La rentrée après le séisme du Sichuan: dure réalité

Écrit par Wen Hua, La Grande Époque
11.09.2008
  • Une mère pleure la mort de son fils décédé dans le tremblement de terre du 12 mai 2008 au Sichuan(Stringer: China Photos / 2008 China Photos)

Le 4 septembre dernier marquait le 113e jour après le tremblement de terre dévastateur dans la province du Sichuan, en Chine. C’était également la rentrée scolaire, de même que le jour où la Chine devait commencer à abolir les frais de scolarité obligatoires des enfants. Tandis que 11 687 écoles ont besoin d’être reconstruites et que le nombre exact de victimes des écoles effondrées demeure un secret, les lieux d’enseignement du Sichuan continuent de réclamer aux parents les frais de scolarité.

Les autorités cachent le nombre de victimes des écoles

Le 1er septembre, le premier ministre chinois, Wen Jiabao, a assisté à la cérémonie d’ouverture du site temporaire de l’école de premier cycle du secondaire de Beichuan, soit une des plus affectées par le séisme du 12 mai dernier. Selon les médias gouvernementaux, il s’agit de la quatrième visite de Wen à cette école. Ces médias ne mentionnent pas combien d’élèves y ont péri. Avant le désastre, l’école avait 47 salles de classe. Le nombre d’élèves était de 2793, et il y avait 197 membres du personnel. Il y avait une moyenne de plus de 50 élèves par classe et on estime que dans certaines classes, seulement un ou deux élèves ont survécu.

Dans un communiqué de presse du 31 août, le 44e publié par les autorités du Sichuan à propos du séisme ayant sévi à Wenchuan, le directeur du Bureau provincial de l’Éducation, Tu Wentao, a rapporté que 4675 écoles avaient été endommagées et que 3339 écoles devaient être reconstruites dans les régions les plus touchées. Dans le Sichuan, 13 768 écoles, au total, ont subi des dommages et 11 687 écoles doivent être reconstruites. En aucun endroit n’est-il mentionné le nombre d’élèves ayant péri dans les décombres.

Imposition des frais de scolarité malgré la politique d’État

Le 1er septembre, les autorités chinoises ont aboli les frais de scolarité pour les neuf années d’éducation obligatoires à la grandeur du pays, une mesure qui était déjà en vigueur dans les régions rurales. Il est estimé que 25 900 écoles urbaines et 28,21 millions d’élèves devraient profiter de cette politique. Ceci voudrait dire que le gouvernement chinois accomplirait la promesse de Wen Jiabao de mettre en place une «éducation obligatoire gratuite, tant à la campagne qu’à la ville».

Néanmoins le même jour, La Grande Époque a reçu une lettre d’un lecteur disant ceci : «Le premier ministre Wen a visité Mianzhu vers 15 h aujourd’hui. Ce qu’il ne savait pas c’est que l’école de premier cycle du secondaire de Mianzhu impose encore des frais de scolarité de 1100 yuans [172 $]. L’école de premier cycle du secondaire de Nanxuan réclame entre 550 et 1100 yuans par élève. Si les parents refusent de payer, ils se font dire de retourner chez eux et que l’inscription est impossible sans déboursement.»

Après-choc

Selon plusieurs reportages de médias étrangers, une quantité d’experts en séismologie ont prévenu le régime chinois du tremblement de terre et de son emplacement géographique. Les autorités n’ont pas divulgué ces informations pour préserver la soi-disant «stabilité préolympique». Durant les efforts de secours, l’efficacité de l’armée chinoise et leur compétence ont fait l’objet de sévères critiques. Beaucoup de victimes sont mortes parce que le régime a refusé l’entrée à des équipes internationales de secours durant les 72 heures suivant le séisme, soit la période critique. Le tremblement de terre du 12 mai au Sichuan a tué plus de 69 000 personnes et 18 000 sont encore portées disparues.

Les autorités locales et le ministère de l’Éducation ont ouvert une enquête pour déterminer ce qui a causé un si grand nombre d’élèves victimes. Des résidants jugent cependant que la procédure d’enquête formelle n’est pas respectée et que la transparence de l’enquête est en soi douteuse.