Réunion des ministres de la Défense de l’OTAN à Bruxelles

Écrit par Aurélien Girard, La Grande Époque - Paris
03.06.2008

  • (攝影: / 大紀元)

Les ministres de la Défense des pays de l’OTAN ont cette habitude régulière de se voir trois fois dans l’année, en mars, juin et octobre. Et un peu comme pour ces repas de famille réguliers dans lesquels un vieil oncle bruyant se fait toujours trop remarquer, les ministres européens pourraient bien recevoir cette fois encore les stimulations insistantes d’un George W. Bush pressé. Fin de mandat oblige, il ne reste au président américain que peu de temps pour imprimer sa marque en Europe, en particulier sur le sujet du bouclier anti-missiles qu’il veut voir déployé en bordure de la Russie.

Les forces alliées ont approuvé ce projet controversé lors de leur rencontre en mars à Bucarest, tout en cherchant à apaiser les inquiétudes russes. Ce projet devrait conduire d’ici 2009 à l’installation de batteries de missiles en Pologne et d’une base radar en République Tchèque. Dmitri Medvedev, le successeur de Vladimir Poutine au Kremlin, qui a récemment rencontré le président géorgien Mikhail Saakachvili pour tenter un diffi cile dialogue, devrait rencontrer dans le même but, en juin, son homologue ukrainien, Viktor Ioutchenko. Les deux petits pays s’éloignent en effet à pas pressés des mauvais souvenirs du diktat russe et ont obtenu l’assurance lors du sommet de Bucarest que leur demande d’adhésion à l’OTAN serait dans le futur considérée avec une bienveillante attention. Ioutchenko et Medvedev auront du 6 au 8 juin une première occasion de s’entretenir à St Petersbourg, lors d’un forum économique régional. La seconde occasion viendra une semaine après, lors des célébrations du 225e anniversaire de la flotte de la Mer noire.

En 1783, Catherine la Grande avait annexé la Crimée et établi la base navale de Sébastopol, au sujet de laquelle s’énervent aujourd’hui les deux pays quand ils ne sont pas à couteaux tirés sur la question des accords gaziers entre eux et de la marche pro-occidentale de l’Ukraine. « Le Groupe des plans nucléaires (NPG), le Comité des plans de défense (DPC), le Conseil avec les pays non- OTAN qui contribuent à la KFOR, le Conseil OTAN-Russie (COR) et la Commission OTAN-Ukraine (COU) se réuniront les mêmes jours au niveau des ministres de la Défense », indique l’OTAN à la presse, ce qui confi rme que les items du bouclier anti-missile et de l’adhésion de l’Ukraine seront bien à l’ordre du jour à la mi-juin. Sur la question du bouclier, on peut s’attendre à des accords opérationnels pour organiser son déploiement sous supervision d’experts des différents pays membres, et éventuellement des discussions sur la situation des pays du Sud- Est européen non protégés par ledit bouclier.

De plus, la déclaration commune des ministres de la Défense des pays de l’OTAN, émise après le sommet de Bucarest, accorde une place très importante à la pérennité de la mission de la KFOR au Kossovo, le but étant d’assurer une mise en place sereine du fonctionnement politique de la jeune nation. Quatre mois après la déclaration d’indépendance de celle-ci, le sommet de Bruxelles devrait permettre une mise au point sur le positionnement de la KFOR. Opérationnellement encore, l’engagement pris à Bucarest pour un soutien important et à long-terme aux efforts faits pour empêcher un retour des talibans en Afghanistan demande une traduction en termes de moyens matériels et humains. Celle-ci a déjà été réalisée par la France qui s’est engagée à fournir près d’un millier d’hommes supplémentaires, rassurant les Canadiens dont le gouvernement menaçait, en absence de soutien, de désengager ses troupes.

 

Mais il faudra plus que le contingent français pour compenser le retrait discret des forces américaines et permettre aux forces afghanes de devenir pleinement autonomes. Enfi n, certains analystes prédisent que le sommet de Bruxelles pourrait être le moment d’une demande d’aide en Irak de la part de l’administration américaine. Si l’OTAN n’intervient pas militairement, il est effectivement prévu qu’elle participe à l’entraînement des forces de sécurité irakiennes.