Évolution de la préservation environnementale en 2008 La directive REACH: Saura-t-on sagesse garder?

Écrit par Henri Durrenbach
26.09.2008

  • u00ab Cette fois-ci, je crois bien qu’on va réussir à le piéger ce fichu CO2 ! » (dessin par Bourgey)(攝影: / 大紀元)

La montée exponentielle des émissions de gaz à effet de serre dues à la quasi explosion de l’activité humaine industrielle, tant civile que guerrière, rarement évoquée quoique radicalement impossible à éluder, sollicitant au-delà de leur capacité de «réponse» les processus de compensation naturelle de la planète, s’ajoute à un phénomène cyclique de réchauffement climatique, d’une périodicité d’au moins 40.000 ans selon les spécialistes de ce type d’observation scientifi que et coïncidant avec notre temps, comme indiqué lors d’assises du Bureau des Longitudes de l’Académie des Sciences, le 18 juin 2008.

 

Il en résulte, en plus de la fonte accélérée des calottes glaciaires, spécialement arctique et des glaciers de montagnes, des migrations massives de faune terrestre et marine au détriment de la biodiversité, sans compter bien d’autres dommageables retombées écologiques encore… Certes, il y a déjà quelque vingt années que des organisations, institutions ou organismes d’audience mondiale, en nombre perpétuellement croissant, assistés de bureaux d’études et laboratoires divers ont pris conscience de la gravité du problème et de l’urgence d’y porter remède ou d’en limiter les effets, sans être cependant universellement entendus… pour le moment, spécialement de certaines nations émergentes correspondant globalement à des niveaux de peuplement très largement supérieurs à ceux de l’Occident…

 

2008, année cruciale 2008 est l’année à partir de laquelle est réputée devoir être mise en oeuvre au plan pratique toute une nébuleuse de projets et d’actions, dont certains peuvent se chevaucher; c’est par conséquent aussi celle du «feu vert» donné à une multitude d’entreprises ou groupes industriels de potentialités diverses, parmi lesquels fi gurent les plus puissants, qui n’attendaient que de se lancer dans l’exploitation la plus élaborée – et donc à frais maximum – du marché mondial naissant de la préservation de la «nature» et de «l’environnement». Bien sûr, guère d’interventions en direction de «l’amont» par le rappel des solutions très prometteuses écartées inconsidérément il y a plus de soixante ans et tombées dans un quasi oubli; il est cependant bien clair que la limitation en «aval», très artifi cielle et logiquement très coûteuse des nuisances d’une économie mondiale désormais déboussolée ne peut pas ne pas avoir, peut-être déjà à court terme, ses… limites.

 

LES PROCÉDURES ENVISAGÉES CAPTURE ET STOCKAGE DU CO2

La teneur moyenne de l’atmosphère de la planète en CO2 (ou gaz carbonique) est susceptible d’atteindre les 650 ppm si rien ne change d’ici à 2100, avec élévation concomitante de la température moyenne de quelque 5,8 °C, ce qui serait tout à fait insupportable. Il est convenu de considérer que tout doit être fait pour «ramener» le taux de CO2 à 380 ppm (il dépasse actuellement nettement les 400 ppm). Une des premières procédures envisagées a donc été la capture et le stockage du CO2, par enfouissement sous haute pression ou éventuellement après liquéfaction dans des fosses naturelles souterraines ou sous-marines aptes à s’en gorger durablement, ou encore dans des gisements de pétrole ou de gaz naturel en voie d’épuisement ou des veines de charbon inexploitées.

 

L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), entourée de ses partenaires traditionnels, y avait consacré des journées à Paris en 2005, dont nous avions rendu compte (cf. Le problème planétaire du CO2, La Grande Époque n° 48, 23- 29 novembre 2005). En 2008, notre confrère Métro a consacré à ces aspects la page 8 de son édition du jeudi 12 juin.

 

Il répercute certaines inquiétudes sur la fortune et la sécurité des procédés imaginés, tant dans leur mise en oeuvre technique proprement dite que dans les risques de pollution à terme des eaux souterraines qui pourraient en résulter. Mais beaucoup des actions entreprises sont du domaine de la sensibilisation et de l’encadrement juridique, annoncé comme devant devenir particulièrement contraignant à partir de juin 2008; nous en citons quelques unes, pour ce qui est de la France, correspondant toutes à la mise en application pratique, autant que faire se peut, des décisions du «Grenelle de l’Environnement» (Paris, 24-26 octobre 2007): – maîtriser la révision et le suivi des plans d’élimination des déchets ménagers, dangereux, BTP, deux journées à Paris 12e les 29 et 30 janvier 2008, organisées par l’ADEME en collaboration avec le ministère de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement durables (MEDAD), – collectivités locales et DEEE des ménages, une «Journée technique nationale» organisée à la Maison de la Chimie à Paris, le 5 février 2008, un an après la réorganisation et restructuration complète de la collecte et du retraitement des Déchets des Équipements Électriques et Électroniques (DEEE ou D3E) des ménages, afi n de faire face plus effi cacement au déluge démentiel de tels objets devenus hors d’usage et envahissant irréversiblement les décharges (cf. L’hallucinant envahissement des D3E, La Grande Époque n° 75, 7-13 juin 2006).

