Ville frontalière unissant les nationalités des alentours

Écrit par Anne Pillsbury, Collaboration spéciale
20.07.2008
  • L’arche de la Paix (The Peace arch)(攝影: / 大紀元)

La faune naturelle, l’air frais, de la bonne nourriture et des gens chaleureux… Cela pourrait décrire de nombreux endroits aux États-Unis ou au Canada en cette semaine de vacances, mais ce qui distingue Point Roberts est sa particularité géographique.

Point Roberts est situé dans un coin reculé de l’État de Washington. En fait, ce n’est pas du tout un coin, mais une pointe au sud de la péninsule Tsawwassen en Colombie-Britannique, au Canada.

Cette communauté de 1400 résidants, établie par des robustes fermiers islandais il y a des centaines d’années, est une énigme de juxtaposition, de charme et d’incongruité.

Point Roberts se décrit lui-même comme la plus grande communauté fermée aux États-Unis, puisque ses résidants et ses visiteurs doivent passer par de nombreux postes de contrôle pour y arriver.

Non, ce n’est pas une base militaire, mais un lieu de villégiature et un secteur relativement non développé de la grande région de Puget Sound.

Grâce à sa situation exceptionnelle, les visiteurs américains doivent passer par l’Arche de Paix, le poste frontalier principal qui traverse le 49e parallèle, pour circuler de l’État de Washington à la Colombie-Britannique.

Après avoir traversé la frontière canadienne et conduit vers le nord, au Canada, ils doivent tourner vers l’ouest autour de Boundary Bay et continuer à conduire pendant 45 minutes, puis tourner vers le sud en direction de Tsawwassen.

Là, les voyageurs traversent une deuxième frontière, le Point Roberts, point d’entrée principal de la Colombie-Britannique sur la petite péninsule et, une fois de plus, se retrouvent en sol américain.

Les premiers colons de Point Roberts étaient des Indiens Salish de la côte qui ont partagé le même héritage que les peuples des Premières Nations de Tsawwassen. En 1792, le capitaine Vancouver, qui avait déjà fait l’exploration de la Colombie-Britannique, a nommé le lieu en souvenir de son collègue et ami, Henry Roberts.

Aujourd’hui, les 1400 citoyens américains et résidants permanents qui habitent cette petite région sont à l’aise avec la beauté et les inconvénients de la vie à cet endroit.

Au cours de la période des Fêtes, la culture toute américaine de Point Roberts se transforme en culture canadienne avec 73 % de ses «résidents» en provenance du Canada. Ceux-ci se rendent à leur maison de vacances, où ils se prélassent au soleil, nagent, font de la voile ou se promènent dans les bois.

Ici, il n’y a pas d’émotions mitigées. Les Américains aiment leurs amis canadiens qui fournissent l’infrastructure financière à cette communauté pratiquement toute l’année.

Cette pointe de 7,9 kilomètres hors de la Colombie-Britannique, s’étend sur 4,8 kilomètres de large et 3,2 kilomètres de long, est couverte de forêts, de fermes défrichées et de plages de galets.

Quoique Point Roberts n’a pas les plages de sable fin de Boundary Bay, en Colombie-Britannique, ni  l’écosystème majestueux de l’île de Vancouver, il possède toutefois une étrange qualité: celle de nous donner l’impression de remonter le temps, impression ressentie dès les premières secondes après avoir traversé la frontière.

Avec seulement une «rue principale», Tyee avenue, il n’existe pas de centre-ville et ni de concentration de boutiques comme dans les petites villes pour faire du lèche-vitrine ou tout simplement flâner.

Toutefois, le bureau de poste, code postal 98281, est un point de rassemblement où les Canadiens vont chercher leur courrier avec une adresse américaine, dans le but d’économiser sur les frais de douanes et d’éviter d’attendre plus longtemps pour la livraison du courrier.

Avec les plaintes concernant l’augmentation du prix de l’essence, les stations-services sont une partie importante de Point Roberts parce que l’essence est moins chère ici qu’au Canada. Les Canadiens traversent régulièrement la frontière pour remplir leurs réservoirs.

Ils peuvent payer soit avec de l’argent canadien soit avec de l’argent américain et ils reçoivent un récépissé avec le taux de change ajusté quotidiennement.

Un peu plus bas sur Tyee se trouve la place du marché international où la juxtaposition des drapeaux américains et canadiens est devenu son logo local.

La seule allée de l’épicerie du lieu, la place du marché, vend uniquement en argent canadien des produits américains comme des confiseries en barre, des céréales et des boissons gazeuses.

Avec les gardes frontaliers du Canada et des États-Unis à proximité 24 heures d’affilée, le point n’a besoin que d’un shérif et d’un chef pompier – avec une brigade de pompiers volontaires – ce qui en fait paradoxalement la communauté avec le ratio de sécurité le plus élevé des États-Unis.

En conséquence, à l’exception de quelques actes de vandalisme, Point Roberts a le plus bas taux de criminalité du pays.

En revanche, il est considéré comme ayant des soins médicaux de qualité inférieure: aucun hôpital, aucun dentiste et aucune pharmacie sur la péninsule.

La clinique de Point Roberts a une infirmière et offre une «mini-pharmacie» où les prescriptions peuvent être remplies par une pharmacie coopérative distante de 145 kilomètres, à Bellingham, dans l’État de Washington.

