En Chine la détresse des parents des victimes du tremblement de terre reste sans réponse
CHINE – Il y a plus d'un mois que le tremblement meurtrier du Sichuan a eu lieu. Et pourtant, des parents dont les enfants ont été enterrés vivants sous les décombres de constructions scolaires de mauvaise qualité ne reçoivent aucune réponse concernant la responsabilité des autorités.
Dans la journée du 19 Juin, dans un petit col de montagne près des limites du comté de Beichuan, environ 600 parents d'un lycée local se sont rassemblés une nouvelle fois pour réclamer des réponses. Ce sont plus de 1.340 lycéens et enseignants qui ont été enterrés vivants par l'écroulement des deux bâtiments scolaires de cinq étages.
«Nous avions confié nos enfants à l'école et payions tout ce qu'elle nous demandait. Nous réclamons nos enfants; nous voulons les voir ou au moins voir leurs corps. Pourquoi les secours gouvernementaux ont-ils tardé, pourquoi personne n'a été sauvé?» Les parents se sont adressé en ces termes en criant à un responsable de l'enseignement et gouverneur du comté. Ce dernier est resté silencieux pendant toute l'entrevue.
Où sont nos enfants?
Miaojue Cizhi, une nonne bouddhiste qui a participé à l'aide humanitaire, a confié à La Grande Époque: «Ces parents sont sous le coup de fortes émotions actuellement, du fait qu'ils ne savent même pas où leurs enfants sont enterrés. Personne ne leur a donné la moindre explication. Les secours ne sont arrivés que trois jours après le tremblement de terre, et pire encore, ils sont venus les mains vides. En fait, ils ne sont pas venus pour secourir [les enfants], mais pour ramasser les corps.»
Selon les parents, les routes du Beichuan n'étaient pas bloquées par le tremblement de terre, les équipes de secours étrangères auraient pu venir sans aucun problème, mais les premières heures ont été perdues par le refus du gouvernement d'accepter l'aide internationale.
Mme Jiang a dit au journaliste que son fils était à demi enterré sous les décombres, on pouvait voir le haut de son corps. Si on avait essayé de le sauver, on aurait pu, mais les secours étaient bien trop loin. «Avant de mourir, dit simplement Mme Jiang, mon fils m'a écrit un message posthume avec l'ongle, « Maman et papa, je suis désolé, continuez à vivre heureux.» .
Aucun contact
Des parents ont récupéré un échantillon des décombres de l'école effondrée, ils ont constaté que le béton des décombres pouvaient être écrasé avec les doigts et qu'il s'effritait. Un parent nommé Jin Chu a déclaré: «Le tremblement de terre est passé depuis plus d’un mois, et pourtant le gouvernement ne nous a jamais répondu, et ne nous a pas reçus»
«Nous voulons savoir qui sont les fonctionnaires et les gens responsables. Depuis le tremblement de terre, personne dans du gouvernement, ni de l'école n'est entré en contact avec nous, nous ne savons même pas combien d'élèves sont morts exactement.»
Le fils de Jin Chu avait 19 ans et était membre de l'équipe de sport du Lycée de Beichuan. L'an dernier, il avait remporté trois premier prix dans des Jeux de la ville.
Mme Jin dit sobrement: «Nous sommes paysans dans une région montagneuse; c'était extrêmement dur pour nous d'inscrire deux enfants à l'école. Mon mari travaille sans relâche. J'ai une pathologie osseuse mais je ne suis pas allée à l'hôpital afin d'économiser de l'argent pour leurs scolarités. Et maintenant, je n'ai même pas vu le corps de mes fils.»
La police disperse un service commémoratif et détruit un autel
Selon la nonne, les parents venaient de commencer un service commémoratif et avaient dressé un autel sur les décombres de l'école effondrée. Mais le service a été interrompu par la police, quatre parents ont été arrêtés et la police a même détruit le monument.
Un autre parent a dit, «Le gouvernement a enterré tous les corps dans des fosses communes, sans même qu'un mot soit dit aux parents sur la fosse qui contient leur enfant.»
D'après certaines estimations, le tremblement de terre a tué au moins dix mille élèves. Malgré cela, aucune cérémonie officielle n'a été prévue, et dans la presse d'Etat, on n'a d'yeux que pour les héros secouristes. Les autorités locales ont parfois fait appel à des forces de sécurité pour interdire l'accès aux écoles effondrées, afin d'arrêter des parents en colère qui tenteraient de manifester sur les sites.