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Séparation tranquille

Écrit par Olivier Chartrand, La Grande Époque - Montréal
06.05.2008
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…Maman est chez le coiffeur

  • Céline Bonnier et le jeune Hugo St-Onge-Paquin dans une scène du dernier film de Léa Pool, …Maman est chez le coiffeur.(Équinoxe Films)(攝影: V

À l’âge adulte, ce n’est pas toujours évident de se mettre derrière les yeux d’un enfant pour comprendre sa perspective. Léa Pool, dans son dernier film …Maman est chez le coiffeur, réussit avec finesse et nuances à nous faire pénétrer dans la tête d’une jeune fille qui voit son univers s’écrouler à l’aube de la Révolution tranquille.

L’été 1966 est arrivé. L’école est terminée. Élise (Marianne Fortier, Aurore) et ses deux frères Coco (Élie Dupuis) et Benoît (Hugo St-Onge-Paquin) s’empressent de retourner à la maison pour profiter des vacances qui débutent sous un chaud soleil de juin. Leur mère (Céline Bonnier) leur a préparé leur collation favorite, un gâteau des anges, et leur père (Laurent Lucas, Toi, Contre-enquête) vient les rejoindre à l’heure du souper pour compléter la famille qui paraît heureuse.

Alors qu’Élise découvre que son père a une aventure avec un homme, la mère, détruite, quitte le foyer pour aller travailler à Londres laissant derrière elle enfants et mari.

Dans son adaptation du scénario à saveur autobiographique signé Julie Hébert (sœur de l’auteur Bruno Hébert et fille de l’ex-sénateur Jacques Hébert), la réalisatrice d’origine suisse choisit judicieusement de ne pas expliquer la séparation pour laisser toute la place aux enfants. C’est ainsi qu’on peut davantage voir et vivre la douleur qu’éprouvent Élise, Coco et Benoît et prendre davantage le temps de comprendre les réflexes de protection de chacun face à la «disparition» de l’Atlas de leur monde : leur mère.

Si le thème …Maman est chez le coiffeur est l’éclatement de la famille vu par les yeux d’enfants, il traite également du bouleversement que vit une adolescente prenant conscience que l’univers des adultes est beaucoup moins rose et unidimensionnel qu’un enfant peut le percevoir.

Malgré le sujet assez triste, le film reste aussi lumineux qu’un enfant qui cherche d’abord et avant tout à être heureux peu importe la gravité du malheur qui l’accable.

Il est intéressant de noter que l’éclatement familial est un thème encore peu traité au cinéma. Probablement parce que les premiers enfants au Québec ayant fait l’expérience de cette vague sociale sont maintenant à l’âge adulte et ont donc désormais les moyens de le faire. Peu importe la raison, il est sûrement bénéfique, pour une société, d’illustrer une problématique sociale au grand écran afin de tendre vers une compréhension des causes et effets.

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