 

Les 7 et 8 février 2008 avaient lieu à nouveau à Paris 12e deux journées de portée beaucoup plus générale, les 2e rencontres des administration et collectivités Éco-responsables, qui correspondent à une véritable entreprise d’éducation des 55.000 collectivités françaises productrices de déchets, selon la diversité de leurs activités; elles sont donc conviées à modifi er leurs comportements habituels dans le sens de l’éco-responsabilité, ce qui équivaut à mieux acheter en favorisant les écoproduits, réduire les consommations d’eau, d’énergie et de papier, améliorer la gestion du patrimoine bâti ou non, gérer au mieux les déplacements, sensibiliser et former les personnels.

 

Depuis 1992, la France s’est engagée à promouvoir le développement durable, en signant la déclaration de Rio et en adoptant «l’Agenda 21», programme d’actions pour le 21e siècle tendant à la lutte contre le changement climatique et à la protection de l’atmosphère, à la préservation de la biodiversité, du milieu et des ressources, à l’épanouissement des personnes humaines, à la cohésion sociale et à la solidarité entre générations, sans compter nombre d’autres mesures très généreuses aux plans politicosocial, moral et humain… étendues autant que possible au monde entier, ce qui suggère combien il reste à faire universellement.

 

Plus près de nous intervenait, le 27 mai dernier à Paris 12e la Journée technique ADEME, Biosolvants solvants environnement, où déjà était introduite la directive REACH (Registration, Evaluation, Authorization and Restriction of Chemicals ou Enregistrement, Évaluation, Autorisation et Restrictions relatifs aux substances chimiques), sur laquelle nous revenons plus loin de façon plus détaillée. Sous-titrée «Enjeux & Opportunités», cette journée avait pour but de sensibiliser au rôle prédominant des solvants dans toute activité et tout usage, industriels ou autres, et d’inciter au remplacement progressif des solvants issus de la pétrochimie par des produits d’origine végétale, moins «agressifs» envers l’environnement.

 

Le marché est d’environ 4.100.000 tonnes pour l’Europe, dont 41 % entrent dans les seules peintures; quelque 300 substances d’origine pétrochimique, volatiles ou non, sont pour l’instant concernées, un solvant est une substance capable de dissoudre les solides insolubles dans l’eau; son emploi comporte des impacts environnementaux et sanitaires. C’est en raison de ces impacts que la directive REACH, la future ossature juridique (et inévitablement bureaucratique?) de la préservation environnementale de demain exige, pour toute production supérieure à une tonne par an, le préenregistrement des produits en cause, du 1er juin 2008 au 30 novembre auprès de l’Agence européenne des produits chimiques (AEPC). Les problèmes qui s’ensuivront, au niveau des producteurs à qui il appartient d’apporter la preuve de l’innocuité de leurs produits, de l’importation de solvants venus de l’étranger, de la réglementation applicable aux produits devenus déchets, … et des contributions fi nancières très conséquentes à verser promettent un avenir complexe et mouvementé aux très vertueuses dispositions en train de se mettre en place. Dans cette même logique, l’ADEME a encore, les 4 et 5 juin derniers organisé deux Journées à la Maison de la Chimie à Paris sur le thème «Produits ‘verts’ & achats des entreprises». Il s’agissait des 2e rencontres nationales sur ce sujet, placées résolument dorénavant dans le contexte des nouvelles orientations environnementales en passe d’être imposées.

 

EN GUISE DE CONCLUSION

À l’évidence, l’augmentation rapide et donc très sensible du taux de gaz carbonique, principal mais non seul gaz à effet de serre dans l’atmosphère, en corrélation indiscutable avec l’intensifi cation de l’activité humaine à partir de 1850 et venant accentuer un phénomène naturel de réchauffement climatique, est à l’origine de tous les dérèglements que l’on cherche à pallier. Aucun recul ne permet d’affi rmer que la capture et le stockage du CO2 atteindront sérieusement leurs objectifs, ni pour quelle durée. Puisqu’il n’est pas question de remettre en cause la société de consommation et qu’il paraît exclu, du moins en Occident, de recourir à la fi lière nucléaire civile des réacteurs à sels fondus (RSF) de thorium, laissée «en friche» au stade pilote ou de tirer parti des remarquables travaux du Docteur Jean Laigret (fermentation anaérobie de toute biomasse), il reste à se contenter de procédures compensatoires pouvant devenir économiquement intolérables. Il reste de plus à craindre que les nations émergentes déjà évoquées ne fi nissent par reprendre à leur compte ce dont l’Occident n’a pas voulu, le mettant dès lors dans une situation d’isolement économique sans précédent…