Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Soigner l'addiction, un problème simple?

Écrit par Catherine Keller, La Grande Époque - Genève
07.05.2008
| A-/A+

  • homme alcool(攝影: / 大紀元)

À Genève, dans le cadre de la 2e journée sur l’addictologie adressée aux professionnels de la santé ainsi qu’au grand public, plusieurs spécialistes sont venus exposer leur travail. Il en ressort qu’un travail en groupe, en collaboration avec les institutions concernées, donne les meilleurs résultats. La nécessité est donc une meilleure coopération entre les différents acteurs.

 

Pour le Dr Martine Monnat de l’unité de toxicodépendance de Saint-Martin à Lausanne, être médecin, c’est autre chose que de donner des calmants et des somnifères. Débutant ainsi sa présentation, elle décrit son travail dans la rue auprès des toxicomanes. « Il faut apprendre leur réalité, on va vers eux, c’est à nous de nous adapter à eux. Ils apprécient qu’on s’occupe d’eux sans qu’ils aient besoin de s’engager. » Pour gagner leur confiance, elle a dû prouver ses compétences et son souhait de les aider. Elle explique : « Il est facile de se lier d’amitié, on est très proche de ces gens. Pour pouvoir les aider, il faut pourtant être bien clair sur son rôle de soignant et rester professionnel. »

Elle essaye de les emmener vers une désintoxication mais cela prend du temps et demande de la patience. Pour éviter les échecs, son attitude consiste à bien les accueillir quand ils arrivent au centre. « Dans un cadre chaleureux, ils seront plus enclins à recevoir un accompagnement. Dans la rue, je marche beaucoup avec eux, côte à côte, au sens propre comme au figuré car une confrontation sans alliance ne débouche sur rien. C’est souvent un appel ‘au secours, ne m’aide surtout pas’ que l’on reçoit, un tiraillement entre l’envie de s’en sortir et toutes sortes de sentiments contradictoires. »

Le rôle de médecin des rues est très varié. Il peut se transformer en avocat, en intermédiaire, en infirmière. Il va parfois prendre des risques calculés et doit tenir sur la longueur car il y a souvent plusieurs échecs avant de voir le bout du tunnel. Pour assurer un tel suivi en restant clair dans sa tête, il est capital de travailler à plusieurs dans un cadre précis. Il est aussi important d’accepter le projet du patient, par exemple, il pourra estimer qu’il lui suffit de diminuer sa consommation pour pouvoir la gérer et retourner à une vie sociale normale car il se sent incapable de se passer de drogue. C’est son choix et il faudra le respecter.

 

La Maison de l’Ancre

Sur Genève, cette structure permet à des personnes alcoolo-dépendantes  de se réinsérer dans le monde du travail. Son directeur, monsieur Bolle et sa collaboratrice, madame Carnino, psychologue, décrivent les moyens qu’ils ont mis en oeuvre dans cet établissement. Les buts sont d’arriver à ce que ces personnes puissent vivre sans alcool et qu’ils aient des activités quotidiennes. Pour cela, le personnel les aide à évaluer leurs difficultés tant physiques que psychiques, à retrouver confiance en leur potentiel et à faire face à la frustration du sevrage par différentes activités comme la relaxation.

Les pensionnaires ont déjà un long parcours de suivi médical. Madame Carnino explique : « Quand ils arrivent ici et qu’on leur demande qui ils sont, ils répondent, ‘je suis bipolaire’, ‘je suis alcoolique’. Notre travail est de leur redonner une identité multifactorielle, leur statut social, passé et présent, leur groupe d’appartenance…» Le travail fait partie intégrante de notre identité, il est donc important de créer un contexte qui leur permette de s’y intégrer (au début, deux heures de travail quotidien suffisent). Entre le rêve de la personne et la réalité, il y a souvent un monde. Le pensionnaire va apprendre à connaître ses limites et ses capacités pour réussir à s’en sortir. La difficulté pour une personne qui souhaite arriver tout de suite à un résultat optimum est d’abord d’accepter sa marginalité et d’utiliser son parcours de vie pour créer son avenir.

La maison de l’Ancre propose cinq métiers différents vers lesquels ces pensionnaires peuvent se diriger pour retrouver leurs capacités professionnelles dans un cadre protégé. Les fournisseurs de la maison de l’Ancre les aident à trouver des stages dans le monde du travail, ce qui fonctionne en général plutôt bien. Le fait d’utiliser des partenaires connus favorise la confiance et l’ouverture.. D’autre part, monsieur Bolle et son équipe sont disponibles rapidement en cas de problèmes (absentéisme, prise d’alcool sur le lieu de travail, etc.) ce qui rassure les employeurs potentiels.

 

  • homme cocaine(攝影: / 大紀元)

Service d'abus de substances, Département de Psychiatrie HUG

À partir de l’an 2000, s’est développée ce que les médecins appellent une « épidémie cocaïne » : plus de 50 % des personnes suivies par le service en consomment. Cette drogue est très infiltrée dans tous les milieux sociaux. Elle procure une euphorie, développe l’activité psychique, la personne a moins besoin de dormir. Mais peu à peu, la personne souffre d’ agitation, de troubles du comportement,  d’hallucinations, de délires paranoïaques.

Le Dr Djamel Benghettat est responsable du « Programme cocaïne ». Celui-ci a vu le jour car le service cherche des méthodes plus efficaces pour lutter contre l’addiction à la cocaïne qui résiste à celles existantes. Les toxicomanes qui participent à cette démarche sont tous volontaires et ont déjà un long parcours dans la dépendance. La prise en soin est personnalisée, le Dr Benghettat et son équipe définissent les objectifs à atteindre avec le patient. Cela peut aller de la réduction de la prise de cocaïne à l’abstinence. Un contrat est établi qui sera réévalué au cours du parcours.

Plusieurs séquences sont prévues. Le premier mois est intensif. Le patient passe chaque jour en consultation soit avec le médecin, l’infirmier, le psychologue ou l’assistant social. Il participe également en groupes à des « formations » sur la cocaïne, son impact sur le cerveau et la santé et suit des entretiens motivationnels pour éviter les rechutes. Durant les quatre mois, l’évaluation se note en points. Si le patient progresse, les points qu’il obtient lui permettent d’avoir plus de liberté. Sinon, il retourne à l’hôpital, bien sûr avec son accord. Il semble que la démarche soit profitable puisque les deux tiers des patients réussissent le challenge… malheureusement sans que cela signifie encore qu’ils sont définitivement sortis du tunnel.

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.