Torturé pour s'être battu pour la liberté d'expression

Écrit par Ben Hurley, La Grande Époque - Australie
02.07.2008

Les premiers journaliste de La Grande Époque en Chine 

 

  • (攝影: / 大紀元)

 

Quelque part dans le monde, le feu d'une cheminée crépite alors que des enfants décorent leur arbre de Noël en riant avec des guirlandes de lumières colorées que William Huang a fabriquées en prison. 

Une salle à manger aux États-Unis est remplie de fleurs décoratives qu'il a assemblées, des fleurs avec des paillettes collées à la sueur de son front, lui causant des douleurs dans aux mains

D'autres personnes, quelque part en Europe, bavardent et mangent des pistaches dont il a ouvert les coques avec des  casse-noix, ou  par dessus lesquelles il est passé pour  atteindre les  toilettes, dans  l'atelier de la taille d'une chambre à coucher qui abritait plus d'une vingtaine de prisonniers.

Un avenir plus radieux attendait certainement William lorsqu'il est sorti diplômé de la prestigieuse Université Tsinghua ,en Chine ,en juillet 1999. Plus radieux que de devenir esclave, travaillant sept jours sur sept, pendant plus de 16 heures par jour, à produire des biens chinois bon marché dans un centre de "rééducation par le travail".

Au moins il peut choisir son destin maintenant, tandis qu'il vit et étudie aux Etats-Unis. Mais les souvenirs des matraques électriques, des sessions de lavage de cerveau et des privations de sommeil ne s'effacent pas facilement. Ni ceux de ses collègues qui sont toujours  en prison.  

William Huang, dont le nom chinois est Huang Kui, est arrivé aux États Unis en mars de cette année, avec des souvenirs encore vivaces de ce qui est arrivé à la première équipe  de La Grande Époque en Chine, qui a soudainement disparu le 16 décembre 2000.  

Lui et environs une dizaine d'autres personnes, la plupart des pratiquants de Falun Gong, avaient loué un appartement dans l'agglomération de Zhuhai dans la province du Guangdong, qui était devenu un bureau clandestin du journal. Il y avait des gens d'autres agglomérations qui aidaient aussi, offrant de leur temps, ou de leur argent, ou bien les deux. Son travail consistait à rechercher et à écrire des articles d'information internationale, tandis que les autres se concentraient sur les questions intérieures, spécialement sur la persécution à grande échelle par l'état de la pratique de méditation Falun Gong. 

Il n'a aucune idée de la façon dont la police les a découverts, mais un jour sans crier gare, plus de dix policiers ont fait irruption dans le local, arrêtant tout le monde et saisissant tous les équipements. 48 heures de privation de sommeil et d'interrogatoire ont suivi. Lui et les autres ont été accusés de "subversion  du pouvoir politique de l'état" parce qu'ils avaient publié des articles dénonçant les crimes contre les droits de l'homme commis par le Parti communiste chinois (PCC).  

William a été envoyé au second centre de détention de Zhuhai en attendant sa condamnation, et il a été interrogé presque chaque jour pendant six mois, parfois jusqu'à 2 heures du matin. On l'a alors mis au travail, peinant au moins 16 heures par jour à fabriquer des fleurs décoratives, des lumières de Noël, des décorations de perles, et à décortiquer des pistaches.

Au début, ils utilisaient un peu de graisse de porc dans le processus de fabrication des fleurs, mais les gardiens leur ont vite ordonné d'arrêter, car cela pouvait attirer des insectes qui auraient pu endommager les produits dans leur transport vers les États-Unis. Il se souvient des jours glacials du mois de novembre 2001, lorsque de larges et douloureuses crevasses se sont formées sur ses mains. 

  

Trois mois après, il n'avait toujours pas reçu notification de son jugement.  Privé de procédure d'appel officielle, il a refusé de s'alimenter. Après cinq jours sans eau ni nourriture, les gardiens l'ont enchaîné à une croix faite de planches de bois. Ils lui ont arraché des dents avec des tenailles , ils lui ont pincé  le nez, maintenu la bouche  ouverte avec des baguettes alimentaires et lui ont  fait descendre de gros morceaux de bouillie de riz dans l'estomac.    

