«Quiconque sauve une vie sauve le monde entier»

Écrit par Michel Wu
27.05.2008

  • Michel Wu(攝影: / 大紀元)

 

 

 A l’approche des JO de Pékin,  les initiatives se multiplient en  France pour dénoncer la situation  tragique de millions de  Chinois qui continuent à être  persécutés par le régime. C’était  le cas le 17 mai à Nancy avec  l’organisation d’une conférence  qui mettait à l’honneur une victime  qui a pu fuir vers la France  et le sujet encore mal connu du  Falun Gong. Un fervent défenseur  de la cause tibétaine, Marc  Biondetti a choisi de mettre à  l’honneur «LA VRAIE CHINE :  LIBRE ET MILLENAIRE» en  invitant à s’exprimer le président  de l’association Falun Gong  France, Alain Tong, et  Michel  Wu.

Avant de travailler pendant  13 ans comme rédacteur  en chef de la rédaction en langue chinoise de Radio France  Internationale (RFI), Michel Wu  a démissionné de l’agence Xinhua  contrôlé et manipulé par le  Parti communiste chinois après  le massacre des étudiants de la  place Tian An Men en 1989. La  Grande Époque publie son discours.

«Vous savez tous qu’il existe en Chine  communiste un problème des droits de  l’Homme. Oui, depuis plus d’un demi-siècle,  le socialisme réel a déjà supprimé  autant de Chinois que le nombre composant  la population française. Vous savez  aussi que c’était en temps de paix et au  moyen de propagande politique. Pourtant,  en posant la question de savoir qui, parmi  les victimes de la dictature communiste,  en souffre le plus actuellement ?  C’est à n’en pas douter cette communauté  impliquant, pratiquants et leurs  familles, parents et amis compris, plusieurs  centaines de millions de personnes  placées sous la dénomination du Falun  Gong. Falun Gong?

Oui, ce mouvement  d’inspiration bouddhiste, l’une des écoles  du Qigong la plus appréciée, une pratique  qui se répand en toute légalité à Hongkong,  à Taiwan ainsi que dans plus de 80  pays du monde sauf en Chine communiste  où il fait l’objet d’une persécution comparable  à la Shoah. Bref, quelle est la vérité sur  le mouvement du Falun Gong? C’est que  depuis presque 10 ans, le régime force,  par les moyens extrêmes dont la torture  à mort, ses pratiquants à abandonner leur  croyance et leur pratique. Et au nom des  Jeux Olympiques, il intensifi e arrestations  et condamnations. Cette année, encore  une centaine de pratiquants sont morts en  détention.

Le drame d’un jeune musicien  du nom de Yuzhou est largement raconté  dans les médias indépendants.  Arrêté en janvier dernier à Pékin à la  suite d’un contrôle de sécurité à la veille  des Jeux Olympiques, ce pratiquant du  Falun Gong fut emprisonné et découvert  mort quelques jours plus tard par  sa famille. Force est de constater que  ce genre de drame quotidien a perduré  depuis voilà bientôt 10 ans. Selon des statistiques  incomplètes, plus de 3.000 pratiquants  ont succombé sous la torture,  6.000 autres sont condamnés, 100.000  envoyés aux travaux forcés et plusieurs  centaines de milliers arrêtés. 

 

POURQUOI CETTE FOLIE MEURTRIERE?

Le Falun Gong a été fondé en 1992  dans la grande désillusion à la suite de  la chute du mur de Berlin précédée du  massacre de Tian An Men. Le Falun  Gong est né à point nommé. Il propose  un ensemble de méthode d’exercice physique  pour améliorer la santé. Son efficacité  est d’autant plus appréciée quand on  sait qu’en l’absence de la sécurité sociale,  les hôpitaux sont inaccessibles sous la  loi du marché.

Le Falun Gong propose  dans le même temps des valeurs morales  à appliquer pour accompagner l’amélioration  de la santé physique. Il s’agit de  trois mots enterrés sous le régime communiste,  c’est-à-dire, Authenticité, Bienveillance  et Tolérance. La redécouverte  de ces valeurs anciennes a permis de  combler le vide laissé par la faillite des  préceptes idéologiques tels que lutte de  classe, paradis communiste, obéissance  absolue au Parti, etc. Ces pratiques physiques  et morales sont basées sur une  vision du monde proche du bouddhisme.

Le Falun Gong est un service bénévole.  L’initiation se fait en lieux publics. Il n’y a  pas de cotisations ni contributions. Chacun  agit comme bon lui semble. Tout cela  a beaucoup plu aux Chinois qui ont trop  souffert d’une société hermétiquement  contrôlée. C’est ainsi que le Falun Gong  était rapporté à la une dans la presse  offi cielle et que c’était dans l’enceinte de  l’ambassade de Pékin à Paris que son  fondateur, Li Hongzhi, a fait en 1995 sa  première conférence européenne d’initiation.  Le Falun Gong est devenu en quelques  années un espace de liberté avec  l’adhésion massive des Chinois y compris  des militants du Parti, des hauts fonctionnaires  et des offi ciers supérieurs. C’est là  que le bât blesse.  Depuis l’éclatement du camp socialiste,  le régime voit partout des ennemis. Face  à l’essor du Falun Gong, les caciques du  parti ont estimé que le Falun Gong pourrait  bien être une Solidarnosc à la chinoise.  L’interdiction et les arrestations ont  commencé en avril 1999 à Tianjin, une  ville portuaire à 200 kilomètres de Pékin.

