Le sens de l’humain revisité lors du Festival TransAmériques

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque - Montréal
10.06.2008

FESTIVAL TRANSAMÉRIQUES

Du 22 mai au 5 juin

Détail des spectacles sur le site [www.fta.qc.ca]

Billetterie : 514 844-3822

Voici le troisième et dernier article réservé à la programmation du Festival TransAmériques. Ici commentées, deux pièces de théâtre remettant en cause le sens de l’humain à travers une protestation de l’âme contre les grisailles de la vie ainsi que par la découverte de l’autre en soi.

IWANOW

D’Anton Tchekhov

Production : Volksbühne am Rosa-Luxemburg-Platz (Berlin)

Mise en scène : Dimiter Gotscheff

Monument National – Salle Ludger-Duvernay

Durée : 2 h 20

Se terminait le 2 juin

Cette production rassemble des comédiens d’une qualité exceptionnelle. L’originalité des interactions valait le détour. En effet, la parole est ramenée à l’essentiel, ce que soulignait d’ailleurs le metteur en scène Dimiter Gotscheff : «Ce qui m’intéresse, c’est une réduction jusqu’à la structure.» Sur une scène blanche et enfumée, les acteurs sont véritablement laissés à eux-mêmes portant leur personnage au cœur de l'ennui. Tous cherchent à assouvir des passions oubliées, seul Ivanov (Samuel Finzi), lucide des années perdues, prendra la résolution d’en finir. La cruauté des relations humaines est mise à jour avec humour, décalage et dérision. Une belle rencontre théâtrale en résulte, d’une durée de 2 h 20, sans entracte. Dommage que les surtitres aient été décalés. Une frustration manifeste se faisait sentir dans la salle. Pour une pièce présentée en allemand, c’est bien normal!

L’INVISIBLE

Production : Infrarouge Montréal

Texte, mise en scène et interprétation : Marie Brassard

Usine C

Se terminait le 5 juin

Marie Brassard, l’excellente comédienne toujours aussi près de la multiplicité des présences intérieures, aidée par une sonorisation hors pair signée Alexander Macsween et Mikko Hynninen, révèle les fantômes de Berlin. Cette ville dont le mur divisait deux hémisphères place son interprète au creux d’une quête identitaire de l’autre en soi, de la part manquante. Plusieurs réalités de la ville se perçoivent par des procédés sonores ou la voix de l’interprète se masque et se dévoile à la fois. Tantôt profonds, tantôt aériens, les personnages vocaux qu’incarne une même personne se croisent et offrent un spectacle technique d’une grande qualité. Cependant, le décor fait perdre de la substance au propos, trop vaste pour conserver le rapport privilégié que nous offre l’interprète. Nous avons l’impression de vivre une expérience où se multiplient les coups d’éclats visuels et auditifs, sans pour autant que les moyens techniques ne contribuent à la densité offerte par le jeu de Marie Brassard.

Le festival TransAmériques a, du moins, cette grande qualité qui est de s’ouvrir aux différentes formes de théâtre et de danse et de s’imprégner de l’actualité. C’est un rendez-vous important de la scène culturelle montréalaise qui a su, cette année, prendre une ampleur considérable tout en demeurant près du citoyen.