Heureux bouleversement de matières au Festival TransAmériques
FESTIVAL TRANSAMÉRIQUES
Du 22 mai au 5 juin
Détail des spectacles sur le site [www.fta.qc.ca]
Billetterie : 514 844-3822
Voici le deuxième article réservé à la programmation du Festival TransAmériques. Un point récurrent présent dans chacun de ceux-ci réside dans le traitement de la matière humaine si l’on peut la nommer ainsi. En effet, le corps se voit métamorphosé, fragmenté, maltraité, dénudé, exposé; toujours au centre des préoccupations esthétiques.
IS YOU ME
Production : Par B.L.eux
Avec Benoît Lachambre et Louise Lecavalier
Et le plasticien Laurent Goldring
Usine C
Jusqu’au 26 mai
La création Is You Me en est l’exemple phare. Spectacle à surveiller puisqu’il s’agit de Montréalais bien connus d’ailleurs dans le milieu de la danse. Ils referont certainement un passage dans la ville, et c’est réellement pour le bonheur du plus grand nombre. Il y a dans les spectacles de Benoît Lachambre un humour qui rassemble, très ludique et, au demeurant, très sensible. Le contexte de réalisation de ce dernier spectacle est dynamisé par l’inclassable Louise Lecavalier. Une structure graphique vient déranger le mouvement naturel du corps avec le plasticien Laurent Goldring. Les murs blancs se sectionnent, se colorent dans une symphonie graphique d’art naïf, parfois près du tag, parfois «zoologique», mais toujours au service de la transformation des corps. Cette création percutante modèle le corps avec des outils simples (des vêtements, un plan incliné de la scène) et transmet de façon nuancée la densité de l’âme humaine.
7 IMPORTANT THINGS
Production : STO-Union
Texte, mise en scène et interprétation :
Nadia Ross et George Acheson
Théâtre La Chapelle
Jusqu’au 30 mai
C’est avec un tout autre esprit que l’on se retrouve dans l’univers médicamenté de 7 Important things. Il s’agit encore une fois de pousser le corps à vivre des bouleversements physiques, mais d’une nature très différente. Nadia Ross entretient Georges Acheson, modèle en lui-même, ayant voulu se placer à l’encontre des courants dominants sa vie durant. Ce spectacle questionne le rapport au public en disposant le dialogue comme une conférence ouverte sur des sujets qui mobilisent. En résulte une autopsie des pensées de Georges dans les confins de la dépendance de drogues. Il sombre et ne semble pas se relever. Son corps est témoin de désirs sociaux qui n’ont jamais abouti. Cette fable de l’existence laisse indifférent et risque d’ennuyer une partie du public, bien que le personnage malmène sa carcasse pour répondre à de profondes convictions.
SEAGULL-PLAY (LA MOUETTE)
Anton Tchekhov
Par Enrique Diaz
Rio De Janeiro
Usine C
Jusqu’au 31 mai
Terminons ici avec le très attendu Seagull-Play (La Mouette). Le spectacle s’ouvre sur une répétition de cette pièce très connue de Tchekhov. Puis, au plaisir des spectateurs, une reconsidération du matériel dramatique de La Mouette prend le centre d’attention. Les personnages s’échangent Nina, Treplev et les autres dans une mise en abîme réussie. Le corps nu de Nina, le corps caché de Macha, le corps meurtri de Treplev et toujours cette Mouette personnifiée tantôt comme un chou-fleur, tantôt comme un amas de légumes et de plantes; le symbolisme est utilisé comme plaque tournante des malheurs. Tchekhov a trouvé son metteur en scène ici, car la pièce originale se voit réaffirmée, redimensionnée dans son rapport au public. Une confrontation brillante et pleine qui interpelle le public avec humour et violence. Une combinaison difficile qui tient tout à fait la route avec Enrique Diaz.
Bons spectacles!