnementaux.

Si apprendre à quelqu’un à pêcher est préférable à lui donner du poisson, c’est justement vers le chemin opposé qu’on se dirige en augmentant l’interdépendance agricole dans un contexte de mondialisation. C’est un peu ce qu’illustre Terres à la dérive.

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