À l’approche des JO, l’étau se resserre

Écrit par Ally Wang, Mimi Li et Shaoshao Chen, La Grande Époque
15.07.2008

  • Des panneaux mobiles de Reporters sans frontières(攝影: / 大紀元)

 

DANS moins de 30 jours, Pékin tiendra la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques 2008. Les préparatifs en cours signifient que les Tibétains, Ouighours, pratiquants de Falun Gong et dissidents politiques en Chine vont vivre 30 jours de persécution impitoyable. Ces groupes dont tous les droits sont bafoués par le régime chinois ne pourront très probablement pas se faire entendre en Chine. C’est donc en Europe et en Amérique du Nord que les manifestations et les appels aux droits de l’Homme se font les plus pressants à mesure que les JO approchent.

LES HUIT MALHEUREUX

Le chiffre huit est un porte bonheur dans la culture chinoise, mais les membres du « POC 8 » (Prisoners Of Conscience) — huit prisonniers de conscience sélectionnés en Chine — ne peuvent pas vraiment considérer qu’ils ont de la chance.

Les « POC 8 » selon Reporters sans frontières (RSF) sont Huang Qi, Sun Lin, Qi Chonghuai, Hu Jia, Yang Chunlin, Chen Guangcheng, Shi Tao et Yang Zili. Ils ont été mis en avant à New York, lors de l’appel du 8 juillet pour leur libération, de même qu’à Paris six autres prisonniers en Chine ont fait l’objet d’une pétition remise à l’ambassade de Chine le même jour.

C’est à New York que les représentants de RSF, Initiatives for China, et des élus de New York se sont rassemblés à l’hôtel de ville mardi 8 juillet pour la libération des «POC 8». «Ils sont innocents», a déclaré Lucie Morillon de RSF. «Ils n’ont rien fait de mal. La seule chose qu’ils ont faite est de dire pacifiquement ce qu’ils pensaient. Leur but ultime est d’améliorer la situation des droits de l’Homme et la condition des citoyens en Chine.»

D’après Baiqiao Tang, survivant de Tiananmen et directeur de China Peace and Democracy Federation, les cas de 732 prisonniers politiques ont pu être documentés en Chine actuellement. Mais ce chiffre est très loin de la réalité. Le célèbre activiste de la place Tiananmen Jianli Yang a été lui-même enfermé dans une prison chinoise, et n’en a été relâché que l’an dernier.

«Depuis ma libération, je ne peux m’empêcher de penser aux milliers et milliers de prisonniers politiques que je laisse derrière moi», dit Yang. Yang raconte l’histoire de Bingjiang Wang, un autre prisonnier politique, fondateur du mouvement pour la démocratie à l’étranger, et arrêté en 2006. Il a été détenu pendant six mois avant que son arrestation soit annoncée. Ensuite il a été condamné à la prison à perpétuité. «Dr. Wang a la soixantaine, son état de santé est très alarmant, il dépérit dans une prison chinoise sans aucun espoir», dit Yang. «Lui et sa famille, et beaucoup beaucoup d’autres prisonniers politiques ont besoin de notre aide!»

 LES RAFLES DE MEMBRES DU FALUN GONG

Pendant que les fonctionnaires chinois emprisonnent les dissidents politiques, les policiers font des rafles de pratiquants du Falun Gong pour les enfermer dans des camps de travaux forcés, parfois sans même procéder au simulacre de procès habituel. D’après le Centre d’Information du Falun Dafa (CIFD), plus de 200 pratiquants du Falun Gong ont été arrêtés dans la seule ville de Pékin durant les trois premiers mois de 2008, et plus de 30 ont déjà été condamnés à la rééducation par le travail forcé de manière arbitraire. Les peines de travaux forcés peuvent durer jusqu’à deux ans et demi.

«Le fait que ces gens soient condamnés à de si lourdes peines montre que ces arrestations ne visent pas à assurer les ‘JO harmonieux’ que le Parti communiste annonce», dit le porte-parole du CIFD Erping Zhang. «Tout le monde sait que les pratiquants du Falun Gong ne constituent aucune menace pour les Jeux. Ils utilisent cela comme excuse pour les mettre derrière les barreaux.»

