Les forêts anciennes ont le vent en poupe

Écrit par Héloïse ROC, La Grande Époque- Paris
30.09.2008

 

Contrairement aux idées reçues selon lesquelles les forêts anciennes n’étaient plus rentables comme puits de carbone, une étude internationale révèle le contraire. En effet, cette étude faite par des chercheurs du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE), prouve que les forêts anciennes absorbent le carbone de l’atmosphère, et ce, depuis des siècles.

Le scientifique américain Eugène Odum

En effet, lors du protocole de Kyoto, ce principe n’a pas été retenu. Les forêts n’ont pas été comptabilisées dans la résolution des problèmes environnementaux, car des spécialistes pensaient que seules les forêts jeunes et en développement ingéraient plus de CO2 qu’elles n’en rejetaient. Ces conclusions ont été publiées dans la revue Nature du 11 septembre 2008. C’est en 1960 que le scientifique américain Eugène Odum a émis l’idée de l’inefficacité des forêts anciennes en disant «les forêts âgées de plus de 150 ans, émettent autant de CO2 qu’elles n’en absorbent».

Les forêts anciennes séquestrent d'énormes quantités de carbone

Il est reconnu dans le cycle du carbone que les forêts absorbent le CO2 et participent ainsi à l’épuration atmosphérique. Cependant, les scientifiques mettent en garde des perturbations forestières et confient : «Étant donné que les anciennes forêts ont absorbé du carbone durant de nombreux siècles, elles constituent des réservoirs énormes. Si ces forêts sont perturbées, d'importantes quantités de carbone risquent donc de se libérer dans l'atmosphère.» Ainsi, l’abattage des arbres et les perturbations accidentelles peuvent libérer du carbone (feux, insectes, maladies, tempêtes, sécheresses extrêmes, etc.). Le suivi et l’entretien des forêts sont donc essentiels.

Bien entretenues, ces forêts âgées sont toujours actives et absorbent chaque année des quantités de CO2 conséquentes allant de 0,8 à 1,8 milliard de tonnes de carbone par an. Philippe Ciais, directeur adjoint du LSCE, explique : «Les forêts anciennes peuvent continuer à accumuler du carbone – Plus de 30 % de la surface totale des forêts est constituée de forêts primaires non gérées par l'homme, la moitié étant dans des régions tempérées de l'hémisphère Nord. Et 15 % de la surface forestière totale, jusqu'alors ignorée dans les bilans du carbone, est responsable d'au moins 10 % de la séquestration totale du carbone.» Effectivement, les forêts de l’hémisphère Nord (Canada, Russie et Alaska) absorbent chaque année 1,3 gigatonne du carbone rejeté dans l’atmosphère.

Il est donc actuellement indispensable de modifier les données informatiques de l'évolution du climat et il est primordial de tenir compte du rôle des vieilles forêts dans le cycle mondial du carbone.