Le rêve «écolo» face aux réalités pratiques

Écrit par Henri Durrenbach
04.05.2008

  • De jeunes oocidentaux sur des motos nouveaux.(攝影: / 大紀元)

Mondial du deux-roues

Écologie, préservation de l’environnement, développement durable sont de nos jours déclinés dans tous les registres, tout comme le « bio » dans le secteur agro-alimentaire; ils sont le précieux joker dont vont jouer le plus habilement et astucieusement qu’ils le pourront les décideurs dans toute branche industrielle pour optimiser, sinon doper ce qui mobilise toutes leurs énergies et tétanise toutes leurs aspirations: la vente… source des profits et référence de réussite.

 

Certes, la clientèle, de tous milieux sociaux, est bienvenue à entrer volontiers dans un tel jeu et le rêve qu’il engendre, sans quelle ait à se départir pour autant du sain discernement qui en distingue les limites pratiques… à tous égards, les questions de coûts, à tous points de vue, et de durabilité des machines y tenant logiquement grande place…

 

Ainsi, théâtre de brillances et espace de choix dûment mûris, le Mondial du Deux-roues aura drainé à la suite de la journée presse du 28 septembre 2007, fréquentée par quelque 2.200 journalistes de toutes vocations, près de 400.000 visiteurs de toutes catégories et nationalités, irrésistiblement attirés par le Parc des Expositions de la Porte de Versailles à Paris. Ils auront pu y rencontrer plus de 1.000 marques (de constructeurs et équipementiers, prestataires de services) provenant de 33 pays, contempler plus de 200 nouveautés et bénéficier de nombreuses animations, pistes d’essais, forums quotidiens voués à tous sujets, y compris les plus sensibles et problématiques comme ceux liés à la délicate législation de la circulation des deux-roues ou aux régimes d’assurance correspondants.

 

Constitué essentiellement de deux axes complémentaires, le Salon international du Cycle et le Salon international de la Moto, le Mondial est une pépinière de nouveautés, tant mythiques que promises à un avenir notable. Nous n’en pouvons retenir que quelques-unes, nous paraissant illustrer au mieux notre propos.

LES NOUVEAUTÉS « VÉLO »

A côté d’améliorations constantes – mais fort chères ! – apportées aux cadres, fourches et autres éléments constitutifs du vélo, en vue de son allègement sans perte de résistance mécanique ni de rigidité (par utilisation de la fibre de carbone ou de l’aluminium, parfois associés), on voit apparaître l’assistance électrique dans les modèles proposés par nombre de constructeurs – les «VAE» – ; citons, parmi beaucoup d’autres dont Vélys à 91600 Savigny-sur-Orge, le groupe Cycleurope, le premier fabricant européen de bicyclettes (1.250.000 par an) avec deux sites de production en France: Romilly et Machecoul. Le groupe possède onze marques, dont Gitane. Une mention spéciale a été décernée à son E Bike 2008 à l’occasion de la proclamation, le 28 septembre dernier, au salon-même, du Grand Prix du Vélo de Ville. Divers types de batteries peuvent l’équiper, la plus performante étant une « lithium-ion », de nouvelle génération de Panasonic, de capacité de quelque 25 Ampères-heure (AH). La Poste envisage de commander (à terme) quelque 2.000 vélos postaux ainsi conçus…

D’autres constructeurs restent résolument en retrait d’une telle option, par exemple Cycles Peugeot, pour des raisons de prix ; il est clair, de même, que les vélos urbains de location publique ne pourront être munis d’un tel dispositif, et bien entendu, c’est aussi le cas de la plupart des modèles en première européenne de Cycleurope même, ainsi que du Batavus Stacatto Suprême (Pays-Bas) titulaire du Grand Prix du Vélo de Ville, déjà évoqué. De même pour les vélos de hautes performances (« Super Six » pour la route; « VTT Scalpel » pour le tout-terrain) de Cannondale Europe (première mondiale pour les deux modèles).

Dans le secteur du vélo couché, permettant des vitesses élevées en raison de la diminution de la résistance aérodynamique à l’avancement, mentionnons M5 France à 74210 Doussard, qui a présenté le « Carbon High Racer », un vélo couché en monobloc carbone, le plus léger et rigide du marché…

LES NOUVEAUTÉS « MOTO »

La catégorie moto englobe évidemment les prestigieuses machines à moteur thermique des grands constructeurs vedettes français et internationaux, mais aussi les scooters électriques destinés à concurrencer le marché des petits cyclomoteurs comme ceux de la marque Cyel-Sodirex, ou le VTT électrique MS1 de Matra doté d’une batterie de technologie de pointe et de très forte capacité relative alimentant des moteurs placés dans les moyeux des roues.

