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Rice au Proche-Orient incite les Israéliens à arrêter la colonisation

Écrit par Stéphanie Krug, Collaboration spéciale
04.09.2008
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  • Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et la secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice(Handout: Handout / 2008 Getty Images)

En visite la semaine dernière en Israël et dans les territoires palestiniens, la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice a déclaré qu’un accord de paix serait possible en 2008 entre Israéliens et Palestiniens, à condition que les deux camps démontrent leurs efforts de paix en tentant de se mettre d'accord sur une déclaration de principes. Elle a affirmé que les Israéliens ne devaient pas compromettre le processus de paix amorcé à la conférence d’Annapolis en 2007 en poursuivant les chantiers de colonies juives en territoires palestiniens.

Au cours de son autre visite à la mi-juin, Mme Rice s’était quelque peu indignée en haussant le ton contre Israël, réprouvant la poursuite de la colonisation israélienne en territoires occupés. Les mêmes propos perdurent aujourd’hui avec peut-être moins de véhémence, mais tout autant de certitude quant au fait que cette poursuite entrave tout progrès dans les négociations de paix.

À cet égard, la publication récente d’un rapport sur les colonies juives signale que leur rythme de construction s’est accéléré au point de presque doubler cette année. En se basant sur des données du Bureau central des statistiques, l'ONG israélienne  La Paix maintenant  a révélé que 443 chantiers ont démarré depuis janvier en Cisjordanie. Lors de la même période l’année dernière, 240 chantiers, presque la moitié moins, avaient été lancés.

«L'activité de colonisation n'est pas propice à la création d'un environnement favorable aux négociations», a commenté Mme Rice. Lors de sa visite la semaine dernière, elle a réitéré ses critiques contre l'extension des colonies, à l'occasion d'une conférence de presse avec la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni. «Je pense que ce n'est pas un secret et je l'ai dit à mes homologues israéliens, je ne pense pas que les activités de colonisation soit d'un grand secours [...] En fait, nous avons besoin maintenant de mesures destinées à restaurer la confiance entre les parties et tout ce qui compromet la confiance entre les parties doit être évité», a-t-elle déclaré.

Son nouveau déplacement s’est effectué alors que 198 prisonniers palestiniens ont été libérés par Israël, comme un «geste envers le président palestinien». On en attendait 199, mais les Israéliens en ont gardé un à la dernière minute. Des centaines de personnes ont célébré cet acte qui va dans le sens d’une amélioration du processus de paix; le président Abbas a évoqué «la joie débordante» ressentie pour la libération des 198 prisonniers.

En outre, il a affirmé : «Nous espérons atteindre la paix, nous cherchons à réaliser nos droits nationaux et il n'y aura donc pas de paix sans la libération de tous les prisonniers.» Il a manifesté, pendant la réception officielle, son impression que le bonheur de cette journée n’est pas complet, exprimant une pensée pour les 11 000 Palestiniens qui sont toujours emprisonnés par Israël.

Il a cité Ahmed Sa'adat, secrétaire général du parti de gauche, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), dont il espère vivement le retour. Il a parlé également de Marwan al-Barghouti, le dirigeant du Fatah, qui est toujours en prison. Beaucoup d’autres sont toujours captifs depuis de nombreuses années et leur incarcération date d’avant même la signature des accords d’Oslo. Cent quatre-vingt-dix-huit ont été relâchés, dont Al-A'taba', Abu Ali Yatta et Hussam Khader, sous un tonnerre d’acclamations, dans les pleurs et les baisers de leurs familles et de leurs amis. La plupart des prisonniers libérés sont membres du parti d'Abbas, le Fatah, alors que les autres sont affiliés à de petites organisations de gauche comme le Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP) et le FPLP. Ce dernier est considéré comme entité terroriste par le Canada.

Condoleezza Rice, qui compte sa septième tournée dans la région depuis le début de l'année, a noté que de sensibles progrès étaient à l’ordre du jour en matière de négociations israélo-palestiniennes, malgré le scepticisme grandissant de la majorité des observateurs. Il s’agissait non moins de la 18e mission de la secrétaire d’État en Israël et dans les territoires palestiniens en deux ans et le processus de paix semble toujours aussi boiteux. Du côté palestinien, un des principaux négociateurs, Saeb Erekat, a révélé au quotidien saoudien al-Sharq situé à Londres que l’Autorité palestinienne ne peut tolérer des négociations interminables avec Israël, en indiquant que «les négociations de paix ne sont pas notre but, c'est une voie pour mettre fin à l'occupation israélienne et établir notre État indépendant». Il a ajouté que «l'Autorité nationale palestinienne ne perdra pas l'espoir de libérer le territoire et d'établir un État indépendant».

Rappelons à cet effet que les Israéliens et les Palestiniens ont établi deux équipes de négociations après la conférence de paix tenue à Annapolis, aux États-Unis, en novembre dernier sans que les tables rondes n’aboutissent à des progrès tangibles et concrets. Le dimanche 24 août, la secrétaire d’État américaine était avec les chefs d'équipe palestinien et israélien, respectivement Ahmed Qoreï et Tzipi Livni. Mme Rice a eu un entretien le lundi 25 août avec le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah pour tenter de convaincre les deux camps de mettre en place une déclaration de principes.

Toutefois, tous les analystes et les observateurs s’entendent à dire que la visite de Mme Rice n’est pas en mesure de créer un climat plus serein pour faire avancer les négociations d’ici la fin de l’année. D’une part, il y a la démission du premier ministre israélien Ehud Olmert et, d’autre part, l’extension des colonies juives se poursuit.

La condition sine qua non à l’avancée des pourparlers est l’arrêt de la colonisation juive en contrepartie de la fin des attentats terroristes palestiniens. Mais l'État juif souhaite poursuivre les constructions dans les colonies. Mme Livni a assuré que la colonisation avait diminué «de la façon la plus spectaculaire», surtout dans les zones situées à l’est de la barrière construite par Israël en Cisjordanie. «Le processus de paix n'est pas, et ne doit pas être affecté par des activités de colonisation, quelles qu'elles soient», a-t-elle renchéri.

Candidate pour prendre la tête du parti Kadima et remplacer Ehud Olmert comme premier ministre, elle a évoqué son espoir de paix en dépit du chaos politique, en affirmant qu’elle était déterminée à créer les conditions de la paix israélo-arabe si elle était élue lors des primaires de septembre. Elle a souligné que l’établissement d’un État palestinien était en conformité avec les intérêts d'Israël. «Je suis convaincue que ce que nous appelions dans le passé gauche et droite est quelque chose qui appartient au passé. Aujourd'hui, la plupart des Israéliens comprennent que la création de deux États sur les terres comprenant la Palestine historique est de l'intérêt israélien», a indiqué Mme Livni, citée par le quotidien local Haaretz, lors d'une rencontre avec des journalistes étrangers.

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