 

  • Ya Jun(攝影: / 大紀元)

 

 

 

Ya Jun, la jeune femme chinoise qui pratique la méthode bouddhiste  Falun Gong a pu rejoindre la France en 2006 après avoir vécu le  calvaire des camps de travaux forcés chinois. Tortures physiques et  psychologiques lui donnaient l’impression d’être dans «un enfer» où  «chaque minute semblait être une année». C’est grâce à une rançon  versée par un ami à la police chinoise qu’elle est d’abord libérée.  Toujours sous étroite surveillance une fois relâchée, elle réussit  cependant à fuir la Chine à pied avec son frère, vers la Thaïlande.  Ya Jun vit maintenant à Paris. Son histoire héroïque est racontée en  détails et en photos dans le numéro de mai du magazine Choc.  

 

Les pratiquants ont réagi par des manifestations  pacifiques. Et le sit-in organisé le  25 avril au centre de Pékin a donné aux  autorités le prétexte de lancer la campagne  de répression à l’échelle nationale.  Du jour au lendemain, une communauté  qui cherche le bonheur et la paix fut ravalée,  dix ans après les étudiants, au rang  des ennemis du peuple. Accusations mensongères  et procès intentés allaient de  pair avec rafl es et arrestations. Tous les  coups bas sont permis pour ceux qui refusent  d’abandonner dans un délai fi xe leur  pratique et leur croyance. Pourtant, contre  toute attente des autorités, la répression  et la persécution ont donné lieu à une  résistance jamais aussi récalcitrante.

En vue de faire connaître la vérité et  sauver leurs condisciples, les pratiquants  qui ont réussi à s’implanter aux Etats-Unis  ont créé dans la foulée et par leurs propres  moyens trois médias indépendants :  le groupe de presse La Grande Époque,  la chaîne de télévision par satellite New Tang Dynasty et la radio Son de l’Espoir. Par la publication  en 2003 des célèbres Neuf commentaires  sur le Parti communiste chinois, ces  médias ont occupé aujourd’hui sur toute  la largeur les positions de l’opinion anticommuniste. 

 

Le Falun Gong n’est pas  une organisation politique. J’ai cherché en  vain leur programme. Mais bon nombre  de pratiquants sont aujourd’hui persuadés  qu’ils ne pourraient sauver leurs amis  en prison et recouvrer la liberté qu’avec un  changement de régime.  Ces pratiquants du Falun Gong, je les  ai rencontrés et observés depuis plusieurs  années. Je suis surpris par le fait qu’il se  trouve parmi eux de nombreux doctorants,  des scientifiques, des informaticiens ou  des hommes de lettres de haut niveau.  Ils sont guidés dans la vie individuelle  comme dans les relations humaines par  les valeurs en trois mots. Ils défendent  sans en être conscients une cause au profi t de l’humanité tout entière, c’est-à-dire,  la fin du dernier bastion du communisme  et l’avènement d’un monde où les droits  de l’Homme sont partout respectés, un  monde de paix.

S’agissant de mon observation sur cet  événement dont les aspects humains  dépassent largement les implications politiques,  je prends à témoin David Kilgour,  ancien secrétaire d’État du gouvernement  canadien, ainsi que David Matas, avocat  international pour la défense des droits de  l’Homme. Ils ont rendu public en 2006 un  premier rapport d’enquête sur le prélèvement  d’organes des pratiquants du Falun  Gong sous l’égide des autorités chinoises  pour le trafi c inhumain à l’heure de l’économie  de marché.  Je prends à témoin Edward McMillan- Scott, vice-président du Parlement européen.  Il s’est déplacé l’année dernière  jusqu’à Pékin pour recueillir des témoignages  de deux pratiquants du Falun  Gong disparus après l’entrevue.  Je prends aussi à témoin Manfred  Novak, rapporteur spécial de l’ONU, qui a  confirmé non seulement que «la torture  est monnaie courante» en Chine communiste,  mais que dans la population carcérale,  les pratiquants du Falun Gong sont  les plus nombreux et soumis aux pires des  traitements.

Je prends à témoin biens d’autres femmes  et hommes qui ont élevé leur voix  pour réclamer la fin de la Shoah à la chinoise.  Ceci étant dit, que peut-on faire face à  un régime qui cherche toujours à berner le  monde extérieur ? Et bien, à toutes celles  et tous ceux qui sont épris de justice, je  suggère ce qui suit : 

1. Ne colportez pas les accusations  mensongères contre le Falun Gong. C’est  surtout important pour les médias qui ne  sont pas à la solde de Pékin. 

2. Profitez du peu de temps qu’il nous  reste avant l’ouverture des Jeux de Pékin  pour dénoncer les violations des droits de  l’Homme en Chine communiste. 

3. Continuez à mobiliser les organisations  non gouvernementales et nos élus  pour que notre pouvoir public exige à son  tour du régime de Pékin qu’il libère immédiatement  les pratiquants du Falun Gong  ainsi que les autres Chinois emprisonnés  pour leur conviction ou leur croyance en  honorant sa promesse de nous faire des  Jeux Olympiques «humains, verts et  technologiques». 

 

Pour conclure mon intervention, je me  permets de citer cette belle phrase tirée  du fi lm La liste de Schindler:«Quiconque  sauve une vie sauve le monde entier.»