Le héron cendré est une espèce protégée en France. Cependant, il est abattu chaque année par des pêcheurs et des chasseurs qui l’accusent d’ingurgiter plusieurs kilos de poissons par jour. Et pourtant ce reproche est injustifié, car le héron n’aurait besoin que de 250 gr de poisson journellement et, ceci uniquement d’avril en mai, période essentielle pour la nourriture des oisillons. Les hérons se nourrissent principalement le reste de l’année de petits rongeurs.

C’est pourquoi cet oiseau ne concurrence pas sérieusement les pêcheurs. Il y a un siècle, ces oiseaux tendaient à disparaître. Au cours des dernières décennies, les zones humides avaient diminué en France et il ne restait qu’un tiers des hérons. Si aujourd’hui ces territoires humides ne couvrent plus que 3% de la superficie de l’Hexagone, ces écosystèmes, riches et variés, sont essentiels voire indispensables à la survie de la biodiversité et de l’homme.

MAUVAISE GESTION DES ZONES HUMIDES

 Ces oiseaux souffrent souvent des perturbations du climat. Des changements de paysages bouleversent leur habitat et le drainage des zones humides a largement contribué à la disparition de l’espèce. Cependant, certains arrivent à survivre malgré ces difficultés. D’autres catégories disparaissent petit à petit. Selon la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux), environ 50 % des espèces d’oiseaux dépendent des zones humides. Ces territoires humides sont entrain de s’assécher bien qu’abritant à peu près 30 % des espèces végétales uniques et menacées d’extinction et deux tiers des poissons consommés à ce jour. La nécessité de leur sauvegarde et de leur entretien apparaît évidente pour la planète.

D’autre part, une mauvaise gestion des zones humides peut-être grave. C’est la cause d’une mortalité de plus de trois millions de personnes dans le monde avec des maladies qui se propagent comme le paludisme, les affections diarrhéiques, la bilharziose, l’encéphalite japonaise, la filariose, l’onchocercose, etc. La LPO assure l’entretien et la survie des zones humides. Elle gère plus de 19.650 hectares de réserves naturelles humides, réparties sur plus de 130 sites.

CHAQUE OISEAU DONNE DES INFORMATIONS SUR L’HABITAT

Depuis peu, les hérons cendrés ont proliféré. Selon une étude récente, rendue publique au cours d’un séminaire à Auxi-le-Château, par le groupe ornithologique du Nord-Pas-de-Calais, qui mentionne: «Les colonies de hérons nordistes abritent désormais plus de 1.200 couples alors que leurs blanches cousines, les aigrettes garzettes, progressent régulièrement.» La coordination nordiste des Espaces Naturels Régionaux (ENR), indique que les oiseaux sont de bons indicateurs de l’état de santé des milieux humides et que chaque oiseau donne des informations sur l’habitat (qualité de l’eau et des milieux, abondance de proies, perturbation, etc.). Ces oiseaux seraient également des régulateurs des cours d’eau. Ils préserveraient et réguleraient la biodiversité.

UNE IMAGE STYLISÉE S’ÉLANCE DANS LE CIEL

Sur le plan de la beauté, il serait désolant que les hérons cendrés disparaissent car ils ont cette majestueuse prestance caractérisée par une image stylisée: «un long cou, un long bec, et de hautes pattes» qui remémorent les cigognes et leurs légendes ancestrales. La disparition des hérons créerait assurément un manque. Leur vision effleure nos mémoires du mythe des naissances.