Pékin lance ses acolytes dans une lutte préolympique

Écrit par Noé Chartier, La Grande Époque - Montréal
03.06.2008

  • des partisans du régime communiste chinois s’en prennent aux pratiquants de Falun Gong(攝影: / 大紀元)

Les évènements violents entourant le relais de la torche olympique ne se sont pas complètement éteints avec la fin de sa tournée internationale. Après le tremblement de terre dans la province du Sichuan le 12 mai dernier, le gouvernement chinois a propagé dans ses médias que les pratiquants de la méthode de méditation Falun Gong interfèrent avec les collectes de fonds pour venir en aide aux victimes.

Ces allégations incitent, depuis plus de deux semaines, des Chinois de la diaspora sympathique au régime de Pékin à attaquer physiquement et verbalement les pratiquants de Falun Gong dans les communautés chinoises. Ces pratiquants sont habituellement identifiables par les activités de sensibilisation qu’ils tiennent pour dénoncer la persécution dont ils sont victimes en Chine.

Le quartier chinois de Flushing (New York), entre autres, a été la scène de multiples attaques violentes. La police new-yorkaise (NYPD) a d’ailleurs procédé à au moins six arrestations, dont trois pour troubles de l’ordre public et trois pour voies de fait. Le NYPD a même dû ériger des clôtures pour empêcher des hordes de Chinois en colère de s’attaquer aux pratiquants de Falun Gong.

Ces derniers ont convergé par centaines sur Flushing, le 31 mai dernier, pour tenir une activité visant à apaiser les tensions et ils ont demandé aux Chinois du quartier de ne pas croire les allégations du régime chinois.

«Qui peut interférer avec vous si vous voulez donner de l’argent [aux victimes du séisme]? Vous pouvez donner de l’argent sur

Internet et dans plusieurs endroits. Les rumeurs du Parti communiste chinois [PCC] sont ridicules», a déclaré dans un discours Sen Yang, président de l’Association du Falun Gong des États-Unis. «Toute la persécution [du Falun Gong] est basée sur des mensonges. Maintenant, ils essaient d’exporter ces tactiques dans ce pays.»

Malgré le dispositif de sécurité, des insultes sont constamment proférés et de multiples incidents isolés surviennent, les pires concernent des menaces de mort et des personnes âgées bousculées ou battues.

Le cas de Judy Chen, une dame dans la cinquantaine, semble être typique parmi les différents rapports. Elle a raconté son expérience personnelle à un journaliste de La Grande Époque à New York. Alors qu’elle se tenait à un kiosque d’information dénonçant la dictature chinoise, elle a été prise à partie : «Ils nous ont insultés, disant que nous sommes des traîtres, que nous ne sommes pas Chinois et que nous devrions mourir […] Ils nous ont aussi craché dessus et lancé des pierres.»

Mme Chen a par la suite été attaquée physiquement. Elle se rappelle : «Vers 11 h,  une femme d’âge moyen a commencé à nous insulter. Lorsque j’ai voulu prendre une photo d’elle, la femme a essayé de m’arracher ma caméra. Lorsque j’ai essayé de protéger ma caméra, elle m’a battue.»

«Elle m’a frappé à la tête, agrippé le cou, tiré la main et m’a donné un coup de poing; c’était rude et assez atroce […] Ensuite, elle s’est éloignée en disant : “Tu es Américaine, je n’ai pas peur de te tuer”. Un homme à ses côtés a ajouté : “Tu as intérêt à faire attention, je vais te tuer. Je veux voir ton visage clairement, je veux te tuer”.»

Chez les victimes, il ne fait aucun doute que le régime chinois tente d’exporter sa persécution à l’étranger et, d’après eux, le haut dirigeant chinois Zhou Yongkang pourrait être derrière tout ça. Zhou Yongkang a déjà déclaré, selon Amnesty International : «Nous devons nous efforcer de créer une société harmonieuse et un bon environnement social pour la bonne tenue du 17e Congrès du Parti communiste et des Jeux olympiques de Pékin [...] Nous devons frapper les forces hostiles à domicile et à l’étranger, comme les séparatistes ethniques, les extrémistes religieux, les violents terroristes et les organisations hérétiques, comme le Falun Gong, qui prennent part à des organisations de déstabilisation.»

Si l’intervention directe de ce dirigeant communiste est difficile à prouver, celle des missions diplomatiques l’est maintenant de moins en moins.

Selon une conservation téléphonique rendue publique entre le consul général de Chine à New York, Peng Keyu, et un enquêteur se faisant passer pour quelqu’un d’autre, M. Peng aurait un rôle de premier plan dans l’organisation de la violence à Flushing. Il aurait déclaré : «... nous devons être très prudents avec ce genre de chose! Autrement, les gens vont dire que le consulat chinois est derrière cela, manipulant les gens. Certains de nos hommes étaient parmi la foule et se sont rapportés à moi après coup. Je suis très familier avec ceci! Mais nous les encourageons secrètement!»

Chen Yonglin, ex-diplomate du consulat chinois de Sydney, en Australie, estime qu’il s’agit d’un «des plus gros scandales diplomatiques du Parti communiste chinois (PCC) depuis l’établissement de son régime». Néanmoins, les autorités américaines ne sont pas encore intervenues, si ce n’est que l’envoi d’une présence policière massive sur les lieux pour réduire les agressions.

