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L’engouement pour les fonds ISR

Écrit par Hanna L. Szmytko, La Grande Époque - Paris
16.05.2008
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  • Al Gore, président de la société de gestion Generation, lance un nouveau fonds écologique The Climate Solution Fund pour un montant total de 683 millions de dollars. (攝影: / 大紀元)

Un effet marketing pour conquérir de nouveaux clients ou une réelle préoccupation pour le développement durable?

 

On parle de plus en plus des fonds ISR (Investissements Socialement Responsables). Il s’agit de fonds d’investissement sur des valeurs sélectionnées selon des critères dépassant l’analyse financière traditionnelle, et prenant également en compte les performances extra-financières de l’entreprise dans des domaines tels que l’environnement, le social et la gouvernance d’entreprise.

 

D’après Vigeo (1), le leader français de la notation extra-financière et de l’audit en responsabilité sociale, «l’ISR présente un double avantage: réduire à court terme les risques d’accidents de marché, et améliorer à long terme le ratio rendement/risque des portefeuilles». Il existe même une charte des Principes pour l’Investissement Responsable (2), établie sous l’égide de l’ONU en avril 2006. Elle a été signée par des grands investisseurs internationaux et donne un éclairage sur l’objectif de l’investissement socialement responsable : « L’application de ces principes pourra mettre les investisseurs mieux en phase avec les grands objectifs de la société ».

Le nombre de fonds ISR se multiplie.  En France, selon le bilan 2007 du marché français de l’ISR établi par Novethic (3), un centre français de recherche et d’expertise sur les ISR, on commercialisait 175 fonds ISR à la fin décembre 2007 pour un encours de 20,3 milliards d’euros, soit sur un an, 38 fonds de plus et une hausse des encours de plus de 50 %. La tendance du marché des investissements ISR demeure le lancement des fonds thématiques, qui sont sensibles aux enjeux de développement durable liés à l’environnement (eau, climat, planète, déchets, énergies, transport, construction matériaux) et à l’homme (santé, droits de l’Homme).

 

UN NOUVEAU FONDS ISR « CLIMATIQUE » D’AL GORE

Aux Etats-Unis, le potentiel de conversion de la gestion traditionnelle des actifs en gestion de développement durable est énorme. Les indices et les fonds ISR ne cessent de croître. Al Gore, l’ancien vice-président américain et prix Nobel de la Paix 2007, l’a bien compris. Déjà en 2004, bien avant le succès de son documentaire Une vérité qui dérange, il a crée conjointement avec David Blood, ancien directeur général de Goldman Sachs Asset Management, la société d’investissement Generation Investment Management (Generation IM), qui se concentre sur l’investissement durable. Il a ouvert des bureaux à Londres et Washington. Generation IM est également fondateur et signataire des Principes pour l’Investissement Responsable. Début mai 2008, Generation IM vient de boucler les apports pour la création d’un nouveau fonds écologique The Climate Solution Fund pour un montant total de 683 millions de dollars avec un focus particulier sur les énergies renouvelables, selon le Financial Times. Le dirigeant de Generation IM, David Blood, a précisé au quotidien que ce montant de départ élevé est une indication forte que les investissements « verts » vont aller en croissant, malgré la situation économique difficile et la récente crise financière, et que l’encours de ce fonds pourrait atteindre 5 milliards de dollars. Il s’agit du deuxième fonds lancé par la société de gestion Generation IM. Le premier, The Global Fund, était axé sur l’environnement en général. Dans une interview accordée à International Herald Tribune en mars dernier Al Gore, président de Generation IM, a confirmé sa vision de l’ISR en précisant que « les principes et la façon dont le marché alloue ses ressources peut avoir un impact important ».

 

DES PRATIQUES ISR À VÉRIFIER ET NORMALISER

D’un autre côté, certains consultants financiers indépendants dénoncent la composition des portefeuilles ISR, où les capitaux sont placés dans des entreprises qui ne sont pas forcement socialement aussi responsables qu’elles le prétendent, comme le dit par exemple le britannique Holden&Partners dans son rapport de février dernier: « Il existe de nombreux fonds éthiques dont l’exposition dans le domaine de l’environnement représente moins de 20 % de leur investissement » (selon le Guide to Climate Change Investment de Holden, cité par le quotidien britannique Telegraph). En effet, le critère d’évaluation de la responsabilité de développement durable et social n’est pas bien délimité, et tout investisseur a sa propre méthodologie d’appréciation. Toutefois, si l’intégration de critères extra-financiers « constituent un progrès certain en matière des responsabilités des investisseurs, un enjeu de vérification des pratiques se déployant sous cette bannière devrait émerger », constate Novethic dans son enquête annuelle sur le marché ISR.

A l’heure actuelle, face à la prise de conscience de la responsabilité qui s’amorce, la problématique du développement durable devient incontournable dans les investissements financiers. Jusqu’à présent, il n’y a pas de statistiques fiables sur les performances à moyen et long terme des fonds ISR par rapport à celles des fonds conventionnels. L’ambition y est pourtant pour marier les axes de la croissance durable et de la rentabilité. Peut-on réellement concilier les deux objectifs? L’avenir nous montrera s’il s’agit d’une simple mode ou d’une tendance de fond.

 

(1) www.vigeo.com

(2) www.unpri.org/principles/french.php

(3) www.novethic.fr

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