Chine: le tremblement de terre avait-il été annoncé?

Écrit par Zhu Jianguo, La Grande Époque
26.05.2008

  • Manifestation des mères en deuil arborant le portrait des enfants disparus(攝影: / 大紀元)

 

Près de 7.000 écoles publiques  se sont écroulées lors du  séisme du Sichuan. Ce «drame  dans le drame» trouverait  son origine dans la corruption  des fonctionnaires communistes  qui ont sacrifié la qualité  des matériaux de construction  pour détourner de l’argent.  Pourtant, des scientifiques  avaient à plusieurs reprises, au  moins trois fois depuis 2006,  alerté les autorités sur les risques  d’un fort séisme dans la  région.

Le récent séisme en Chine pouvait-il  être anticipé? Le responsable du Bureau de sismologie de Chine (organe officiel  de l’État) avait indiqué aux médias qu’ «ils n’avaient reçu aucune alerte, qu’il  est impossible de prévoir des tremblements  de terre». Cependant, Chen Iwan,  conseiller du Comité de Prévision  des Dangers Naturels (CNHP) accuse le  bureau de négligence.  Chen a expliqué dans une émission  de la chaîne de télévision étatique  CCTV que «le Bureau de sismologie de  Chine ne peut pas nier sa responsabilité  dans ce séisme».  Car s’il est effectivement aujourd'hui  encore scientifiquement impossible de  prédire un séisme, il est cependant possible  de prendre en compte les signes  potentiellement annonciateur et de tenter  de prévenir une catastrophe en communiquant  auprès des populations. Ce  qui n’a pas été fait.  Le 14 mai 2008, la chaîne de télévision  CCTV9 a diffusé un débat sur  le séisme du Wenchuan. L’animateur Yang Rui a interviewé Chen par téléphone  au cours de l’émission.  Chen a déclaré: «Le Bureau de sismologie  de Chine ne peut pas nier sa  responsabilité!» D’après lui, depuis  2006, le CNHP a alerté à trois reprises  le Bureau de sismologie des risques  d’un fort séisme dans le secteur de  Wenchuan. En particulier le 3 mai dernier,  Chen a personnellement envoyé  un rapport prévisionnel au Bureau de  sismologie. 

 

  • Mianzhu, Chine : La police essaie de disperser la foule rassemblée autour d’un bus où avaient pris place des parents en deuil lors d’une manifestation(攝影: / 大紀元)

 

AUCUNE CONSIDÉRATION MALGRÉ  DES ALERTES SERIEUSES 

Selon Chen, d’autres scientifiques  ont également fait parvenir au Bureau  de sismologie de Chine des rapports  pour alerter des dangers dans cette  région. Une fois de plus, les observations  des scientifiques n’ont pas été prises  au sérieux. Les chefs du Bureau de  sismologie et le directeur de l’institut de  prévision des séismes n’ont pas pris la  peine d’enquêter auprès des experts  du CNHP. Ils n’ont jamais voulu prêter  attention aux conclusions tirées par les  scientifiques.  Bien que l’interview de Chen ait été  supprimée lors de la rediffusion de  l’émission en soirée, la diffusion de  l’après midi était en direct. Les informations  révélées par Chen ont donc  bien été exposées sur la chaîne étatite  CCTV.

DES CHERCHEURS EN MARGE

Le CNHP est constitué d’un groupe  d’experts en marge des mandarinats  académiques chinois, et dont l’avis est  donc considéré avec un relatif dédain  par les sismologues officiels chinois.  Certains parmi eux font cependant  partie de ceux qui avaient annoncé  le séisme de Tangshan en 1976, tels  que le professeur Guo Zengjian, Wang  Chengmin, Qiang Zuji et Geng Qingguo,  le chercheur adjoint Huang Xiangning,  le chercheur Xu Daoyi, Xu Haomin,  Zhang Wanghou, Zeng Xiaoping, Qian  Fuye et Zhao Yulin et l’expert de prévision  des séismes, Sun Wei, pour n’en  citer que quelques uns. 

DES CONSTRUCTIONS AU RABAIS 

Au lieu de prendre en compte les  observations scientifiques sur les risques  de catastrophes dans la région du  Wenchuan, les autorités compétentes  se sont préoccupées de collecter des  pots de vin auprès des entrepreneurs,  au détriment de la qualité des matériaux  de construction négociés au rabais et  sans respect des normes sécuritaires.  Le résultat a abouti à l’effondrement  de 7.000 écoles; autant de tombes  pour des milliers d’enfants. Les parents  des victimes ne peuvent dissimuler leur  colère; un père de famille a déclaré à  un journaliste du Monde: «Cette vieille  école aurait dû être déplacée depuis  longtemps. Ils n’ont cessé de retarder  le déménagement!» Un autre étudiant  revenu sur les lieux a dit que l’école, qui  datait portant seulement des années  90, «n’était pas aux normes». «Les  budgets alloués par l’Etat central sont  rognés au fur et à mesure qu’ils descendent  depuis Pékin vers les cantons», expliquait-il. Devant une petite  foule silencieuse, il précisait: «Les  fonctionnaires locaux s’en mettent plein  les poches.»  De nombreux témoignages décrivant  le tremblement de terre rapportent  que les écoles et autres bâtiments  publics ont été les premiers à s’effondrer  «comme des châteaux de cartes ». Une mère qui a perdu ses deux  filles à Juyuan, à quelques kilomètre de  Chengdu, a déclaré en colère: «Matériaux  de basse qualité et main d’oeuvre  au rabais, nous voulons poursuivre les  criminels où qu’il soient!»