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«Les consulats contrôlent les Chinois locaux pour diviser la communauté chinoise et ils n’ont jamais cessé d’inciter à la haine. La stratégie du PCC est d’utiliser les Chinois pour infiltrer la société de manière à conserver son contrôle. De cette façon, il peut contrer l’opposition à son pouvoir tout en trompant la communauté internationale. Nous, les gens de Chine, le savons tous et ça s’appelle le “front uni”», ajoute M. Chen dans une entrevue avec la Radio Son de l’Espoir.

«D’après moi le responsable consulaire chinois qui a orchestré tout cela devrait être expulsé des États-Unis. Il ne devrait pas essayer de museler la liberté d’expression aux États-Unis. Il ne devrait certainement pas essayer d’intimider des citoyens quelconques», suggère pour sa part David Matas, avocat canadien spécialiste des droits de l’homme.

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Répression olympique

On a beaucoup écrit au sujet du prétexte des Jeux olympiques pour amplifier la répression en Chine et les récentes violences pourraient être un signe que Pékin cherche à faire taire les critiques même à l’extérieur de ses frontières.

Tous les groupes habituellement persécutés par le régime chinois ont signalé une augmentation des abus alors que le pays cherche à tout prix à garantir «l’harmonie sociale». Même son de cloche, que ce soit chez les musulmans ouighours, accusés régulièrement et sans preuve de fomenter des attentats terroristes; les Tibétains, sévèrement réprimés ce printemps et eux aussi accusés de terrorisme; ou les pratiquants de Falun Gong, victimes d’une récente vague massive d’arrestations.

Ces purges ne touchent pas seulement les ethnies ou les groupes religieux, mais aussi les célèbres défenseurs des droits de l’homme comme Hu Jia, emprisonné pour subversion, et l’avocat Gao Zhisheng, dont on est sans nouvelle depuis son enlèvement par le régime. Autant Amnesty International, Human Rights Watch que Reporters sans frontières soulignent que le gouvernement chinois, plutôt que de tenir sa promesse de s’améliorer avant les Olympiques, s’est plutôt servi des Jeux pour opprimer davantage la population.

Une torche qui met le feu aux poudres

La tenue des Olympiques en Chine a créé cette tribune pour les personnes désirant attirer l’attention sur une cause touchant le respect des droits fondamentaux et de la dignité humaine.

Dès le début du relais de la flamme olympique en Grèce, différents actes ont été posés pour signifier que la tenue des Jeux dans un pays ne respectant pas certains principes olympiques est difficile à accepter. Mais une stratégie exhaustive a également été mise en branle par le régime chinois pour contrer les critiques, autant au niveau de l’information que sur le terrain.

Après avoir «perdu la face» dans les étapes du relais de Londres et de Paris, le gouvernement chinois a engagé un front commun par l’entremise de ses missions diplomatiques. La manifestation la plus évidente de cette politique a été les «armées du peuple» mobilisées en Australie, au Japon et en Corée du Sud pour «protéger la flamme olympique». Des milliers de Chinois, dont beaucoup d’étudiants, ont été transportés par autobus nolisés vers les lieux du relais pour opposer une présence physique aux manifestants anti-régime chinois et pro-Tibétains.

Beaucoup de ces manifestants ont été injuriés et battus par des partisans du régime de Pékin. Les plus graves cas sont survenus à Séoul, en Corée du Sud, où des pro-Tibétains ont été lynchés par des hordes de Chinois en colère. La tension a frôlé l’incident diplomatique entre la Chine et la Corée du Sud, alors que Séoul a promis d’expulser les Chinois impliqués.

Nationalisme?

Comme beaucoup d’observateurs avaient prédit, les critiques formulées contre le régime chinois ont été utilisées par ce dernier pour stimuler une forme de nationalisme parmi la population chinoise. Cette forme de nationalisme ne soude pas les gens ensemble derrière un objectif commun pour la défense d’un idéal, mais plutôt derrière le régime.

Ceci peut être démontré par l’épisode où le gouvernement chinois a demandé des excuses formelles de la part du réseau américain CNN. Un des analystes du réseau, commentant la répression au Tibet, avait qualifié les dirigeants communistes chinois de «malfrats». Pékin a alors affirmé que les déclarations de l’analyste avaient «heurté les sentiments du peuple chinois», et a stimulé une campagne virulente de critiques des médias occidentaux à laquelle bon nombre de Chinois ont pris part. CNN a précisé que les critiques de son analyste visaient le régime et non le peuple chinois, mais cela n’a pas désamorcé la crise.

Un sentiment anti-occidental exacerbé pourrait causer des problèmes aux autorités chinoises en août prochain, alors que des milliers d’athlètes, de touristes et de journalistes vont se rendre dans la capitale chinoise pour les Jeux. Le régime se fait souvent prendre dans ce jeu d’agitation. Ce fut le cas lors des manifestations antijaponaises en 2005 puis, plus récemment, avec le mouvement antifrançais.

 

Concernant les évènement de Flushing, vous pouvez lire:

Des espions du Parti communiste chinois répandent des mensonges à Flushing.

Tous nos remerciements aux chinois au bon cœur 

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