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Spéculations à tout-va sur la santé de Kim Jong-Il en Corée

Écrit par Aurélien Girard, La Grande Époque - Paris
24.09.2008
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  • Défilé des gardes rouges nord-coréens(攝影: / 大紀元)

  Les rumeurs diverses et les hypothèses les plus folles courent parmi l’opinion sud-coréenne depuis l’absence remarquée du dictateur nord-coréen Kim Jong- Il aux cérémonies du 60e anniversaire de la création de l’état staliniste nord-coréen. Il ne fait pas de doute pour les services de renseignement sud-coréens que le leader a été victime d’une attaque cérébrale, mais son état actuel reste l’objet de conjectures sans fin.

Entre risque d’embrasement militaire soudain entre les deux Corée et fin du régime nord-coréen, les hypothèses se multiplient et échauffent tant les esprits que le gouvernement sudcoréen a dû recommander la réserve et la prudence. La Corée du Nord, elle, tente de mettre fin à l’incertitude… en reprenant son programme nucléaire.

Le quotidien Chosun Ilbo se fendait la semaine dernière d’un éditorial intitulé: «Nous devons être préparés à l’écroulement de la Corée du Nord». C’est que depuis plusieurs semaines, les rumeurs les plus diverses courent sur la santé de Kim Jong-il. Si l’information d’un accident vasculaire cérébral semble aujourd’hui fiable, aucune ne filtre sur les séquelles de l’accident et l’état de santé du dictateur. Depuis le 14 août, Kim Jong-Il n’est plus apparu en public. D’après les services de renseignement sud-coréens, Kim se remet d’une attaque cérébrale.

Les autorités nord-coréennes gardent sur le sujet un silence minutieux, une de leurs seules déclarations à cette date étant celle de Kim Young-nam, vice-chef d’Etat Major, qui a – sans grand effort de convaincre – indiqué à la presse internationale que Kim Jong Il allait « parfaitement bien ». Il n’est pourtant absolument pas envisageable que le « cher dirigeant » ait pu être absent sans raison extrêmement sérieuse aux défilés-anniversaire de l’Etat nord-coréen – célébration qui est également un outil de propagande et de glorification indispensable à la stabilité de son pouvoir. Kim Jong-il, 66 ans, a déjà des antécédents de maladies cardiaques : il a été examiné en 2006 à Pékin pour des problèmes cardiovasculaires et métaboliques et, croit savoir le Chosun Ilbo, a subi un pontage coronarien par des médecins allemands en mai 2007.

Son style de vie, tel que rapporté par des call-girls et par son ancien cuisinier japonais, explique pleinement ce type de pathologie : chaque fin de semaine, festins comparable à des orgies, grands excès d’alcool, prostituées… un train de vie de chef de la mafia russe alors que les Nord-coréens meurent de faim et dépendent de l’aide alimentaire envoyée par Séoul.

CONTRE L’ÉCHAUFFEMENT DES ESPRITS

Les deux gouvernements sud et nordcoréens tentent actuellement de leur mieux de couper court aux spéculations sur la santé de Kim. Le Nord pour garantir la stabilité du régime, le Sud pour éviter ce qui serait perçu comme une provocation. Le ministre sud-coréen de l’Unifi cation, Kim Ha-joong a d’après le Chosun Ilbo indiqué le 18 septembre au Comité sur l’Unification, les Affaires Etrangères et le Commerce à l’Assemblée Nationale que, même si les informations quant à une dégradation de l’état de santé de Kim jong-il sont plausibles, le silence reste sage: «Pour le Nord, en parler malgré les dénis du régime nord-coréen pourrait sembler être une agression contre le chef suprême», insiste le ministre.

«Parler de la possibilité d’un effondrement du régime nord-coréen ne peut qu’être au détriment des relations intercoréennes et ne nous aidera pas du tout», ajoute-t-il. Même son de cloche de la part du Premier ministre sud-coréen, Han Seung-soo, pour qui «personne ne sait comment la situation va évoluer» et qui insiste sur la nécessité de préparations silencieuses à tous les scénarios possibles. «Ne provoquez pas la Corée du Nord en divulguant plus d’information que nécessaire», aurait-il recommandé à son cabinet suite à la fuite révélant qu’une équipe de neurochirurgiens chinois envoyés par Pékin sont à Pyongyang depuis un mois pour suivre l’état de santé du dictateur, signe que celui-ci ne s’améliore pas.