 LA TERREUR AU TIBET

La répression au Tibet par le régime communiste chinois s’est aussi intensifiée récemment : plus de 1.000 moines tibétains ont été arrêtés et détenus pour éliminer toute tentative de manifestations durant les JO. L’organisation Students for a Free Tibet  et ses sources dans l’Est du Tibet confirment que trois monastères importants autour de Lhassa, capitale du Tibet, ont été évacués et que les moines ont été envoyés à Gormo, soit à près de 1.000 km, ou encore plus loin, à Xining sur la frontière Est du Tibet.

Le journal anglais The Times rapporte de son côté que les moines qui ont été placés en détention seront relâchés après les JO de Pékin. «Le gouvernement chinois a enfermé plus de mille moines bouddhistes au Tibet afin d’étouffer toute manifestation de dissidence durant les JO», a dit Lhadon Tethong, directeur exécutif de Students for a Free Tibet.

«C’est le dernier d’une série d’actes méprisables de la part de Pékin qui utilise les JO comme une excuse pour étouffer les appels tibétains pour les droits de l’Homme et pour la liberté.» Tenzin Dorjee, directeur adjoint de Students for a Free Tibet complète en indiquant: «Les autorités chinoises planifient une imposture monumentale pendant les JO visant à convaincre le reste du monde que tout va bien, alors que les Tibétains continuent à souffrir sous la violente occupation chinoise.»

Les arrestations de moines tibétains font partie de la stratégie du régime chinois, qui resserre l’étau sur la région autonome. En mars, les manifestations tibétaines ont dégénéré. Des dizaines de personnes sont mortes après que l’armée chinoise ait imposé la loi martiale à Lhassa et dans d’autres régions du Tibet. On a retrouvé le même niveau de contrôle et d’enfermement il y a trois semaines quand les troupes chinoises ont envahi les rues de Lhassa alors que la flamme olympique traversait le Tibet. La conférence de presse à l’hôtel de ville de New York comprenait des pro-Tibétains, tels que Phurdu Dorjee.

Né au Tibet, il a été témoin de la terreur que fait régner le Parti Communiste chinois sur sa terre et son peuple: «Le Panchen Lama, deuxième figure religieuse du Tibet, a été emprisonné alors qu’il avait à peine six ans. N’est-ce pas une violation des droits de l’Homme?», dit-il. « Depuis 1949, nous avons perdu 1,2 million de Tibétains. N’est-ce pas la preuve irréfutable que le PCC est coupable de génocide au Tibet? Ce génocide a-t-il cessé? Non!» Il poursuit avec ferveur: «Les Tibétains aiment la paix et la non-violence, ils souffrent terriblement aux mains du gouvernement chinois.»

Les appels au gouvernement américain et à la communauté internationale pour condamner ces actions n’ont globalement été que peu entendus. « Nous sommes très déçus du président Bush et des autres dirigeants dans le monde, ils restent sourds face aux souffrances du peuple tibétain et se rendront à la cérémonie d’ouverture des JO », soupire Han Shan, coordinateur de la campagne olympique de Students for a Free Tibet.

DES PROMESSES NON TENUES

Quand Pékin a obtenu le droit d’organiser les JO 2008, en 2001, le gouvernement chinois a promis au Comité International Olympique et à la communauté internationale d’améliorer concrètement la situation des droits de l’Homme. Ces promesses n’ont pas été tenues. «Nous avons attendu que la situation des droits de l’homme s’améliore tel que cela avait été promis. Nous avons attendu la liberté de la presse qui avait été promise», indique Lucie Morillon, de Reporters sans frontières.

Jianli Yang ajoute: «Il y a deux Chine en Chine : l’une est celle que le gouvernement chinois tente de mettre en scène aux yeux du monde extérieur et des citoyens chinois ; l’autre Chine est celle que le gouvernement ne veut pas que l’on voit». C’est pour cette raison que le reste du monde doit démasquer le régime et persévérer en exigeant les droits de l’Homme, complète Jeremy Taylor, présentateur de l’émission de télévision Step Up. «Cessez de soutenir un gouvernement coupable de génocide contre son propre peuple», dit Taylor. «Cessez de soutenir un gouvernement coupable de génocide contre le Tibet et la Birmanie. Cessez de soutenir un gouvernement qui protège les pires dictateurs tels que Kim Jong-II et Robert Mugabe.»