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Le Canada ne réussit pas à arrêter les trafiquants d’êtres humains

Écrit par Joan Delaney, La Grande Époque - Victoria
27.06.2008
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  • Les enfants secourus par une ONG indienne(攝影: / 大紀元)

Malgré de nouvelles lois et de nouveaux programmes, le Canada ne réussit pas à arrêter les gens impliqués dans la vente ou l’asservissement d’êtres humains, indique un rapport produit aux États-Unis.

Utilisant la tromperie, les menaces et les enlèvements, les trafiquants de personnes ciblent les vulnérables, surtout les femmes et les enfants – mais de plus en plus les hommes et les garçons – les soumettant au travail forcé ou à l’exploitation sexuelle ou les deux à la fois.

Le nouveau rapport du Département d’État américain sur la traite des personnes (U.S. State Department’s 2008 Trafficking in Persons – TIP) qualifie le commerce d’êtres humains de «menace multidimensionnelle» qui augmente les risques pour la santé dans le monde et alimente le développement du crime organisé.

Ce phénomène prive plusieurs personnes de leurs droits et de leurs libertés, ayant un «impact dévastateur sur les victimes individuelles, qui souvent souffrent d’abus physiques et émotionnels, de viols, de menaces contre elles ou leur famille et même de mort».

Le rapport décrit un problème mondial qui n’épargne aucun pays, avec des trafiquants qui utilisent une technologie de pointe pour piéger leurs victimes et pour échapper à la détection.

Dans une section sur les progrès de chaque pays concernant la lutte contre la traite des personnes, le rapport souligne les efforts effectués par le Canada pour combattre ce crime, incluant un investissement de 6 millions de dollars en janvier dernier pour empêcher l’exploitation sexuelle et le trafic des enfants, de même que des efforts additionnels pour protéger les victimes.

Toutefois, le Canada a fait un «progrès mitigé» dans l’arrestation et la condamnation de trafiquants d’êtres humains.

«Des lois et leurs applications ont été mises en place, mais il n’y a pas encore eu un seul individu reconnu coupable pour trafic dans ce pays», déplore Sabrina Sullivan, directrice de The Future Group, un organisme contre la traite des personnes basé à Calgary.

Les chercheurs exhortent le Canada à intensifier ses efforts pour enquêter, poursuivre et juger coupable les trafiquants – incluant ceux soupçonnés de trafic pour l’exploitation au travail – et pour enquêter et poursuivre les Canadiens soupçonnés de s’adonner au tourisme sexuel impliquant les enfants à l’étranger.

Ils recommandent également plus de rafles dans les maisons closes, une meilleure coordination des services de police et une meilleure protection ainsi que des services plus adéquats pour les victimes étrangères du commerce d’êtres humains.

Mme Sullivan estime que le Canada doit établir un bureau central pour combattre le trafic de personnes, comme il y en a un aux États-Unis, soulignant qu’il y a là les «meilleures méthodes» pour combattre ce crime. Le Canada pourrait adopter ces méthodes, selon elle.

Le Canada est une source, un pays de transit et de destination pour les personnes trafiquées. Les femmes et les enfants sont trafiqués principalement d’Asie et d’Europe de l’Est pour être exploités sexuellement.

Le Canada est également une destination pour les victimes étrangères trafiquées pour l’exploitation au travail, dont plusieurs entrent au pays légalement, mais sont asservies aux travaux agricoles ou tâches domestiques. À l’intérieur du pays, des filles et des femmes canadiennes, dont beaucoup d’autochtones, sont exploitées à des fins sexuelles.

«Beaucoup de nos filles et garçons, ici même au Canada, se font trafiquer», souligne la députée conservatrice Joy Smith, ajoutant qu’en raison du peu d’attention médiatique accordé au problème, les Canadiens n’ont pas «vraiment saisi toute la gravité de la situation».

Selon une recherche commanditée par le gouvernement américain complétée en 2006, environ 800 000 personnes sont trafiquées à travers les frontières annuellement. À peu près 80 % des victimes transnationales sont des femmes et des filles – la plupart trafiquées pour l’exploitation sexuelle – et près de 50 % sont mineures.

