Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

L'effet Lucifer

Écrit par Leonardo Vintiñi, La Grande Époque
30.09.2008
| A-/A+

  • (攝影: / 大紀元)

 

 «Le monde est un endroit dangereux, non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et ne font rien»

 - Albert Einstein

«Pris dans une situation qui menace  notre survie , nous cherchons  le moindre signe d'espoir -le moindre  indice que notr  situation peut s'améliorer. Quand un criminel a envers sa victime un petit geste de gentillesse, même si le geste est intéressé, la victime le voit comme un trait  positif de la personnalité du geôlier. Lors de prises d'otage criminelles ou  à la guerre, le simple fait de garder en vie la victime est souvent suffisant pour provoquer cette interprétation» écrit le Docteur Joseph M. Carver dans son article  Love and Stockholm Syndrome: The Mystery of Loving an Abuser.

A l'exemple de nombreux otages des FARC (Forces armées Révolutionnaires de Colombie), ou de la célèbre  Patty Hearst (héritière d'un magnat de la presse)  après qu'elle ait été enlevé par  l’Armée de Libération Symbionaise (ALS), certaines otages,  développent  un état  psychologique connu sous le nom de  syndrome de Stockholm -  en référence à un événement d' août 1973 survenu en Suède où des criminels  ont  gardé des otages dans la banque Kreditbanken de Stockholm pendant six jours.

Quand la police est venue pour libérer ces personnes  retenues depuis 131 heures qui avaient subi des  menaces violentes et des  mauvais traitements, ces otages ont eu peur des forces de l'ordre. Ils en étaient venus à croire que leurs ravisseurs les protégeaient de la police. Plus surprenant encore, une des otages s'est fiancée à son ravisseur tandis qu'un autre a aidé les criminels à se défendre lors de leur procès.

Un tel comportement semble  déphasé dans pareilles situations.  Qu'est-ce qui peut bien pousser  un individu à  soutenir ou même à protéger son ravisseur? Selon la psychologie moderne, l'explication la plus rationnelle du  Syndrome de Stockholm réside dans la peur naturelle que les victimes développent du fait des risque physiques auxquels elles sont exposées, ce qui crée une soumission  totale à leurs ravisseurs. Dans ces conditions, la victime  restructure son système de valeur dans la confusion, allant jusqu'à défendre inconsciemment les objectifs de son ravisseur.

L'expérience de Milgram

Certains, comme le  Docteur Carver,  croient que les symptômes du Syndrome de Stockholm peuvent se développer également dans des relations interpersonnelles violentes, telles celles de  femmes battues qui refusent de porter plaintes contres leur  conjoints violent, malgré des années de violences psychologiques et  physiques. Si de pareilles circonstances n'arriveront pas à la majorité d'entre nous, d'autres situations impliquant une puissante figure d'autorité  peuvent toujours provoquer des comportements inattendus.

L'expérience de Milgram, un  test psychologique développé en 1961 par un scientifique  de ce nom, a choqué la communauté scientifique à cause de ses implications pour les individus dits mentalement stables.

Une année après l'exécution d' Adolf Eichman, lieutenant-colonel nazi et artisan de la shoah, Stanley Milgram s'est demandé comment c'était possible pour des personnes mentalement stables, voire pacifiques, de se pervertir au point de participer à un génocide.

 

Avec cette idée en tête, Milgram a recruté  de nombreux volontaires,  mentalement sains, pour  faire un test. Le sujet  appelé «enseignant», devait administrer des décharges électriques  à un autre sujet appelé «apprenant», chaque fois que ce dernier donnait des réponses inexactes à une question. A chaque réponse incorrecte, la  décharge électrique  serait  plus forte et les cris et les supplications de l'apprenant correspondraient à l'intensité croissante de la  décharge électrique.  On a dit aux enseignants qu'ils aidaient à développer un nouveau système d'apprentissage, mais ils ne savaient aucunement que les   chocs électriques qu'ils administraient étaient fictifs, ni que l'apprenant était un acteur professionnel.

Malgré les cris de douleur  de l'élève, l'enseignant a continué à administrer des chocs de plus en plus douloureux. Bien qu'au départ la majorité des 40 psychologues évaluant le projet aient prévu qu'aucun des enseignants ne continuerait l'expérience au delà de 150 volts,  deux personnes sur trois des participants, obéissants aveuglements  aux injonctions de l'expérimentateur  «que l'administration des chocs électriques devait continuer,» ont appliqué le voltage maximum possible - soit 450 volts.

L'expérience de Milgram  a soulevé des questions effrayantes:  une  personne apparemment normale peut-elle développer une personnalité sadique lorsque son environnement est malsain? Et cette  faiblesse de l'esprit est-elle un trait partagé par tout le monde?

Aux ordres de  l'Officier Scott 

Ce phénomène a connu une illustration frappante  dans les années 1990  lorsqu'un personnage du nom de «l'Officier Scott» a commencé à appeler des restaurants (fast food) aux  Etats-Unis. Feignant d'être un policier local et  en possession d'informations clefs sur chaque restaurant - comme les noms des directeurs, les surveillants et les employés – l'officier Scott arrivait à pousser les gens à adopter des comportements scandaleux.