 Au cours des trois dernières années,  Chen I-wan a travaillé intensément pour  aider à la prévision des séismes ainsi que  sur les études météorologiques à moyen  et long terme. Il a assisté quelques spécialistes  chinois pour participer aux sessions  de l’Assemblée Annuelle de la Société de  Géophysique Européenne sur les Dangers  Naturels à Nice (France) en avril  2002. En raison de son rôle actif dans ces  domaines, la Société chinoise de Géophysique  l’a nommé en mai 2002 conseiller  au comité de prévision de dangers naturels  de la Société chinoise de Géophysique.  Ce statut lui a permis de rejoindre en  tant que membre la Société européenne  de Géophysique et de l’Association américaine de Géophysique.  

  Manifestation des mères en deuil arborant le portrait des enfants disparusPaula Bronstein/Getty Images

Mianzhu, Chine : La police essaie de disperser la foule rassemblée  autour d’un bus où avaient pris place des parents en deuil lors d’une  manifestation dans la banlieue de Mianzhu, le 25 mai 2008. FREDERIC J. BROWN/AFP 

 

Les leçons de Tangshan, 1976

Le tremblement de terre dans le  Sichuan est le plus meurtrier qui a  frappé la Chine depuis juillet 1976  quand un séisme dans la ville de  Tangshan (province de Hebei, à l’Est  de la Chine) avait tué 255.000 personnes.  A l’époque, des experts avaient  relevé des signes annonciateurs d’un  séisme. Parmi eux, Yang Youchen, un  sismologue qui affi rme avoir fait des  prévisions sur l’arrivée du séisme en  1976. Yang a déclaré qu’il avait prévu  qu’un grand séisme toucherait Tangshan  en juillet ou août.  En mai, quelques mois avant le tremblement  de terre, il a présenté son  rapport lors d’une conférence organisée  par China Earthquake Association  (CEA, ndlr. association Séismes en  Chine), qui n’a pas pris sérieusement  ses avertissements. Il a dit avoir parlé  au secrétaire du Parti communiste de  Tangshan concertant la potentialité  d’un séisme mais le député maire de la  ville a répondu qu’il était trop tôt pour  mettre la ville en alerte.

Peu de temps  après, Yang a été envoyé en «centre  de rééducation» pour «réformer ses  pensées».  Un autre géologue, Ma Xirong, a  alerté l’association CEA quelques  semaines avant la secousse à propos  de fluctuations étranges qu’il avait  remarquées sur les lecteurs de résistance  électrique de la Terre. Il a également  averti d’un séisme qui pourrait  provoquer des catastrophes mais les  responsables du CEA ont ignoré ses  observations.  À la lecture des avertissements  répétés de la part des centres de surveillance  géologique, des offi ciels en  ont pris note et ont risqué leur carrière  politique pour aider des gens à  se préparer au tremblement de terre.  Wang Chengmin, un expert de l’association  CEA, a fait circuler des annonces  sur l’imminence du tremblement de  terre près de Tangshan et en a parlé  également à un petit groupe d’offi ciels  des régions environnantes. L’un d’entre  eux, Wang Chunqing, a rapporté la  nouvelle au district voisin de Qinglong,  où les citoyens ont été avertis de l’imminence  de la catastrophe. Ces efforts,  estimés par certains, ont pu sauver au  moins 400.000 vies.  

 

Une conversation qui passe de la  tristesse à la joie

  • Capture d’écran du site du Southern Worker’s Newspaper(攝影: / 大紀元)

 

Le journal de Chine continentale  Southern Worker’s Newspaper a publié  un article le 19 mai intitulé «Une conversation  de trois minutes qui passe de la tristesse  à la joie». Celui-ci relate l’histoire  d’un père qui travaille dans le secteur de  la sécurité dans la ville de Guangzhou en  Chine du sud. Il était au bord de la crise  de nerf parce qu’il ne trouvait pas son fi ls  après la période cruciale de secours des  72 heures. C’est alors qu’il a reçu un appel  téléphonique du professeur de l’école de  son fi ls lui annonçant la bonne nouvelle.  Selon l’article, l’enseignant a dit que  juste une heure avant le tremblement de  terre, l’école avait reçu un avis d’évacuation  urgent. Tous les enseignants et les étudiants se sont immédiatement rassemblés  dehors sur un terrain vague voisin et  ont assisté à l’effondrement de leur école.