La fugacité des traditions chez les suricates

Écrit par Cordis Nouvelles
19.01.2009

 

  • Deux suricates sauvages(攝影: / 大紀元)

Une étude portant sur le développement des traditions et leur maintien dans des sociétés sauvages de suricates révèle que même si des traditions arbitraires peuvent apparaître, il est peu probable qu'elles persistent. Ces résultats sont en cours de publication dans les Proceedings of the Royal Society B.

Dans les sociétés humaines, les traditions arbitraires sont courantes. Elles se développent lorsque les gens copient les choix d'autres personnes, même en présence d'autres possibilités toutes aussi intéressantes. Des études précédentes suggèrent que de telles traditions existent dans d'autres sociétés animales. Cependant, ces études portaient sur des animaux en captivité et, dans bien des cas, on pouvait s'interroger sur la nature arbitraire des traditions.

Par exemple, si un animal décide de manger les mêmes aliments que les autres membres de son groupe, même en présence d'autres aliments, cela s'explique peut-être par la peur de s'empoisonner en consommant des aliments non familiers. De même, beaucoup d'animaux empruntent toujours les mêmes trajets, en dépit de l'existence d'autres chemins, plus courts. S'agit-il d'une tradition arbitraire, ou persiste-t-elle car, pour explorer ces autres chemins, il faudrait abandonner la sécurité qu'apporte le groupe?

Dans cette nouvelle étude, des scientifiques de l'Université de Cambridge, au Royaume-Uni, et de l'École Normale Supérieure de Paris, en France, se sont intéressés à des suricates sauvages, dans le désert du Kalahari en Afrique du Sud. Les suricates de cette zone sont étudiés par les scientifiques depuis de nombreuses années et sont donc habitués à la présence d'humains. Les scientifiques ont commencé par entraîner dans sept groupes des «démonstrateurs» à obtenir une récompense sous forme de nourriture, dans l'un des deux sites distincts. Deux groupes témoins se caractérisaient par l'absence de «démonstrateurs».

Au début de l'étude, les suricates des groupes avec «démonstrateurs» n'avaient aucune préférence pour l'un ou l'autre site. Peu à peu, les suricates se sont mis à copier les préférences des «démonstrateurs» pour un site, même si la nourriture était également disponible sur l'autre site. Il est intéressant de constater que les animaux avaient une plus grande tendance à copier les anciens que les jeunes. Les scientifiques supposent que les jeunes, étant moins expérimentés dans la recherche de nourriture, sont considérés comme étant une source moins fiable d'informations.

En peu de temps, il s'est établi un penchant de nature traditionnel pour l'un des sites. Cependant, cette préférence n'a guère persisté. Les scientifiques mentionnent ainsi : «Une fois que les animaux ont appris à connaître un site, ils commencent à explorer l'autre. Ils découvrent qu'il est tout aussi intéressant, aussi la tradition se perd avec le temps.» En d'autres termes, l'apprentissage social concernant un site a rendu les suricates plus enclins à explorer l'autre.

Les scientifiques considèrent donc que l'on peut rencontrer des traditions arbitraires dans la nature, mais qu'elles sont probablement passagères. Ils concluent: «Cette étude soutient l'hypothèse selon laquelle, en l'absence de solides tendances conformistes, la persistance des traditions dans les populations animales non humaines s'articule sur l'influence relative de l'apprentissage social et individuel. Le premier entraîne les individus à calquer leur comportement sur celui d'autres membres du groupe, le second peut conduire à découvrir des alternatives, ce qui réduit la stabilité des traditions.»

Pour de plus amples informations, consulter :

Proceedings of the Royal Society B

Université de Cambridge, département de zoologie

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