Plus de 4 millions d’Éthiopiens en attente d’aide alimentaire

Écrit par Aurélien Girard, La Grande Époque - Paris
05.07.2008

  • Un stand d’aide alimentaire de la Croix-Rouge Internationale. (攝影: / 大紀元)

En Éthiopie, la sécheresse du début d’année provoque une grave pénurie alimentaire largement aggravée par la flambée des prix alimentaires et par celle du pétrole: les coûts de l’aide humanitaire et du transport jusqu’aux populations assistées sont plus que doublés, handicapant sérieusement le déploiement de l’aide d’urgence.

«Les enfants meurent déjà, les adultes pas encore», indique Hilde Johnson, directrice adjointe de l’UNICEF de retour d’une visite en Éthiopie. D’après elle, la situation devrait empirer dans les deux à trois mois prochains, jusqu’aux grandes récoltes céréalières. Même dans les régions du Nord du pays où de la nourriture est encore disponible, l’envolée des prix la rend inaccessible à de nombreuses personnes.

L’UNICEF demande aujourd’hui une aide d’urgence de 50 millions de dollars, dont un peu plus de la moitié sera affectée à de l’alimentation thérapeutique, et le reste investi dans des mesures limitant l’impact de la sécheresse. Hilde F. Johnson a visité la zone de Gurage au cours de sa récente tournée dans les secteurs affectés par la sécheresse du sud de l’Éthiopie. C’est au terme de cette tournée qu’elle a lancé un appel à une aide alimentaire d’urgence en faveur des enfants souffrant de malnutrition et de leurs familles. «La situation dans les zones les plus sévèrement touchées est extrêmement grave», a déclaré Hilde Johnson. «Beaucoup d’enfants sont à présent en danger de mort dans plusieurs secteurs si on ne leur vient pas en aide de toute urgence. Le gouvernement et ses partenaires font de leur mieux pour apporter une aide, mais les besoins ne sont pas satisfaits assez rapidement. Il faut mettre à disposition davantage de ressources».

«IL N’Y A PLUS RIEN À MANGER»

L’Éthiopie n’a pas profi té des grandes pluies annuelles attendues en mars-avril. Simon Roughneen, un journaliste présent dans la région, explique à nos confrères de Voice of America: «Tout simplement il n’y a pas eu de pluie alors que tout le rythme de l’agriculture en dépend, cela rend plus diffi cile et plus longue ce qu’on appelle ici la ‘période de faim’. En plus, ici dans la province de Sidama, à l’Ouest de la ville d’Awassa, les gens essaient de faire pousser du maïs, et c’est un échec complet. Cela fait empirer la situation habituelle, qui est qu’il y a de toute façon toujours au minimum entre trois et cinq millions de personnes dépendant de l’aide alimentaire».

La situation commence à rappeler la famine des années 1984-1985, qui s’était soldée par plus d’un million de morts. Le gouvernement éthiopien estime, par la voix du Vice-premier ministre et ministre de l’Agriculture Adisu Legesse que 4,6 millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire, contre 2,2 millions en avril, et que 75.000 enfants sont en état de malnutrition sévère. Pour autant, les autorités rejettent l’hypothèse d’une grande famine comme celle des années 80. L’Éthiopie accuse même certaines organisations humanitaires d’exagérer la gravité de la situation pour provoquer des levées de fonds de solidarité: «Les ONG montrent des images d’enfants émaciés à la télévision, disant au monde que 6 millions d’enfants sont mal nourris et qu’il y aura une catastrophe s’ils ne reçoivent pas d’argent», indique Adisu Legesse, cité par le journal Christian Today. «Mais si nous apprécions l’assistance quand elle est nécessaire, nous ne voulons pas être utilisés comme une publicité pour lever des fonds sur de faux prétextes».

L’Éthiopie, le second pays le plus peuplé d’Afrique sub-saharienne, a d’après les Nations unies, annuellement besoin de 400.000 tonnes d’aide en nourriture, ce qui représente environ 200 millions d’euros, en particulier pour les régions les plus sévèrement touchées, au Sud et au Sud-Est du pays, à la frontière de la Somalie et du Kenya. «Nous avons importé de nouvelles technologies pour stimuler la productivité agricole : des engrais et des semences sélectionnées, parmi d’autres choses», indique le ministre. «Comme nous l’avons dit, notre objectif est de doubler la production de céréales pour atteindre aussi vite que possible les 30 millions de tonnes».

Parmi les moyens mis en oeuvre, le partenariat avec une entreprise israélienne pour la construction de systèmes d’irrigation. En Éthiopie, l’UNICEF est le principal fournisseur de produits nutritionnels thérapeutiques. L’organisation et ses partenaires – y compris les autres institutions des Nations unies et les ONG – travaillent en étroite coopération avec le Gouvernement éthiopien en vue de répondre rapidement et effi cacement à la crise.

 

L’Éthiopie 

Second pays d’Afrique avec sa population de 81 millions de personnes – et 7e pays le plus pauvre au monde – l’Éthiopie est une république parlementaire située dans la Corne d’Afrique, entourée à l’Est par la Somalie, au Sud par le Kenya, à l’Ouest par le Soudan, et au Nord par Djibouti et l’Erythrée.

Un des rares pays africains sans passé colonial, l’Éthiopie est devenue démocratique en 1991 avec la chute du bloc communiste russe et le départ de la junte socialiste dirigée par Mengistu Haile Mariam.

Elle est peuplée essentiellement de chrétiens orthodoxes et de musulmans, et vit essentiellement de son agriculture, qui emploie et nourrit 90% de la population. Sa principale production est le café, dont elle est le premier exportateur en Afrique.

Elle est également le premier pays africain pour l’élevage et l’apiculture. Malgré ces forces, l’Éthiopie reste économiquement enclavée du fait de l’inefficacité et de la lourdeur de l’État et de la faiblesse de ses infrastructures.