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Un aveugle vient à bout d'une course d'obstacles sans encombre

Écrit par Cordis Nouvelles
13.01.2009
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  • Des athlètes aveugles pratiquent avant une partie de soccer à Santiago, Chili(Staff: MARTIN BERNETTI / 2008 AFP)

Au cours d'une expérience récente, un patient complètement aveugle a terminé un parcours d'obstacles sans incident, ce qui a permis aux chercheurs d'évaluer le potentiel de «vision» d'un individu dont le cortex visuel ne fonctionne pas. L'étude, publiée dans la revue Current Biology, a été partiellement financée au titre du sixième programme-cadre, à l’intérieur du thème «Sciences et technologies nouvelles et émergentes».

Le patient, appelé TN, a subi deux attaques successives à l'origine de dégâts importants des deux côtés du cerveau ainsi que dans le cortex visuel (la région du cerveau chargée du traitement des informations visuelles). Une équipe de chercheurs originaires des États-Unis, d'Italie, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de Suisse a étudié le comportement et l'activité physique de TN, en utilisant des techniques d'imagerie cérébrale anatomique et fonctionnelle telles que l'IRM de diffusion (ou DTI pour «diffusion tensor imaging»), la cartographie rétinotopique ainsi que des tests informatiques périmétriques et psychophysiques. Ces tests complets ont confirmé que TN était totalement dépourvu de cortex visuel fonctionnel.

Les chercheurs ont dû confirmer la cécité totale de TN. En effet, son état avait auparavant été classé dans la catégorie «vision aveugle», car il répondait aux expressions faciales d'autrui ainsi qu'aux tests visuels de conditionnement de la peur. Tous les tests ont en fait montré que le cortex visuel de TN ne fonctionnait pas. Il se déplace à l'aide d'une canne pour détecter les obstacles et il a besoin de l'assistance d'une autre personne lorsqu'il marche près d'obstacles tels les bâtiments.

Les chercheurs ont ensuite réalisé un parcours d'obstacles complexe dans un couloir en utilisant des chaises et des cartons. TN devait marcher dans le couloir sans sa canne ni assistance d'une tierce personne. Le couloir était calme et peu fréquenté, et ni TN ni la personne qui l'accompagnait pour des raisons de sécurité n'ont fait de bruit, excepté celui de leurs pas.

Chose incroyable, TN a réussi à faire le parcours parfaitement sans se cogner ou toucher un seul obstacle. Arrivé au bout du labyrinthe, plusieurs témoins ont spontanément applaudi l'exploit.

Le cas de TN est source d'inspiration pour les chercheurs tentant de trouver une alternative aux voies visuelles cérébrales, et prouve que les personnes sont capables de s'orienter et d'éviter des obstacles sans accorder une attention particulière consciente ou sans réellement voir ces obstacles. Selon Dr Beatrice de Gelder de l'université de Tilburg, aux Pays-Bas, «c'est une partie de notre vision qui nous permet de nous orienter et d'interagir avec le monde, et non de comprendre. Nous utilisons constamment des ressources insoupçonnées de notre cerveau et faisons des choses que nous ne pensons pas être capables de faire».

La possibilité que TN réussisse la course d'obstacles en utilisant le phénomène de l'écholocation (la réverbération des ondes sonores sur des objets proches) ne peut être éliminée; toutefois, le silence qui régnait au cours de l'expérience la rend inexplicable.

Les chercheurs n'ont pas encore déterminé quelles voies cérébrales permettaient à TN de se déplacer sans encombre. Les spéculations à ce sujet sont rendues complexes par le peu de cas similaires à la portée des chercheurs. La seule étude antérieure similaire a été réalisée sur un singe, Helen, qui possédait les mêmes capacités étonnantes. Les chercheurs ayant travaillé avec Helen en ont conclu qu'une petite région de sa vision périphérique était encore intacte, bien que cela ne puisse expliquer la totalité de ses fonctions visuelles résiduelles.

«C'est la première fois que nous étudions et découvrons cette capacité chez l'être humain», explique Dr de Gelder. «Cela nous montre ce que les hommes sont capables de faire, même s'ils ne sont pas conscients qu'ils évitent les obstacles. Par ailleurs, cela prouve l'importance de l'évolution de ces voies visuelles primitives. Elles sont bien plus impliquées que nous le pensons dans nos interactions avec le monde extérieur.»

Pour de plus amples informations, consulter :

Revue Current Biology

[www.current-biology.com]

Université de Tilburg

[www.tilburguniversity.nl]

© Communautés européennes, 1990-2008

[Cordis.europa.eu]

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