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L’émotion à son comble pour clore la saison à l’Opéra de Montréal

Écrit par Floriane Denis, La Grande Époque - Montréal
26.05.2008
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  • Madame Butterfly(攝影: / 大紀元)

Jamais je n'ai vu un interprète, au cours de ma courte carrière de chroniqueuse, recevoir une telle ovation à l’Opéra de Montréal. Hiromi Omura a ravi une salle Wilfrid-Pelletier comble lors de la première de Madame Butterfly, le samedi 25 mai. La frêle soprano japonaise a donné une émouvante, sensible, mais puissante interprétation de Madame Butterfly.

C'est la première fois qu’Hiromi Omura se produit en Amérique du Nord, mais elle a souvent incarné la geisha en Europe et au Japon. Pourtant, on ne l’avait pas encouragée dans cette voie. «Tout le monde me déconseillait d'interpréter ce rôle, même mon pianiste. C’est un rôle difficile. Il faut être très en forme, mentalement et physiquement, pour chanter Madame Butterfly. Pourtant, quand j’ai répété pour la première fois avec mon pianiste, il a été heureusement surpris et il m’a encouragée», déclare la chanteuse.

Il faut dire qu’elle y met tout son coeur. «J'ai connu des moments durs et je m'appuie là-dessus pour incarner Madame Butterfly. L'émotion me donne l’élan nécessaire, sinon ma voix se briserait. La musique me porte aussi.» La jeune femme est modeste. À l'entendre, si elle réussit, c'est qu'elle aime beaucoup ce rôle. «Je trouve que Madame Butterfly a une belle âme. Elle ouvre son coeur totalement à cet inconnu, sans mettre de barrières, sans se protéger. Elle donne tout à celui qu'elle aime», précise-t-elle.

Dans cette production d’Opera Australia, Hiromi Omura est soutenue par un B. F. Pinkerton sincère. Richard Troxell a réussi le défi qu'il s'était lancé: «Certains font de Pinkerton un méchant, mais ça n’a pas de sens! Pourquoi Madame Butterfly, si belle et si sensible, tomberait-elle amoureuse d’une brute épaisse? Mon défi est de rendre Pinkerton humain pour que cette histoire soit plausible.»

Pour les deux vedettes, cette tragédie est un malentendu entre un homme et une femme, avant d’être un choc culturel. Cependant, selon Richard Troxell «le fait que nous soyons, moi américain, et Hiromi japonaise, nous aide à éviter la caricature».

Les deux héros sont appuyés par les solides performances de Annamaria Popescu, dans le rôle de la fidèle servante Suzuki, et de James Westman dans le rôle du consul, ami de Pinkerton, lucide et désolé par son comportement. Les décors (Peter England), les costumes (Russel Cohen) et les éclairages (Robert Bryan) sont superbes. La mise en scène, signée Moffatt Oxenbould, est des plus vivantes. L’apparition du petit garçon, dans son mini kimono, incarnant le fils de Madame Butterfly, a déclenché des «oh» attendris du public.

L'opéra préféré de Puccini, «le plus sincère et le plus évocateur» selon lui, est admirablement servi par ses interprètes, accompagnés par l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal, sous la baguette de Yannick Nézet-Séguin. Cette année encore, l’Opéra de Montréal termine la saison en beauté.

Madame Butterfly

Salle Wilfrid-Pelletier

Les 24 et 28 mai, 2, 5 et 7 juin à 20 h et le 31 mai à 14 h1

1. Toutes les représentations sont à guichets fermés. Cependant, la représentation du 7 juin sera retransmise en direct sur écran géant, sur l’esplanade de la Place des Arts.

À midi, au même endroit, trois jeunes sopranos de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal interpréteront de grands airs d’opéras. Ces deux évènements sont gratuits.

L’histoire

Nagasaki, 1904. Un jeune officier américain de passage, B. F. Pinkerton, épouse une geisha, Madama Butterfly. Simple divertissement exotique pour lui, le mariage est pris au sérieux par la jeune Japonaise. Après lui avoir fait un enfant, Pinkerton repart. Espérant son retour, elle lui reste fidèle. Trois ans plus tard, Pinkerton revient avec son épouse américaine,     Kate. Il passe chez Madame Butterfly, mais refuse de la rencontrer. Il envoie Kate lui demander de leur confier l’enfant. Madame Butterfly accepte, mais elle se donne la mort par seppuku (hara-kiri).

Richard Troxell et Hiromi Omura nous parlent de Montréal

La Grande Époque (LGÉ): Vous n'avez pas travaillé auparavant à Montréal. Est-ce différent de ce que vous connaissiez?

Richard Troxell: Non, pas tellement. J'ai travaillé partout en Amérique du Nord, et c’est partout pareil. Par contre, j'aime beaucoup l'atmosphère de la ville. Tout le monde fait du sport! J'ai apporté mon vélo et j'ai déjà parcouru 300 km en une semaine. J'adore ça, quand je peux faire de l'exercice au grand air. Le sport, c'est bon pour la voix, et j'ai horreur d'aller au gym. De nos jours, les opéras sont filmés, alors les chanteurs obèses n’ont pas beaucoup d'avenir. Et puis, beaucoup de rôles exigent d’avoir du souffle. Il faut pouvoir simuler un combat à l'épée et chanter. Bref, si je peux faire du vélo pendant mon séjour, ça veut dire que je vais mieux chanter. Ici, je suis dans mon élément.

LGÉ: Hiromi, vous avez chanté en Asie et en Europe, mais jamais en Amérique du Nord. Avez-vous remarqué des différences dans la façon de travailler?

Hiromi Omura: Oui. Au début, j'ai été un peu déstabilisée, parce qu'ici on parle beaucoup pendant les répétitions. Ailleurs, quand on répète, tout est déjà en place et les gens se taisent. Ici, on est interrompu, les gens discutent. C'est dur pour la concentration, mais finalement, ça me plaît. Il y a plus de collaboration et on apprend beaucoup des autres. Et puis, j'ai été ravie de voir des cerisiers en fleurs, ici, tout près de l'opéra. Je n'ai pas pu être au Japon au printemps, cette année, alors c'est un vrai bonheur de venir à Montréal pour interpréter Madame Butterfly, et de voir des cerisiers en fleurs!

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