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Sommet annuel de la Commission Baleinière Internationale

Écrit par Aurélien Girard, La Grande Époque - Paris
20.06.2008
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  • Un pêcheur de baleine nettoie une carcasse.(攝影: / 大紀元)

 

Pour son 60e congrès annuel, la Commission Baleinière Internationale se réunit du 23 au 27 juin à Santiago, au Chili. Cette rencontre met une nouvelle fois en danger le moratoire de 1986 interdisant la pêche commerciale des cétacés, dans un contexte d’inefficacité de la Commission due à son extrême bipolarisation.

Dans le camp de ceux qui s’opposent à la pêche baleinière, on trouve Peter Garrett, ministre australien de l’Environnement (et ancien chanteur des Midnight’s oil.) Le chauve le plus connu de l’hémisphère Sud a prévenu samedi 13 juin que le gouvernement australien pourrait porter plainte contre le Japon devant les tribunaux internationaux si ce dernier ne changeait pas sa position sur la pêche dite «scientifique» lors de la commission baleinière. Le même jour, l’Australie célébrait sa première «Journée des Cétacés».

Le Japon tue environ un millier de cétacés chaque année en exploitant la faille juridique du droit de pêche pour «activités scientifiques» et conduit un lobbying extrêmement intense au sein de la Commission Baleinière. On trouve à l’heure actuelle dans celle-ci 77 pays, dont à peine plus de la moitié sont opposés à la chasse à la baleine. Il s’agit de la plupart des pays d’Européens et d’Amérique, alors qu’y sont favorables la plupart des pays africains, les Caraïbes et les îles du Pacifique, la Russie, la Chine, la Corée, le Japon. Pourtant rappelle Garrett en s’appuyant sur une récente étude commandée par son ministère, les baleines peuvent être lucratives différemment : «Il existe de forts arguments économiques pour dire qu’il vaut mieux regarder les baleines que les tuer», indiquait-il sur la chaîne ABC, rappelant que le tourisme lié aux cétacés rapporte chaque année plus de 300 millions de dollars à l’Australie, et près de 2 milliards de dollars mondialement.

Le Premier ministre australien Kevin Rudd, qui avait lancé une armada maritime pour prouver que la pêche japonaise est une pêche commerciale dissimulée sous une blouse de scientifique, et menaçait de procès le pays du soleil levant, s’est singulièrement assoupli. Sa rencontre avec le Premier ministre Japonais Yasuo Fukuda début juin a finalement donné la priorité à une alliance de défense pour garantir la stabilité de la région plutôt qu’à des disputes écologiques. Côté européen, la position commune des membres de l’Union, décidée le 5 juin, est de soutenir le maintien du moratoire quinquennal qui, depuis 1986, interdit la pêche baleinière. Michèle Bachelet, présidente du Chili, a quant à elle annoncé le 21 mai souhaiter faire passer au Parlement une loi l’interdisant et établissant sur toute la côte chilienne des sanctuaires marins, zones de protection des cétacés.

La République dominicaine enfin, qui ces huit dernières années avait pourtant voté pour une levée du moratoire, a annoncé par la voix de son Premier Ministre Roosevelt Skerrit avoir décidé de s’abstenir à Santiago. La République Dominicaine était largement accusée par les environnementalistes d’avoir vendu son vote contre des investissements japonais dans l’île. Le Danemark a qualifi é la décision européenne «d’impérialisme culturel». Les îles Faroe et Groënland, partie du royaume danois mais pas de l’Union Européenne, continuent cette pêche qui vient de leur héritage. Et l’Islande, qui avait décidé en août 2007 de ne plus donner de licence pour pêche commerciale tant qu’une demande du marché ne serait pas observable, est finalement revenue sur sa décision le 20 mai passé et a tué ses premiers animaux, dont la viande a été exportée vers le Japon.

Structurellement comme fonctionnellement, la Commission Baleinière est frappée d’une sorte de stérilité. Celle-ci est due d’une part à l’intensité des antagonismes et à l’équilibre des forces (lors de la 58ème Commission en 2006, les partisans de la pêche commerciale ont même pour la première fois réussi à être majoritaires), et d’autre part à la faible fréquence des rencontres des pays membres. Lors de la Commission 2007 en Alaska, la Commission Baleinière a donc décidé de commencer son «autoexamen», en organisant des rencontres régulières pour arriver à des propositions concrètes lui permettant d’améliorer son efficacité. Pour Stephan Beaucher, responsable de la campagne Océans à Greenpeace France «ce n’est pas d’un lifting dont a besoin la Commission Baleinière Internationale, c’est d’une remise à plat complète de ses missions, d’une refonte de son organisation. Il est grand temps qu’elle se donne les moyens de travailler sur les questions de fond ! Les cétacés sont déjà menacés par bien d’autres causes d’origine humaine... Les Japonais et leurs alliés doivent admettre que la chasse baleinière appartient désormais au passé».

Sur un plan structurel, la Commission Baleinière, née en 1946 du souhait des pays chasseurs d’assurer la pérennité des ressources baleinières, n’est basée sur aucun traité international. Sa compétence étant garantie uniquement par les Nations-Unies, son pouvoir effectif est limité : tout membre de la Commission peut s’en retirer librement ou refuser d’appliquer une quelconque disposition par simple objection. Au final, la protection la plus effi cace des baleines pourrait donc ne pas venir de la Commission mais du déclin de la demande. Les consommateurs autrefois assidus s’inquiètent aujourd’hui de la quantité de polluants et de toxiques qu’accumule la chair de baleine. Les pêcheurs norvégiens n’ont cette année pas atteint la moitié du quota annuel autorisé, faute de demande. Cyniquement, la pollution des océans est devenue pour un temps la meilleure amie des cétacés. 

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