Habitants du Sichuan inquiets de la sécurité des installations nucléaires
Au lendemain du gigantesque tremblement de terre qui a ravagé la province du Sichuan début avril, l’inquiétude grandit quant aux fuites probables dans les installations nucléaires de cette région de Chine. Cela n’a pas manqué d’attirer l’attention de la communauté internationale.BIEN que les autorités chinoises persistent à affirmer qu’aucun danger de ce type existe, la population chinoise dans son ensemble a depuis longtemps perdu confiance dans ce genre de déclaration officielle. Les habitants sont très préoccupés par cette situation. Ils pensent que la «rumeur de fuites radioactives n’est peut-être pas sans fondement.
Le président exécutif du Nouveau Parti Démocrate de Chine (CNDP) Guo Quan a publié un rapport intitulé «Le CNDP appelle les autorités chinoises à communiquer immédiatement sur la sécurité des installations nucléaires du Sichuan». L’article de Guo énumère les dommages causés par des expérimentations en génie nucléaire dans le Sichuan. Il a appelé le régime communiste chinois à diligenter immédiatement une enquête sur toutes les installations nucléaires de la province et de sa périphérie. Alors qu’il raccompagnait son enfant de l’école trois jours après la publication de son rapport, Guo a été arrêté dans la rue.
Cependant le 21 mai le Bureau général de Chine du ministère de l’Environnement a produit une note annonçant qu’il tiendrait une audience à Pékin le 28 mai sur les règlementations sur le transport sécurisé des matières radioactives.
DES HABITANTS EXTRÊMEMENT INQUIETS
Zhang, domicilié à Mianyang dans le Sichuan, a dit que partout dans sa ville on parlait de la fuite radioactive qui s’était produite. Les habitants sont très inquiets car ils savent qu’il y a de nombreuses installations nucléaires et des centres de recherche nucléaire à Mianyang. Zhang a ajouté qu’après le tremblement de terre, les troupes dans sa région n’ont pas été mobilisées pour participer aux secours. Au lieu de cela, les opérations de secours ont été menées par des soldats venant d’autres régions du pays. Certains soldats des environs ont fait part de l’interdiction formelle qu’ils avaient reçue de quitter leur poste, éventuellement pour rentrer chez eux.
«Le quartier de Xiaoba est situé sur l’épicentre du séisme, un grand nombre d’habitants ont été emportés par la catastrophe. Cependant aucune troupe, ni même un seul soldat n’a été dépêché pour leur venir en aide» explique Zhang. «C’est un phénomène très curieux, car il y a de nombreuses bases militaires à Mianyang». Pourquoi estce que les autorités chinoises n’ont pas proposé de soldats pour aider dans ces zones les plus touchées? Zhang pense que les autorités protègent sciemment ces prétendues «bases militaires». «Résultat, quoi qu’en disent les autorités, quelles que soient les déclarations offi cielles, les habitants n’arrivent plus à y croire.
En particulier s’agissant d’une catastrophe telle qu’un séisme», dit Zhang. «Les journaux d’État ont tenté à plusieurs reprises de clarifi er ce point, ils persistent à dire que les paroles prononcées sur les fuites radioactives ne sont que des rumeurs. Cependant les habitants sont tentés de prêter attention à ces ‘rumeurs’. » « Il n’est pas surprenant d’entendre [les autorités nier l’existence de ces fuites radioactives]», explique Zhang. «Les Chinois sont habitués, ils ont souvent entendu des fonctionnaires réfuter ce genre de propos. Ils se préparent même à recevoir ce discours des autorités. Ces fonctionnaires du gouvernement ne se préoccupent que de donner une image de stabilité. En réalité ils sont indifférents au nombre de victimes, tant qu’ils n’en font pas eux-mêmes partie. Après tout, la population chinoise est assez nombreuse...» «D’après moi, les victimes dans certaines régions n’ont pas été recensées du tout», insiste Zhang en référence au chiffre officiel de morts annoncé par le régime suite au récent séisme.
«Prenons Meishan par exemple. Dans de nombreuses parties de la ville, la situation n’a pas été évoquée du tout. Bien que l’on ait parlé des victimes dans les régions les plus touchées, le nombre de morts réel n’est toujours pas connu. Dans le comté de Beichuan, il est probable que tout a été détruit. Nul ne sait vraiment combien de personnes ont péri dans ses nombreux villages.» À ce stade, les photos révèlent la double souffrance d’avoir à surmonter une catastrophe naturelle sans précédent et le sentiment d’être abandonné par les autorités.