Après s'être présenté  au téléphone à un McDonald dans le New Hampshire, par exemple, l'officier Scott a accusé une  nouvelle employée d'avoir volé un porte-monnaie. Il a demandé  à la directrice adjointe d'appeler la jeune femme dans  son bureau . La directrice adjointe, obéissant docilement à la voix au téléphone, l'a  appelée et a fermé la porte. On lui a ordonné de  dépouiller la jeune femme de tous ses vêtements sauf son tablier, pour trouver  trace de l'objet prétendument volé. L'officier Scott avait convaincu la directrice adjointe qu'il avait  la direction de McDonald sur l'autre ligne, ainsi que le directeur  du restaurant. La directrice adjointe a même cru avoir entendu les radios de la police en l'arrière-fond,  ce qui ajoutait à  l'authenticité apparente de l'histoire.

Dans les douzaines d'autres cas impliquant des restaurants à travers le pays entre 1995 et 2005, les demandes de l'officier Scott sont devenues de plus en plus terribles, et pourtant ses victimes, ont suivi ses ordres systématiquement. Convaincues qu'elles suivaient les instructions d'un policier réel, beaucoup de victimes de l'officier Scott ont dû répondre d'accusations de sodomie, de viol et d'autres crimes, des mois plus tard devant la justice. D'autres victimes de l'officier Scott ont vu leurs conjoints  demander le divorce après  avoir vu les enregistrement vidéo qui montraient les conséquences de ces conversations téléphoniques. 

La directrice d'un des restaurants s'est même laissée convaincre de se déshabiller devant un client que son interlocuteur lui a dit être un possible délinquant sexuel. L'officier Scott a promis que la police débarquerait aussitôt et arrêterait le client dès qu'il essaierait de  l'agresser. La directrice fut étonnée de ne jamais voir la police arriver.

 

Les  officiers de police - les vrais - soupçonnaient  l'officer Scott d'appeler depuis le trottoir d'en face des restaurants, en utilisant des jumelles. Ils se sont rendus compte plus tard qu'il s'agissait d' un maître escroc. Les employés des restaurant qui ont parlé à l'officier Scott ont dit qu'il était exceptionnellement convaincant et parlait d'une voix calme et autoritaire comme un vrai policier. Il en savait énormément sur les endroits qu'il appelait et utilisait souvent le jargon policier.

 

Finalement la police  a identifié un agent de sécurité comme étant  le triste individu  « officier Scott » après l'avoir vu sur un enregistrement  de sécurité d'un magasin Wal-Mart,  achetant la carte téléphonique utilisée dans ses machinations coercitives. L'avocat  d'une des victimes l'a décrit comme « un  phénomène qui se prend pour  Dieu. » Et pourtant, malgré ses actions répétées, il n'a jamais été reconnu  coupable d'aucun  délit.

 

Pour nombre de  spécialistes, durant la révolution communiste, beaucoup de  Chinois qui  ont détruit des monuments sacrés, ou tué les prétendus ennemis du peuple, avaient eu leur personnalité  altérée. Ces gens n'étaient plus des individus rationnels, mais  des automates dépourvus d'esprit, obéissant totalement à un régime autoritaire.

Mais ce comportement n'est pas une exclusivité du maoïsme chinois. En fait, les dictateurs de par le monde semblent avoir bien compris  ce phénomène psychologique et l' ont utilisé à plusieurs reprises à leur avantage. Certains sont capables de contrôler leur population avec une telle habileté que même ceux qui au départ étaient  des sceptiques, soumettent sans tarder leur volonté à  leur idéologie  envahissante et perverse. « L'effet Lucifer » est le nom que Phillip G. Zimbardo donne à ce  phénomène.

 

Dans son livre de 2007  The  Lucifer Effect , Ph. Zimbardo explore la transformation d'un individu face à une influence insidieuse.

En 1971, Ph. Zimbardo a conduit l'expérience controversée de la prison de Stanford, dans laquelle des étudiants ordinaires jouaient des rôles  de  prisonniers ou de surveillants. L'expérience devait durer deux semaines, mais Ph. Zimbardo a dû l'arrêter au bout de seulement  six jours parce que  nos gardiens  devenaient sadiques, nos prisonniers dépressifs  et montraient en plus des signes de stress extrême. »

 

Il déclare, cependant, que nous pouvons résister aux  influences externes indésirables sur notre comportement par des actes  héroïques. «Pour chacun d'entre nous, il ya a trois possibilités : être passif et ne rien faire, devenir mauvais, ou devenir des héros. J'admire ces héros anonymes, des  gens  ordinaires qui font  des choses extraordinaire » écrit Ph. Zimbardo.

 

Après avoir soigneusement étudié à quel point la dégénérescence de la nature humaine peut aller, Ph. Zimbardo en est venu a admirer les individus qui réussissent à tenir ferme leurs principes moraux et font attention aux forces extérieures  qui pourraient autrement les pousser à agir contre leur conscience. Ses recherches les plus récentes s'intéressent a ce qu'il appelle « l'imagination héroïque, »  en l'honneur d'individus qui sont capables de maintenir leur fibre morale dans des situations traumatiques et de s'opposer à des autorités injustes.

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.