Bush a rencontré des dissidents chinois avant les JO

Écrit par Lisa Ou & Jason Loftus
31.07.2008

“Les communistes chinois sont terrifiés par cette rencontre. Ils ont utilisé tous les moyens et toute leur influence sur les médias pour essayer de déformer cette nouvelle." Révélations faites à La Grande Epoque, par Wei Jingsheng, un des dissidents chinois les plus influents à l’étranger.

Mardi 29 juillet 2008, le président des États-Unis George W. Bush a rencontré 5 dissidents chinois dans son bureau à la Maison Blanche. A cette occasion M. Bush a exprimé sa préoccupation sur les violations des droits de l’homme en Chine. De son côté, Wei Jingsheng a regretté que ce dernier assisterait à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques car le régime chinois interprétera cela comme un signe de soutien pour le Parti Communiste et la présence de Bush lors de la cérémonie risque de susciter l’incompréhension du peuple chinois.

Dans cette interview accordée à La Grande Époque, Wei Jingsheng raconte l’entrevue d’une heure trente accordée à cinq dissidents chinois par le président américain. Le dissident Wei dit avoir qualifié d’erreur la décision de Bush de rendre à Pékin le 8 août. Il lui a suggéré de profiter de chaque occasion pour montrer clairement aux autorités pékinoises que le président américain est préoccupé par les persécutions des prisonniers politiques, des minorités religieuses et ethniques, et par toutes les violations des droits de l’homme. Bush aurait répondu qu’il portera une attention particulière à la situation des droits de l’homme en Chine.

La rencontre a été organisée à la demande des membres du congrès américain Frank Wolf, Chris Smith et James McGowan.

Dans un communiqué de presse officiel de la Maison Blanche, en parallèle de la rencontre avec des dissidents chinois est mentionnée, dans une petite section, la rencontre du président Bush avec le ministre chinois des Affaires étrangères Yang Jiechi sur les relations sino-américaines.

Wei Jingsheng a déclaré à La Grande Époque : "C’est humiliant pour le régime communiste chinois au regard du protocole diplomatique. Le gouvernement des Etats-Unis a délibérément mis ces deux évènements ensemble [ndt : dans le même communiqué de presse]."

"La rencontre [ntd : entre Bush et le ministre chinois des affaires étrangères] a été organisée dans un temps très limité. L’invitation a été envoyée le soir du 28 juillet pour une rencontre le 29 juillet à onze heure trente du matin." D’après Wei, "c’est un geste fort pour montrer au régime communiste que le gouvernement américain est extrêmement préoccupé par la question des droits de l’homme en Chine."

"Les communistes chinois ont invité les leaders du monde entier à se joindre à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques dans le seul but de faire croire que tous les pays occidentaux soutiennent le régime communiste. Mais l’action de Bush aujourd’hui nous dit qu’il ne cautionne pas cela."

Selon Wei le gouvernement des États-Unis porte une réelle attention aux droits de l’Homme en Chine à l’approche des JO en maintenant des négociations privées avec le régime communiste chinois depuis plusieurs mois. Mais la Chine n’a tenu aucune de ses promesses.

"Pas un seul progrès n’est à noter du côté part du régime communiste. Ce constat a causé un grand embarras au sein de l’administration Bush face au parti républicain et au congrès. La colère du gouvernement américain les a incités à provoquer à leur tour l’embarras du régime communiste chinois."

Wei Jingsheng révèle que "les communistes chinois sont terrifiés par cette rencontre. Ils ont utilisé tous les moyens et toute leur influence sur les médias pour essayer de déformer cette nouvelle."

"Beaucoup de reportages sur les sites Internet en chinois à propos de cette rencontre ne sont pas véridiques. Ils ont reproduit de faux articles de la BBC ou n’ont tout simplement pas mentionné la rencontre."

L’assistante de Wei Jingsheng, Ms Huang Ciping a remis au président Bush une liste de personnes persécutées en Chine, incluant entre autres des dissidents pro-démocrates, des figures religieuses et des pratiquants de Falun Gong.

M. Wei a finalement fortement recommandé au président américain de ne pas parler seulement au président Hu Jintao de la démocratie et des droits de l’homme à Pékin, mais également et surtout à l’ensemble des médias, pour que le maximum de personnes en Chine le sachent.

"Le président Bush a promis d’utiliser toutes les occasions où il y aurait beaucoup de monde et de la presse pour aborder la question, entre autres, des prisonniers politiques et des religions."