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Où sont passés tous les moines?

Écrit par Jared Pearman, La Grande Époque - Washington
03.07.2008
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  • Des paramilitaires patrouillent devant le palais Potala de Lhassa, Tibet(Stringer: AFP / 2008 AFP)

Le Tibet de nouveau accessible aux touristes, mais tout n’est pas rose à Lhassa

Les autorités chinoises ont annoncé, le 24 juin 2008, que le Tibet serait à nouveau ouvert au tourisme international, alors que la région était une zone interdite pour les voyageurs et journalistes étrangers depuis la répression en mars dernier.

Ce geste de réouverture du territoire coïncide avec le passage de la torche olympique à Lhassa, de manière à exhiber à la communauté internationale un certain «retour à la normale». Mais si l’imposant dispositif de sécurité et la disparition des moines sont de bons indicateurs, il y a quelque chose qui cloche dans la capitale tibétaine.

Durant le relais de la torche olympique, qui a parcouru les rues de Lhassa pendant trois heures le 21 juin, on a rapporté que la ville était pratiquement sous la loi martiale. Les journalistes étrangers ayant eu l’autorisation de couvrir l’évènement devaient traverser une demi-douzaine de postes de contrôle. Quant à l’assistance, agitant drapeaux rouges, elle semblait être triée sur le volet et composée majoritairement de Chinois de l’ethnie dominante han.

Les Tibétains étaient essentiellement écartés du chemin de la torche et avaient reçu l’ordre de demeurer dans leurs maisons et de fermer les fenêtres, selon certains reportages des médias.

«Nous sommes convaincus que le passage de la torche des Jeux olympiques (JO) de Pékin à Lhassa attisera davantage l'esprit patriotique du peuple», a déclaré le chef du Parti communiste de Lhassa, Qin Yizhi, avant le début du relais.

Lors de la cérémonie marquant la fin du relais, le chef du Parti communiste au Tibet, Zhang Qingli, a pour sa part déclaré : «Le ciel du Tibet ne changera jamais et le drapeau rouge aux cinq étoiles flottera à jamais au-dessus de lui [...] Nous briserons certainement les intrigues de la clique du Dalaï-lama.»

Ce choix de mots par un haut responsable n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, surtout que le régime chinois insiste depuis le début que «les Jeux ne doivent pas être politisés». Si bien que le Comité international olympique (CIO) qui, jusqu’à tout dernièrement, tenait le même argument que Pékin contre les critiques des violations des droits de l’Homme, a demandé au comité organisateur des JO de lui fournir l’intégral du discours de Zhang Qingli pour étude.

Mais même après le passage de la torche, la sécurité dans la capitale est demeurée stricte. On a rapporté que les postes de contrôle policiers sont omniprésents, vérifiant et enregistrant les cartes d’identité que les moines bouddhistes doivent avoir en leur possession.

Avec ce renforcement des mesures de sécurité, le nombre de moines à Lhassa a, semble-t-il, grandement diminué. Des reportages des médias étrangers ayant eu accès à la capitale suggèrent que les moines sont quasiment absents des rues et qu’il en reste très peu dans les monastères.

Le journaliste Geoffrey York du Globe and Mail a rapporté qu’au monastère Sera à Lhassa, le deuxième plus grand au Tibet, les 550 moines qui y vivent habituellement ont été perdus de vue. Seulement une dizaine étaient encore présents, répondant laconiquement aux questions des médias avant d’être dispersés par les forces de sécurité.

«Nous avons reçu plusieurs rapports de moines évacués du Tibet par train», affirme Ben Carrdus, un chercheur principal chez l’organisation International Campaign for Tibet, basée à Washington, D.C. «Ces journalistes reviennent avec les premières preuves corroborant l’ampleur de cela.»

Quant à l’apparente disparition des moines durant le relais de la torche olympique, M. Carrdus estime qu’il n’y a pas encore d’explication définitive.

«Il n’est pas certain qu’ils aient été détenus [...] C’est possible que beaucoup de moines dans ces monastères se sont simplement fait dire de retourner dans les régions d’où ils viennent s’ils n’ont pas les cartes d’identité requises.»

Le 19 juin dernier, Amnesty International avait demandé aux autorités chinoises de divulguer l’information au sujet des Tibétains, au nombre de plus d’un millier, qui ont été détenus depuis le mois de mars, soulignant dans un communiqué de presse qu’«il y a très peu d’information filtrant hors du Tibet, mais l’information que nous avons brosse un tableau sombre de détentions arbitraires et d’abus des détenus».

Pékin a déclaré que le rapport d’Amnesty n’avait «pas une once de crédibilité». Toutefois, le lendemain, un haut responsable a avisé que 1157 des 1315 détenus avaient été libérés.

Le gouvernement tibétain en exil estime qu’au moins 209 Tibétains ont été tués par Pékin depuis le début des manifestations anti-régime communiste en mars dernier.

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