Construction d’un camp de chasse métis

Écrit par Pascal Huot et Mathieu Tremblay, Collaboration spéciale
29.09.2008

 

Traditionnellement, les Métis érigeaient leur camp de chasse afin de s’abriter et pour vivre en forêt.

C’est à la fin de l’hiver 1980 qu’André et René Tremblay, deux frères de Chicoutimi, procèdent à l’érection d’un camp de chasse traditionnel métis au lac Balancine, petit plan d’eau sauvage situé au pied du mont Valin.

  • Camp de chasse métis (攝影: / 大紀元)

Comme l’indique René Tremblay, l’emplacement du camp est choisi parce ce que c’est «une pointe où on a un accès facile à la pêche et à la chasse». Ils commencent par abattre les épinettes sur place afin de dégager le site. Durant plusieurs fins de semaine, André et René, accompagnés de quatre personnes, s'activent à la construction du camp. Ce dernier est monté «poutre sur poutre» avec les arbres qui ne sont pas écorcés, cette technique étant impraticable l’hiver.

Un des traits d’architecture moderne de ce camp est l'emploi de la tôle pour le recouvrement du toit. Cette adaptation est rendue possible grâce à la disponibilité des motoneiges pour le transport des matériaux. La structure du camp complétée, ils le laissent se stabiliser sur le sol jusqu’à la fonte des neiges. Le printemps venu, il est possible d’y construire un plancher droit et de compléter son aménagement fonctionnel comprenant quatre lits, un comptoir avec évier ainsi qu’un poêle à bois.

Chose certaine, la réalisation d’un tel camp ne s’improvise pas. D'abord, c'est leur oncle maternel Joe Lavoie, un bûcheron métis «très habile, avec rien d’autre qu’une hache et un marteau», qui leur montre comment travailler. «C’est lui qui nous a montré comment travailler avec rien dans l’fond, travailler en forêt.» L’oncle leur transmet avec le temps, outre le savoir-faire indispensable, le goût de la forêt et le mode de vie qui en dépend. Ensuite, un collègue de travail d'André agit en maître d'œuvre de l’ouvrage. Comme celui-ci avait déjà réalisé plusieurs camps similaires, il guide l’ensemble des travaux et conseille les apprentis.

Ce camp de chasse métis possède d'abord une valeur pratique, mais revêt également une portée symbolique comme l’explique René : «Ça c’est clair que c’est très utile, mais c’est aussi notre premier camp. Il avait aussi beaucoup de valeur pour nous autres, on y tenait parce que c’est un modèle historique. C’est le camp que nos ancêtres utilisaient ici et les vieux de notre communauté il y a 100 ans, 150 ans, il y a 200 ans, ça cabanait comme ça, ça vivait comme ça.»

Ainsi, il est primordial pour les frères Tremblay de conserver ce type d’abri, cet élément important de leur identité métisse qu’ils nous ont présenté avec fierté dans le cadre du projet d’inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel.

Hier comme aujourd’hui, cette manière métisse d'habiter en forêt, à mi-chemin entre celle des premiers Canadiens et celle des Amérindiens, est utilisée par plusieurs, car elle est adaptée aux ressources du territoire forestier et aux activités qui en découlent.