Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

L’ouïe est un bien précieux, sachez le préserver

Écrit par J-L Horvilleur, Guitar Part
18.09.2008
| A-/A+

  • oreille(攝影: / 大紀元)

Au temps des guitar-heroes, quand la magnificence d’un groupe se mesurait au nombre de « stacks » alignés sur scène on vivait dans la plus pure inconscience auditive. Passons sur la tentative de Manowar de figurer en 1994 au Guinness des Records, section niveau sonore déployé… Heureusement, ce genre de catégorie n’existe plus ! Le temps passe et les temps changent.

En théorie

Il n’y a pas que les bruits désagréables qui présentent un danger pour votre audition. Emporté par la musique, on fait moins attention ! Les mesures sur des personnes longtemps exposées à des niveaux sonores élevés montrent que les sons aigus sont plus dangereux et traumatisants que les graves. C’est vers 4 000 Hz (son metal !) que les cellules sensorielles contenues dans la cochlée sont les plus sensibles et les plus fragiles. Le son est un phénomène vibratoire, caractérisé par son intensité et sa fréquence.(1Hz = une vibration par seconde).

L’être humain jeune et en bonne santé perçoit les sons de 20 Hz à 20 000 Hz environ. Le décibel (dB) permet de quantifier son intensité, parce que son échelle, logarithmique, correspond à la progression de la sensation en fonction de la variation du niveau.  On utilise généralement le dB A, qui tient simplement compte de la plus grande fragilité de l’oreille aux aigus, pour mesurer la nocivité d’un son, et le dB C pour les niveaux de crête, ou quantifier la gêne. . Une augmentation de 3 dB correspond à une multiplication par deux de la pression acoustique, donc de l’énergie sonore, et correspondrait à…doubler le nombre d’amplificateurs ! Ainsi, 80 dB + 80 dB = 83 dB !

Principe de précaution !

Nous ne sommes pas égaux devant la quantité de dB, pas plus que devant le risque de coup de soleil. Impossible de prévoir quelle sera l’atteinte en fonction de la « dose » pour une personne donnée, mais il est bon de connaître certaines références. Le décret du 19 juillet 2006 stipule qu’à partir de 8 heures d’exposition à un niveau sonore continu équivalent de 80 dB A, ou 135 dB C en crête, il existe un risque auditif et que des mesures de prévention doivent être prises (formation, information, proposition de suivi médical).

À partir de 85 dB A (ou 137 dB C en crête, soit le niveau d’une caisse claire) il faut prendre des mesures techniques de réduction du bruit, d’organisation du travail. Le suivi médical est alors renforcé… L’employeur doit veiller au port des protecteurs auditifs, et a une obligation de résultat… La valeur limite d’exposition quotidienne est de 87 dB A, ou 140 dB C en crête, protections comprises. Ces dispositions, en vigueur dans le monde du travail classique,  sont étendues au secteur de la musique et des loisirs depuis le 15 février 2008.

Le risque

Qui n’a pas eu, au sortir d’une soirée, les oreilles qui sifflent, c’est-à-dire un acouphène, sensation sonore ne provenant pas de l’extérieur, avec une hypoacousie, impression de tout entendre moins fort (moteur, radio, etc.) et même pour certains une sensation d’oreille « bouchée par du coton » ? Ce sont des signes de souffrance de l’oreille, et sachez que si ce genre de symptôme persiste plus de 48 heures, il s’agit d’un traumatisme sonore aigu et d’une urgence thérapeutique. Il faut réagir au plus vite ! Plus précoce est le traitement, meilleures sont les chances de récupération. Tiens, j’en vois qui respirent : « Si je récupère, ce n’était que de la fatigue auditive »… Eh bien, pas vraiment…