La torture du banc du tigre

De temps en temps, il croisait le regard des autres membres de l'équipe du journal en prison eux aussi, et il a eu une fois l' occasion de parler avec Zhang Yuhui, rédacteur en chef au moment où les arrestations ont eu lieu. Ce dernier est toujours incarcéré. Zhang lui a dit qu'il avait passé 7 jours et 7 nuits sur l'instrument de torture le "Banc du Tigre", pour avoir refusé de dénoncer les autres.

Bien que Zhang n'ait pas donné de détails, cette méthode est  connue et oblige  une personne à s'asseoir avec les jambes en extension sur un banc long et étroit, avec des liens attachant les genoux au banc. Des objets sont alors posés de force sur les jambes pour plier les genoux dans le mauvais sens, provoquant une douleur extrême. Zhang avait aussi passé trois jours attaché à une croix dans une position contrainte.  

  

William a finalement été condamné le 9 septembre 2002, après près de deux ans de détention provisoire. On l'a condamné à cinq ans de prison, et on l'a envoyé à la prison Sihui dans la province du Guangdong. Le travail d'esclave était très éreintant, cette fois-ci il produisait des pulls de qualité, ainsi que des chaises et des paniers en rotin. Il a tenté de refuser d'accomplir le travail, mais il a été forcé, en guise de punition, resté accroupit sans interruption durant trois jours.  

Une autre fois, il a refusé de s'agenouiller devant plusieurs centaines de prisonniers réunis, aussi les gardiens l'ont frappé à coups de pied à même le sol et l'ont agressé avec des matraques électriques de plus de 12 volts, provoquant des contractions et des convulsions violentes.

Cependant, la prison de Sihui avait projeté quelque chose d'encore pire pour William: des sessions de lavage de cerveau. Il a été enfermé avec onze criminels endurcis, qu'on a rendus personnellement responsables de sa surveillance. S'il refusait d'abandonner sa croyance en Falun Gong, les prisonniers étaient privés de tout confort quotidien, ce qui les rendaient  particulièrement haineux envers lui. 

Ils surveillaient ses moindres faits et gestes, et l'accompagnaient jusqu'aux toilettes. Il n'était pas autorisé à parler aux autres pratiquants de Falun Gong, ou même à échanger des regards.

Ayant travaillé dur toute la journée, lorsque la nuit tombait, on le forçait à regarder des vidéos et à lire des livres qui calomnient le Falun Gong. Alors quelqu'un venait parler avec lui afin d'essayer de le convaincre d'abandonner la pratique. Ajouté à  cela, il y avait la privation de sommeil. Pendant tout un mois, les sessions de propagande duraient jusqu'à 5h45 du matin, et il n'était autorisé à dormir que jusqu'à 6h du matin. Les prisonniers se relayaient pour le surveiller. Parfois, il s'endormait debout, mais les prisonniers le secouaient pour le maintenir éveillé.

"Toi le Falun Gong, c'est toujours légal de te torturer comme nous voulons " lui ont dit les gardiens. "Si tu n'abandonnes pas le Falun Gong,  il n'y aura qu'une fin pour toi:la mort."

Après trois années passées à Sihui, William a été libéré le 15 décembre 2005. Deux policiers l'ont escorté jusqu'à l'Université de Tsinghua. Personne n'a voulu l'employer après son séjour en prison, aussi il s'est concentré sur ses études et a gagné une bourse d'étude pour l'Université de l'Ohio. Pour des raisons de sécurité, il est parti sans rien dire à ses parents ni à ses amis. 

Aujourd’hui, aux États Unis, William raconte son histoire à ceux qui veulent bien l'entendre. Il espère que Zhang Yuhui et Shi Shaoping, chacun condamnés à dix ans de prison, seront bientôt libérés de l'enfer qu'il a vécu. Il dit qu'il a vu dans des magasins exactement les mêmes pulls, les mêmes fleurs et les mêmes chaises en rotin qu'il produisait là-bas, tous à des prix bon marché.

Mais, lui, il connaît bien le coût humain de tous ces objets.