Ces chiffres n’incluent pas les millions de victimes des deux sexes qui sont trafiquées à l’intérieur de leur propre pays, la majorité pour du travail forcé ou servile.

L’administration Bush a participé activement à la lutte contre la traite des personnes autant aux États-Unis qu’à l’étranger, impliquant la coopération d’autres pays et injectant 528 millions de dollars dans des programmes outre-mer de 2001 à 2007.

Alors qu’à ce jour les efforts à travers le monde ont été mis sur la criminalisation du trafic, peu d’attention a été accordé à son aspect commercial, indique le rapport du gouvernement américain. Les profits sont colossaux. Si l’on inclut la vente des personnes et la valeur de leur travail ou leurs services, la somme générée approche les 32 milliards de dollars.

Un rapport de l’Organisation internationale du travail de 2005 estime que le trafic sexuel, à lui seul, génère 217,8 milliards de dollars annuellement, soit 23 000 $ par victime.

Le rapport TIP indique que les réfugiés nord-coréens sont parmi les groupes  «extrêmement vulnérables». La pauvreté extrême et l’absence de libertés fondamentales poussent de nombreux Nord-Coréens à fuir vers la Chine.

Certaines femmes et certains enfants qui traversent la frontière volontairement sont ensuite capturés par des trafiquants et sont obligés de vivre comme des esclaves sexuels ou de faire du travail forcé. D’autres sont attirés en Chine par la promesse d’un bon emploi, pour ensuite terminer comme prostitué dans un bordel ou comme travailleur forcé.

Pour ajouter l’insulte à l’injure, si les Nord-Coréens sont découverts par les autorités chinoises, ils sont traités comme des immigrants illégaux et sont déportés. Une fois de retour en Corée du Nord, ils font face à de sévères châtiments ou même à l’exécution, selon le rapport.

«C’est vraiment un problème insoluble... plus la Chine s’ouvre, plus nous en apprenons sur les Nord-Coréens», explique Andrea Bertone, directrice de l’ONG HumanTrafficking.org basé à Washington, D.C.

Certaines femmes nord-coréennes trafiquées sont vendues comme épouses à des Chinois. La politique stricte de l’enfant unique, en vigueur depuis 1979 pour réduire la population, a gravement causé un déséquilibre entre les sexes en Chine, enlevant la possibilité à plusieurs hommes de trouver une femme.

Un reportage de janvier 2007 dans la presse officielle chinoise estimait que, d’ici 2020, il y aurait 30 millions plus d’hommes que de femmes en âge de se marier, menant possiblement à de possibles troubles sociaux répandus partout.

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Déjà, le ratio faussé des genres provoque une hausse dans les enlèvements et le trafic des femmes, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

«Dans certaines régions où il y a plus d’hommes que de femmes, les hommes regardent à l’extérieur de la Chine pour trouver des épouses et il y a beaucoup de femmes qui entrent en Chine et deviendront les épouses de ces hommes», fait remarquer Mme Bertone.

Bien que l’on croie que les hommes sont les principaux criminels dans la traite des personnes, il semble que les femmes sont aussi souvent coupables, mentionne le rapport TIP. Ces femmes, dont certaines ont été des victimes du trafic, agissent comme recruteuses et opèrent des maisons closes.

Ceci survient plus régulièrement en Europe et en Asie centrale et du Sud où les femmes victimes de la traite sont souvent recrutées et vendues pour la prostitution par d’autres femmes.

Appelé le «trafic heureux», la méthode implique la pression physique et psychologique combinée à des primes incitatives afin que les criminels transforment les victimes en trafiquants.

Des femmes s’adonnent également au tourisme sexuel, et on peut même les trouver parmi les plus riches «clients» de l’industrie du sexe. Certaines femmes voyageraient vers des pays africains, comme le Kenya et la Gambie, et paieraient de jeunes hommes pour avoir des rapports sexuels.

«Comme leurs homologues masculins, les femmes qui sont des clientes de l’industrie du sexe aident à créer une demande que les trafiquants cherchent à combler», indique le rapport.

Kathy Xu de Kingston a contribué à cet article.

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