En fait, tout compte : l’intensité, la durée et la répétition de l’exposition. L’oreille s’abîme déjà, petit à petit, par vieillissement naturel (presbyacousie), mais en cas de sur-stimulation, d’autres phénomènes peuvent intervenir. Les cellules ciliées externes, spécialisées dans la réponse à une fréquence, pourront voir leurs cils arrachés par la violence de leurs mouvements (voir photo ci-dessous). Il n’est pas possible, à l’heure actuelle, de réparer. La vie de tous les jours pourrait en être affectée. C’est votre propre rapport signal-bruit qui serait dégradé…

Bien entendu, on dispose d’aides auditives, avec amplification potentiellement puissante, DSP, traitements du signal en temps réel, compressions… Mais, malgré la performance du matériel, le résultat après rééducation sera tributaire de ce qu’il restera d’audition. Il faut aussi parler de ceux qui, après exposition à des niveaux excessifs, souffriront d’hyperacousie, soit la perception des sons à un niveau plus élevé que la réalité. Dans les cas graves, tout bruit peut même devenir pénible,  insupportable ou douloureux…

Jusqu'où aller ?

La solution la plus efficace est une retenue à la source : limiter le niveau. Un vrai ingénieur du son soignera sa balance, maniant magistralement le master volume. Un guitariste aimant les amplis furieux pourra s’offrir un atténuateur de puissance (Power Brake). Un local de répétition ou lieu concert pourra être aménagé, acoustiquement. Sachez aussi qu’on trouve facilement des sonomètres et ce, à partir d’un prix, assez modique …

On pourra aussi  augmenter la distance par rapport à la source. En plein air, en la doublant, le niveau sonore diminue de 6 dB !

Un excellent principe, est l’aménagement de pauses, (10 minutes de repos auditif, pendant un concert, permettent aux mécanismes de réparation d’agir), d’autant plus que de processus physiologiques de protection peuvent donner envie de monter peu à peu le niveau sonore pour maintenir la sensation. Le risque d’atteinte auditive croît très vite avec la durée (le temps d’exposition doit être divisé par deux à chaque augmentation de 3 dB). Il faudra prévoir des périodes de récupération les lendemains de concerts…

Quant au baladeur, il vaut mieux le manier avec des pincettes, même si son niveau de sortie est limité par la loi. Et attention en achetant un nouveau casque : un rendement supérieur peut booster le niveau de sortie !

Poussons le bouchon

Un petit tour d’horizon des protections disponibles s’impose. Commençons par le casque. Passif, il n’est pas très linéaire, déforme beaucoup le son, et sera surtout efficace contre les hautes fréquences, donc bien adapté au bricolage, jardinage, etc. Des techniciens du son et batteurs l’apprécient.

La paire de « bouchons » est ce qu’il y a de plus courant. Elle peut être pré-moulée en mousse polyuréthane, efficace (par exemple, réduction du bruit de 35 dB), en silicone souple, en fibres minérales ou végétales, enrobés ou non de ce matériau de synthèse. Jetables, toutes sont d’un rapport sécurité-prix inégalé mais déforment quelque peu le son.

Pour quelques dizaines d’euros la paire, viennent ensuite des modèles « standard », réutilisables, employant un système passif avec des filtres acoustiques, doublés ou non de membranes (et/ou avec des chambres de résonance, comme dans une guitare sèche…). Ainsi, le son arrivant au tympan, atténué en général de 9,15, ou 25 dB au choix, sera proche du timbre naturel.

Pour une centaine d’euros la paire vient ensuite le «sur mesure». Le filtre sera intégré dans un embout acrylique ou silicone, moulé selon votre anatomie. La prise d’empreintes nécessaire à sa réalisation devra être confiée à un professionnel (audioprothésiste). Il pourra, dans sa cabine insonorisée, contrôler l’efficacité de votre protection.

Les professionnels, emploient souvent des retours actifs « ear monitors », standard ou sur mesure ils sont réglables.

Il ne faut pas confondre quantité et qualité sonore. Comment savoir si l’on court un risque ?  S’il y a besoin  de crier pour communiquer, sortez…

Extrait de « A bon Entendeur » J-L Horvilleur Audioprothésiste d.e. Guitariste « metal »  première parution dans Guitar Part 160

Retrouvrez le texte intégral

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.