Éléphants de mer et phoques, explorateurs de l'océan Antarctique...

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Époque - Paris
04.09.2008
  • Le éléphant de mer du sud(HO: MARCO YAMIN / ImageForum)

Des chercheurs du Muséum national d'Histoire naturelle et du CNRS en collaboration avec des équipes étrangères venant du Royaume-Uni, d'Australie et des États-Unis, ont utilisé des éléphants de mer comme indicateur des changements de l'écosystème. Effectivement, 58 éléphants de mer, équipés de balises, ont participé à l'expérience entre 2004 et 2005. Ce travail a été publié dans la revue de l'Académie américaine des sciences (PNAS) du 11 août. Les scientifiques expliquent comment ils ont obtenu, grâce à ces mammifères, des données inédites sur l'océan glacial Antarctique.

Rapport entre la température des eaux et sa salinité

Les éléphants de mer plongent plus de 60 fois par jour et ceci dans des eaux extrêmement profondes, par exemple un record de 1998 mètres de profondeur a été enregistré. Ces animaux marins présentent des caractéristiques similaires à celles des phoques, ils passent la majeure partie de leur temps dans l'océan. Cette caractéristique les rend donc précieux puisqu'ils ont ainsi transmis plus de 16 500 profils de température et de salinité aux scientifiques, dont 4520 dans la banquise antarctique pendant l'automne et l'hiver austral, temps durant lequel aucun renseignement n'est possible.

Les données relevées, c'est-à-dire le rapport entre la température des eaux et sa salinité, permet de connaître les mouvements des courants océaniques. Ces connaissances participent à maîtriser les simulations climatiques et contribuent à mesurer l'impact du réchauffement sur l'océan austral. Il s'agit notamment de saisir les mouvements de l'eau de fond dans l'Antarctique et de comprendre leur formation. Ces eaux froides sont primordiales puisqu'elles constituent le mécanisme de la circulation thermohaline des océans, l'un des régulateurs nécessaires au climat mondial.

Des phoques pour estimer l'impact du réchauffement climatique

Les chercheurs participant au projet disent qu'ils répèteront l'expérience dans l'Antarctique et l'Arctique, cette fois avec des phoques de plusieurs espèces. Comme ces animaux se déplacent dans des zones différentes pour se nourrir, ils apporteront d'autres informations inédites sur les océans. Ainsi, 160 phoques participeront à l'étude. Ces espèces passent environ 85 % de leur temps en mer, et la baisse de leur reproduction inquiète sérieusement les scientifiques. Ainsi, ces études apporteront de nouvelles données qui seront fructueuses pour leur avenir et pour celle de la planète. Actuellement, les éléments scientifiques recueillis par ces animaux pourront nous informer sur les composantes du courant circumpolaire antarctique, le courant le plus puissant de la planète. Ces études nous permettront aussi d'évaluer plus finement les conséquences du réchauffement climatique dans l'océan austral.