LA QUESTION DE LA SUCCESSION

Que Kim Jong-Il se remette pleinement ou pas, la question de sa succession est donc clairement posée. Pas de dauphin désigné, pas de choix évident, ce qui annonce des luttes de pouvoir pour la succession, que celle-ci soit désignée ou laissée en suspens. Car même si Kim venait à nommer un de ses trois fi ls, l’armée pourrait choisir d’intervenir.

Dans tous les cas, une période incertaine s’ouvre pour la péninsule coréenne. Certains analystes imaginent déjà une période «post-Kim» sous la botte des militaires nord-coréens, comme l’éditorialiste du Chosun Ilbo, qui s’interroge: «Que feront alors les 1,17 millions de militaires nord-coréens, équipés d’armes nucléaires, chimiques et biologiques?» Le quotidien conservateur Dong A se fend même de parier que le successeur de Kim sera le Général Hyon Chol Hae, fi dèle parmi les fidèles, ceci sur la base d’un rapport de l’administration sud-coréenne montrant qu’il est, parmi la trentaine de «favoris», le militaire le plus souvent vu aux côtés de Kim Jon-il dans les événements publics.

Pourtant, un ancien haut-responsable du Parti des Travailleurs nordcoréens, réfugié en Corée du Sud depuis une dizaine d’années, dit à l’agence de presse Yonhap ne pas croire à un scénario militaire. Hwang Jang-yop, rappelle que Kim Jong-Il a gardé un étroit contrôle sur le commandement de l’armée et qu’il y a donc « peu de chances pour que les militaires tentent de prendre le pouvoir. Kim a contrôlé tous les grades, et aucun d’eux n’a à se plaindre du régime. » A contre-pied des espoirs des éditorialistes sud-coréens, Hwan Jang Yop ne croit pas à une chute du régime et à une réunifi cation prochaine: «L’équipe gouvernementale de Kim dirige déjà et il est dans leur intérêt que le gouvernement continue. Sa mort ne conduirait ni au chaos ni à la rébellion. Seulement à un deuxième transfert héréditaire de pouvoir.»

La Corée du Nord, à force de lavages de cerveau, est en effet dans une vision quasi-religieuse de ses dirigeants, et la lignée Kim pourrait donc continuer de tracer son sillon. Kim Il-sung d’abord, suivi de son fi ls Jong-il, suivi de ? Pour le transfuge politique, la succession la plus probable serait le fils aîné de Kim Jong-il, Kim Jong-nam, 37 ans. « Il a le soutien de Pékin, et celui de Chang Sung-taek », l’influent beau-frère de Kim-Jong Il. Cette hypothèse est-elle en train de devenir le scénario le plus probable?

Le 17 septembre, le quotidien Chosun annonçait que Kim Jongnam avait quitté Pyongyang pour Pékin, ce qui pourrait présager d’une rencontre d’adoubement par l’indispensable grandfrère chinois. Reste en fi ligrane l’hypothèse, le rêve vieux de 60 ans, d’une réunifi cation des deux Corée, miroir asiatique de la réunifi cation de l’Allemagne à la fi n des années 1980. Un futur commun pour 75 millions de Coréens. L’annonce, vendredi 20 septembre de la ré-activation de la centrale nucléaire de Yongbyun par le régime nord-coréen, ne permet pas de s’appuyer sur cet espoir. L’annonce provocatrice, épicée d’une déclaration indiquant que la Corée du Nord ne souhaite pas quitter la liste américaine des nations terroristes, répond bien sûr au besoin impérieux de montrer que la Corée du Nord n’est pas à la dérive sans Kim Jong-il.

Elle s’appuie sur le fait que les Etats-Unis n’ont pas, depuis la signature au printemps de l’accord de démantèlement de l’arsenal nucléaire nord-coréen, retiré l’état stalinien de la dite liste. Ceci s’expliquait, pour Washington, par le besoin préalable de vérifi er sur place la réalité des efforts de dénucléarisation. En cas de reprise du programme nucléaire, la Corée du Sud a annoncé qu’elle interromprait ses envois d’aide humanitaire à sa soeur du Nord. La réunification semble bien loin. Dans le plus optimiste des scénarios, les obstacles seraient innombrables. Décès nécessaire de Kim Jong-il, faibles chances de passage de fl ambeau à un leader progressiste, forte probabilité d’efforts de sape par Pékin qui ne souhaiterait pas partager ses frontières avec une grande Corée démocratique, poids économique phénoménal de la réunifi - cation… Mais à en juger par l’effervescence populaire, pour les Coréens, cet espoir de redevenir un même peuple n’a pas de prix.

  

 

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