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Hamas: passé ardent, avenir nébuleux

Écrit par Stéphanie Krug, Collaboration spéciale
19.01.2009
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  • haled Meshal, dirigeant du Hamas en exil(Staff: KARIM SAHIB / 2009 AFP)

Le Hamas, une branche des Frères musulmans en Palestine, n’a jamais caché sa haine envers l’État hébreu et revendique son éradication. Même s’il se définit avant tout comme un mouvement de résistance palestinien, il figure sur la liste des organisations terroristes des États-Unis, de l'Union européenne et d'autres pays.

Les premiers djihadistes d’Oussama Ben Laden, qui ont bénéficié du soutien de Washington dans les années 1980 pour stopper l’invasion soviétique en Afghanistan, se démarquent des fondateurs du Hamas (acronyme du Mouvement de la résistance islamique) en se réfugiant dans la clandestinité tandis que les pionniers du Hamas préconisent l’instauration d’une puissante organisation politico-religieuse qui entend se représenter par tous les moyens sur la scène politique et rivaliser avec le Fatah, organisation politique et militaire palestinienne instiguée par Yasser Arafat.

Fondé en 1987, parrainé par la figure emblématique d’Ahmed Yassine, ses premières actions armées commencent avec le début de la première Intifada, lors du soulèvement général et spontané de la population palestinienne contre l'occupation israélienne qui a débuté le 9 décembre 1987.

Longtemps à l’ombre du Fatah et cherchant par tous les moyens à le discréditer, il développe très rapidement une propagande extrémiste qui séduit une partie de la population, notamment les groupes de Palestiniens les plus vulnérables socialement. Ennemi juré d’Israël, il se dote d’une branche armée – les Brigades Ezzedine al-Qassam – dont l’objectif est la libération totale du territoire de la Palestine, de la Méditerranée au Jourdain, en utilisant tous les moyens politiques, sociaux, l’action militaire ainsi que le terrorisme suicidaire.

Rejetant le processus de paix des accords d’Oslo visant à créer une Autorité palestinienne intérimaire, prélude à la création d’un État palestinien, il demeure hostile à tout ralliement avec l’OLP de Yasser Arafat qui accepte de négocier avec Israël.

Le Hamas s’est véritablement imposé politiquement lors des élections législatives de 2006. En effet, le mouvement a remporté les élections avec 56 % des suffrages, ravissant la majorité au Parlement au Fatah.

Durant l’année 2007, les tensions sont paroxystiques et, suite à ce qui s'apparente à une guerre civile entre le Hamas et le Fatah, elles se soldent le 15 juin par une prise de la bande de Gaza par le Hamas, évinçant totalement le Fatah du territoire.

Si les Israéliens ont, ces dernières semaines, terrassé militairement le Hamas avec l’opération Plomb durci, ils demeurent cependant peu stratèges dans la guerre psychologique, car le Hamas est passé expert dans cet art et sait utiliser les failles de son adversaire pour asseoir sa popularité.

Durcissement

La tragédie qui s’est abattue sur Gaza depuis les premiers bombardements israéliens et l’intensification de l’offensive terrestre n'ont fait qu’accroître la menace d’un durcissement du Hamas qui trouve sa légitimité dans les fautes commises par Israël.

Dépourvu d’appui au sein de la communauté internationale et décrié par toutes les démocraties modernes, le Hamas est habile à récupérer le drame vécu par la population de Gaza en attisant un sensationnalisme de l’horreur, en instaurant un communautarisme radical qui cherche à rassembler les anti-Israéliens et musulmans du monde entier autour d’un même credo : «Israël assassin!». On assiste véritablement à l’avènement d’un lobby politico-religieux à qui le Hamas ne cesse de donner de nouveaux arguments.

Dans de nombreux médias d'information, on peut constater la radicalisation de la haine à l’égard d’Israël qui franchit la frontière de l’antisémitisme.

Les dérives de la radicalisation sont bien réelles. D’après l’ancien diplomate devenu chercheur Yves Aubin de La Messuzière, dans une interview accordée au Nouvel Observateur, «Le risque, c’est la radicalisation du Hamas». Le chercheur, qui a rencontré en mai puis en septembre 2008 les principaux dirigeants du Hamas, connaît bien le mouvement. Il craint «la montée en puissance des extrémismes, la hausse croissante de jeunes militants très radicaux, probablement venus [du camp de réfugiés palestinien] Nahr al-Bared au Nord-Liban, via l’Égypte, qui semblent sous l’influence directe de gens formés en Afghanistan ou au Pakistan».

Et la possibilité que le djihadisme au sein du Hamas gagne du terrain n’est pas loin, même si, selon lui, Al-Qaïda ne constitue pas une menace, car «le Hamas est en conflit idéologique ouvert avec l’organisation clandestine de Ben Laden pour avoir participé au processus électoral en 2005 et en 2006».

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.