De même, les traitements médicaux d’urgence exigent un déplacement en ambulance à l’hôpital St-Joseph de Bellingham.

Certains résidants ont confié qu’ils n’ont pas acheté d’assurance-santé des États-Unis et qu’ils vivent «au jour le jour»; un peu risqué. Ceux qui sont prêts à payer en argent comptant pour des traitements urgents ou une chirurgie choisissent d’aller à l’hôpital de l’autre côté de la frontière, à Vancouver ou dans ses environs.

Malgré ces inconvénients, les résidants disent qu’il fait bon vivre à Point Roberts.

Que l’on regarde un héron bleu le long de la côte, que l’on cueille des étoiles de mer parmi les algues, que l’on fasse du kayak ou de l’équitation, c’est toujours calme, pittoresque et isolé à Point Roberts, un havre de paix pas comme les autres.

Un rythme et un style de vie simple et tranquille, c’est vraiment cela Point Roberts. Les fermettes sont modestes, mais vous offrent une vue époustouflante du détroit de Géorgie.

La marina dispose d’une fiche de 1000 bateaux de plaisance pour les amateurs, avec autant de plaques d’immatriculation canadiennes qu’américaines, et le restaurant Dockside au quai de l’anse offre d’excellents hamburgers.

Il n’y a pas plus de douze restaurants à Point Roberts et quelques-uns ouvrent à des heures inhabituelles pour accommoder la clientèle. Vous pouvez prendre un café chez Dylan, le café préféré des habitants de Point Roberts, mais ceux qui veulent un Starbucks ou un MacDonald devront conduire cinq minutes et le prendre de l’autre côté de la frontière.

Si vous préférez manger au bord de mer, vous pouvez prendre le bateau vers Crescent Beach au Canada en traversant Boundary Bay. Mais soyez prêt: vous devez avoir votre carte NEXUS ou d’identification facilement accessible, puisque les eaux sont étroitement surveillées par la Garde côtière américaine.

Bien sûr, la boisson no 1 provient de Vancouver, et c’est de l’eau. Elle descend des montagnes de la côte nord, en passant par le grand district régional de Vancouver. Il y a toujours un débat à Point Roberts sur la question de la disponibilité de l’eau.

Obtenir une approbation de servitude pour l’eau est un peu difficile, avec le comté de Whatcom (la grande région de Seattle) qui limite l’approbation du nombre de compteurs d’eau selon la capacité du réservoir local.

Bien sûr, nager dans l’eau est permis et beaucoup plus agréable. Les eaux les plus chaudes sont au nord de la Californie et atteignent souvent les 26 °C pendant les mois d’été.

L’interdépendance entre les deux pays existe par rapport à ses lignes de communication. Jusqu’à 1988, Point Roberts avait un code régional de Vancouver. Il a maintenant un code régional de l’État de Washington, bien que les stations de téléphonie mobile soient partagées.

Toutefois, cet endroit est en avance sur son temps à certains égards. Dans le cas de «Big Kahuna», il a été désigné comme l’un des sites d’alerte aux tsunamis par Washington.

Les pancartes routières annoncent que des essais avec les sirènes débuteront en juillet. Son intention est d’avertir les résidants d’un tsunami dans le cas d’un tremblement de terre au loin et de leur fournir un délai pour évacuer au Canada.

Pour les quelques citoyens américains qui vivent ici à l’année, il y a une école primaire avec des classes de la maternelle à la troisième année.

Pour une éducation au-delà de la troisième année, les élèves voyagent 45 minutes et traversent deux postes frontaliers internationaux pour arriver à l’école à Blaine, dans l’État de Washington. Ceux qui ont la double nationalité vont souvent à l’école de Tsawwassen qui est plus proche.

Mais le mode de vie de ceux qui vivent dans cette localité n’est pas complètement villageois. Un récent diplômé est en route pour Panama afin d’étudier l’espagnol, tandis qu’un autre part pour l’Australie pour y travailler pendant six mois.

Peut-être que Point Roberts est mieux représenté par ses résidantes. L’une d’elles est Deci Bailey, une entrepreneure très active, une agente immobilière et une femme d’affaires prospère qui a «innové» avec les deux premières stations d’essence sur la péninsule.

Deci Bailey est originaire de l’Ontario et a voyagé vers l’ouest, jusqu’à Winnipeg, puis à Vancouver avant de s’installer à Tsawwassen, puis finalement à Point Roberts où elle vit depuis 30 ans.

Se promenant aux alentours dans sa Chrysler Mazerti 1970 décapotable, une voiture américaine unique de collection, elle décrit la vie à Point Roberts comme «si paisible… nous ne sommes jamais pressés et nous ne klaxonnons pas ici…» alors qu’elle croise un cerf sur le bord de la route pendant qu’un aigle chauve vole au-dessus de sa tête.

Le 1er juillet, à la fête du Canada, quelques amis canadiens du Club Rotary de Tsawwassen ont traversé la frontière et ont apporté un petit déjeuner aux crêpes pour leurs amis américains.

Le jour de l’Indépendance, le 4 juillet, Heather McPhee, directrice de la Chambre de Commerce de Point Roberts, a nommé le défilé du jour de l’Indépendance de cette année: «Le monde est petit».

C’est ainsi à Point Roberts.