Mais ne parlons pas du prix public de vente de ce concept-bike fabuleux ! fort robuste et économique par ailleurs à l’usage, assure-t-on. Il devrait partager sa pénétration commerciale avec celle du e-Solex, apparu il y a moins d’un an et dessiné par Pininfarina. Avec sa force de vente de près de 200 concessionnaires en France – mais visant aussi d’autres pays européens – et un prix public conseillé de 1.150 euros, le groupe français Cible, propriétaire des marques Solex, espère vendre en 2008 3.000 exemplaires de cette machine également mue par un moteur électrique (de 400 watts sous 36 volts) placé bas dans le moyeu de la roue arrière. La batterie, une 15 AH, amovible et facilement transportable offre une autonomie de 1h30. Comme pour le MS1 de Matra, la sortie du e-Solex correspond à une première mondiale…

Notons que certaines marques sous-traitent en Chine la construction de leurs modèles électriques.

LES MACHINES À MOTEUR THERMIQUE

Nous citons pour mémoire les motos de très hautes performances et endurance des très grands constructeurs, tels BMW, présentant en première mondiale des modèles dérivés de leurs prototypes course (par exemple la R1200S Boxer Sport et la version civile Hp2 Sport) ou Voxan, distribué par Sidam Europe, avec la GTV 1200 ou la Black Classic, toutes deux nouveautés 2008, dont les productions sont destinées à une clientèle très spécifique.

Pour ce qui est de la demande grand public, la réponse de Peugeot Motocycles paraît une des mieux adaptées avec, parmi d’autres modèles issus des salons précédents, et réactualisés ou de nouvelle génération la présentation en première mondiale de Geopolis 400, un scooter grandes roues 16 pouces à moteur 400 cm³, 32 ch et grande capacité de rangement, et de Vivacity, un scooter 50 (49,9 cm³) conçus pour la ville, comprenant deux coffres, à l’avant et sous la selle pour le rangement des casques, etc. Le réservoir est sous le plancher plat.

Tous les autres constructeurs vedettes de ce secteur, Suzuki, Honda, Yamaha, etc. présentent également en première mondiale des scooters, quads ou minimotos pétillant d’astuces et de séduction, … à des niveaux de prix assez élevés. Il est impossible de tout évoquer, alors que le génie technologique, l’originalité et l’imagination créatrice sont omniprésents. A chacun de choisir la solution ou le compromis qui correspond le mieux à ses aspirations personnelles et hiérarchies de valeurs, etc. à ses moyens financiers!

Dans ce contexte, entre 2006 et 2007 (de janvier à septembre), le marché français de la moto de plus de 50 cm³ a progressé de quelque 3 % (pour environ 180.000 pièces/an) et celui du cyclomoteur (moins de 50 cm³) de près de 15 % (pour quelque 150.000 pièces/an).

A QUOI S’ATTENDRE DEMAIN ?

On entend couramment dire, d’une part que les véhicules électriques, fonctionnant sans émettre de CO2 sont une bénédiction pour l’environnement et la planète et d’autre part, que le CO2 provenant de la combustion de la biomasse ne participe pas à l’effet de serre…

Il s’agit là de deux erreurs de perspective, car il convient de se demander combien les processus industriels conduisant aux véhicules « propres » ont impliqué le rejet de CO2 (sans parler d’autres gaz encore plus nocifs) et comprendre que seule la quantité de CO2 captée par la photosynthèse peut être réémise sans inconvénient. L’exemple des incendies de forêts, d’ailleurs trop souvent d’origine criminelle nous paraît une bonne illustration de notre objection. Toute vie et toute activité produisent du CO2 ; l’important est de ne pas enrichir continuellement l’atmosphère en ce gaz, sa provenance étant sans influence sur ses effets.

En l’absence d’une politique de surveillance mondiale efficace à ce sujet et d’une adhésion plénière et authentique de toutes nations au sentiment de leur devoir de participation à l’établissement d’une situation d’équilibre, alors que l’on ne cesse de s’en éloigner et par l’exploitation irresponsable de toutes richesses naturelles, tout programme de développement durable se trouve fondamentalement remis en question. Mais il ne faut jamais, dit-on, baisser les bras…