Les transfusions de sang peuvent-elles être dangereuses?
De plus en plus d'indices confirment que les transfusions routinières de sang aux patients provoqueraient une augmentation du taux de mortalité et causeraient d'autres complications. Ils incitent le personnel soignant à plus de prudence dans le choix des patients à transfuser.
Taux de mortalité plus élevé
Le risque est moins lié aux infections comme le VIH, qu'au sang lui -même. Au cours des dix dernières années, de nombreuses études ont montré que les transfusions, particulièrement celles qui impliquent les globules rouges, sont corrélées à des taux de mortalité plus élevés des patients qui ont déjà eu une crise cardiaque, une opération du coeur ou qui sont en réanimation.
Bien que la nature exacte du lien ne soit pas connue avec certitude, il semblerait que les modifications chimiques dans le sang liées au vieillissement, leur impact sur le système immunitaire et la capacité du sang de transporter l'oxygène en seraient la clef.
«Probablement 40 à 60% des transfusions sanguines ne sont pas bonnes pour les patients» révèle Bruce Spiess, anesthésiste cardiologue à la Virginia Commonwealth University de Richmond, au New Scientist.
Les transfusions sont devenues pour la première fois un acte médical régulier au cours de la première guerre mondiale, lors de leur utilisation comme dernier recours afin de traiter des soldats qui avaient perdu beaucoup de sang. Aujourd’hui, la transfusion sanguine est devenue un acte banal, qui n'est plus limité aux cas d'hémorragies extrêmes, mais qui est pratiquée pour traiter des patients en chirurgie ou en soins intensifs.
Le contexte
Le raisonnement actuel sous-tend que la transfusion, en fournissant des globules rouges aux patients, assure un meilleur transport de l'oxygène dans l'organisme ce qui accroit les chances de survie du patient. Une personne saine possède de120 à
Du sang moins efficace
Une étude canadienne de 1999 portant sur 838 patients en soins intensifs a constaté que, significativement, moins de patients (22 contre 28 %) sont morts à l'hôpital lorsque le traitement avec transfusion a été limité aux seuls patients dont les taux d'hémoglobine étaient inférieurs à
Une étude au Royaume-Uni auprès de 9.000 patients de chirurgie cardiaque entre 1996 et 2003 confirme les conclusions canadiennes et indique un risque mortel multiplié par six après 30 jours et un triplement du risque dans l'année suivant l'opération. Une corrélation a également été établie entre les transfusions et l'augmentation des infections, accidents vasculaires cérébraux, crises cardiaques et cas d'insuffisance rénale. Ces complications ont généralement été attribuées à un manque d'oxygène dans les tissus du corps.
Bienfaits minimes
D'après Gavin Murphy, chirurgien cardiaque au Bristol Heart Institute et chef de file de l'étude au Royaume-Uni : «S'il n'y a pratiquement aucune étude sérieuse en chirurgie, ou en soins intensifs – hormis lorsque vous vous videz de votre sang – qui montre que la transfusion sanguine vous est bénéfique, il en existe beaucoup qui vous montrent qu'elle est dangereuse pour vous».
Recommandations ignorées
Beaucoup d'experts sont maintenant inquiets que les directives soient ignorées. Pour eux, les transfusions sanguines ne doivent être utilisées qu'en dernier ressort et la priorité doit être d'empêcher la perte de sang en premier lieu, en s'assurant que le patient ne soit pas anémique avant qu'il ne subisse une intervention.
«D'habitude, lorsque subsiste une quelconque incertitude clinique au sujet d'un traitement, vous ne le prescrivez pas, mais nous le prescrivons avec les transfusions» dit James Isbister du Royal North Shore Hospital de Sydney, en Australie. James Isbister est conseiller au Service du sang de la Croix-Rouge australienne. Mais M. Isbister encourage toujours les gens à faire don du sang puisque le sang est aussi utilisé pour traiter d'autres problèmes et la perte extrême de sang.
Les raisons précises pour lesquelles les transfusions de sang se révèlent dangereuses pour certaines personnes restent incomprises; l'administration régionale de la santé publique, et les Instituts nationaux de santé des États-Unis encouragent donc fortement de nouvelles recherches.