Les Jeux olympiques (JO) cet été en Chine ne sont pas source de bonheur et de fierté pour tous les Chinois. Outre ceux qui sont persécutés ou ceux dont leurs maisons sont détruites spécifiquement en raison des JO, des citoyens ordinaires commencent à imaginer des liens avec la série de catastrophes qui frappe la Chine depuis le début de l’année 2008. Ils sont très imaginatifs et, malgré des décennies de lutte contre la superstition par le Parti communiste, certaines croyances populaires ne se déracinent tout simplement pas. Avec les inondations qui ont sévi dans le sud du pays dernièrement, la «malédiction des mascottes» a été «confirmée».

Les forums Internet chinois bouillonnent au sujet de la théorie établie sur les mascottes olympiques, appelées fuwa, qui pour chacune d’elles une catastrophe a été associée.

Tout d’abord, il y a Jingjing, le panda. Les pandas sont des animaux habitant la province du Sichuan, où le tremblement de terre a frappé en mai dernier, faisant plus de 70 000 morts.

Ensuite, il y a Yingying, l’antilope tibétaine... Le gouvernement chinois a tué des centaines de Tibétains ce printemps pour étouffer les revendications de la région.

Puis, il y a Nini, l’hirondelle. Ce personnage ressemble à un cerf-volant et est associé à la «ville du cerf-volant» dans la province de Shandong, Weifan, où un train a déraillé le 28 avril dernier.

Vient alors Huanhuan, la flamme. La flamme olympique qui a causé la controverse sur son passage.

Ces quatre pièces du casse-tête étaient déjà suffisantes pour susciter assez d’attention. Il restait seulement une mascotte qui, jusque-là, n’avait pas été liée à une catastrophe : Beibei, le poisson. Cependant, les inondations massives de ce mois-ci ont complété la boucle, scellant ainsi la «malédiction des mascottes».

L’agence Reuters rapporte que les policiers du web chinois s’affairent à supprimer toute mention de cette «malédiction» sur Internet. Le quotidien Telegraph indique, pour sa part, que l’information continue néanmoins à circuler par messages textes sur les téléphones cellulaires.

Si beaucoup de Chinois semblent intéressés par ce nouveau phénomène, nombre d’entre eux avaient fustigé l’actrice américaine Sharon Stone lorsqu’elle avait suggéré que le tremblement de terre au Sichuan était le résultat du «mauvais karma» produit par le massacre au Tibet.

Dans l’histoire de la Chine précommuniste, il était généralement accepté que les catastrophes naturelles représentaient la volonté du Ciel et annonçaient des changements dans le monde humain. Plus spécifiquement, elles pouvaient indiquer qu’une dynastie avait perdu le «mandat céleste».

Le Parti communiste chinois (PCC) a dénoncé ces croyances comme pures superstitions mais, à au moins une occasion, un lien le concernant pourrait être établi suivant cette croyance. Le tremblement de terre de Tangshan en Chine ayant fait plus de 200 000 morts est survenu en juillet 1976. En septembre de la même année, le dirigeant Mao Zedong décédait.

Aussi anti-superstition qu’il prétend être, le PCC a néanmoins arrangé que les Jeux olympiques de Pékin débutent le huitième jour du huitième mois de l’année 08, à huit heures et huit minutes.

Numérologie

La numérologie est donc toujours d’actualité pour bon nombre de Chinois, tout comme le sont les jours de bon augure.

Avant l’apparition de la théorie de la «malédiction des mascottes», les bulletins Internet chinois s’étaient affairés à discuter des nombres entourant les JO.

Voici ce qui avait été établi :

La Chine a été frappée par une tempête hivernale majeure paralysant le pays durant la période du Nouvel An. Les dommages ont été estimés en milliards de dollars. La date culminante était le 25e jour du 1er mois. 2 + 5 + 1 = 8.

La répression au Tibet en mars dernier a débuté le 14e jour du 3e mois. 1 + 4 + 3 = 8.

Le tremblement de terre au Sichuan est survenu le 12e jour du 5e mois. 1 + 2 + 5 = 8. C’était également 88 jours avant le début des Jeux.

On demeure bien entendu dans le domaine de la «superstition non scientifique» mais, après toutes ces catastrophes, les Chinois se posent certaines questions. Surtout que l’année 2008 devait être grandiose et festive.