Malongo, l’art du café bien fait

Écrit par Suzi Loo, La Grande Époque
25.01.2009

  • Jean-Pierre Blanc(攝影: / 大紀元)

L’histoire des cafés Malongo débute en 1934 à Nice. Messieurs Fulconis et  Liprandi dirigent la société. Très vite la réussite s’avère fulgurante. Les petites camionnettes vont remplacer les bicyclettes et la torréfaction journalière va passer de 25 kg à 100 kg. Les ventes vont prendre un bel essor et se propager sur un rayon de 100 kms autour de Nice.

La production annuelle grimpera jusqu’à 40 tonnes. En 1952 l’entreprise se nommera  « Compagnie Méditerranéenne des Cafés Malongo » et deviendra le premier torréfacteur des Alpes-Maritimes. Le succès va lui permettre de se répandre ensuite dans tout le sud-est de la France. En 1968  Hugo Rombouts rachètera la société et accélérera son développement en avantages auprès des marchés comme l’hôtellerie et la restauration. C’est en 1980 que l’usine sera transférée dans la zone industrielle de Carros le Broc à Nice.

Un voyage  au Mexique, des rencontres et des connaissances bienfaitrices

En 1975, Jean-Pierre Blanc prendra la fonction de directeur général des Cafés Malongo. Son entrée dans la maison va lui permettre de continuer l’engagement qui gouverne au sein de la société : préserver la qualité des cafés.

Depuis les années 90, le combat est orienté sur le développement durable.

Jean-Pierre Blanc part sillonner le Mexique, voyage qui le conduira à faire des rencontres importantes. La première de ses rencontres est la découverte d’une coopérative de commerce équitable créée par quatre commerçantes indiennes qui exportent du café biologique de qualité.

La seconde sera l’entretien avec le prêtre hollandais Francisco Van Der Hoff. Le prêtre avait conceptualisé une vision complète autour d’une filière agricole pour garantir aux producteurs des revenus décents. Le label « Max Havelaard » est donc né en 1988 aux Pays- Bas. Le prêtre en sera le cofondateur.  Ce label va se répandre à travers le monde. Un certain nombre d’initiatives seront fédérées dans le même esprit et sur le même modèle comme pour le cacao, le thé, le café.

Ses entrevues avec les paysans qui pratiquent à la fois l’agriculture bio et le respect de la nature lui a ouvert les yeux. Jean-Pierre Blanc lance ainsi le commerce équitable en France avec ses produits qui s’appelleront « Malongo Petits Producteurs » lancés en 1997.

Malongo sensibilise au  développement durable 

Tout ce qui tourne autour du développement durable prend des formes différentes et passe aussi par le recyclage des déchets. Près de 15 filières de valorisation ont été mises en place en 15 ans, dont 6 intègrent le programme « Indus’tri », programme de gestion collective des déchets de la zone industrielle de Carros-Le-Broc qui a démarré en 2003. Les déchets industriels sont créés au cœur des Café Malongo à Carros. Ces déchets incluent : toiles de jute, plastiques, cartons, ceux des bureaux comme les ordinateurs, les consommables. Malongo réalise 12 % de réduction sur le poids des boîtes métalliques, 20 % sur le poids des capsules sur les doses, 20 % sur le poids des emballages carton.

Soucieux de l’environnement, le vernis UV (dont les principaux composants sont : résine, solvant réactif et photo amorceur/sensibilisateur) sera retiré des emballages carton au profit d’un vernis acrylique. Des tests industriels sont réalisés fréquemment sur des nouvelles matières afin de développer des emballages qui réunissent la qualité de conservation et la qualité environnementale. Une  charte du développement durable est définie à l’interne avec un comité de pilotage en  passant évidemment par une réflexion globale.

Un suivi régulier des consommations et des émissions

Les consommations comme l’électricité, le gaz, l’eau et les émissions comme les déchets, la fumée des torréfacteurs, le bruit, vont être suivis régulièrement. L’importance pour Malongo est de disposer d’indicateurs et de mettre en place des objectifs annuels de réduction.

Lancement du plan 100 % énergie verte avec EDF

Malongo est la première entreprise en région PACA à avoir souscrit en 2006 le contrat « KWh équilibre » d’EDF. Ce contrat engage EDF à produire 1 Kwh issu des énergies renouvelables pour 1 Kwh consommé. De 21 % en 2006, de 70 % en 2007, il représente 100 % de l’énergie consommée sur l’ensemble des sites en 2008 (~ 3,2 millions de KWh).

Préserver avant tout le terroir, une importance vitale

En conséquence, les voyages au Mexique, en Haïti, au Guatemala, en Afrique de l’Est, en Éthiopie feront prendre conscience à Jean-Pierre Blanc de l’importance de préserver le terroir, de protéger les variétés botaniques ainsi que la forêt. « Il faut savoir que dans toutes les plantations quand un arbre meurt, un nouvel arbre est planté sans tarder. Les paysans maintiennent en état la forêt tropicale et ne sont pas rémunérés pour cela. »

 

LGÉ : Quelle est la différence entre le commerce équitable et le développement durable ?

Jean-Pierre Blanc  :  Le développement durable s’inscrit dans la démarche du commerce équitable mais le commerce équitable ne  s’inscrit pas dans les marges du développement durable. Si vous prenez ou considérez que le commerce équitable est une fleur à quatre pétales, vous diriez que le premier pétale, c’est tout ce qui est agriculture biologique, le deuxième c’est tout ce qui est développement autour de la qualité c’est-à-dire amélioration des variétés botaniques, conservation des vieilles espèces, leur maintien et leur développement.

La troisième concerne tout ce qu’il y a autour de la biodiversité (protection de la forêt). Enfin le quatrième, le cœur le plus important, est le commerce équitable dans sa fonction économique et sociale. Prix minimum garanti, responsabilité sociale auprès des planteurs. Tout ce qui ajoute de l’humain au développement durable. Nous vivons sur une planète où il est important de s’intéresser aux animaux, à la forêt, mais aussi aux individus. Le commerce équitable regroupe l’ensemble des fonctions diverses du développement durable et regroupe donc l’ensemble. Cela ajoute un côté social à l’aspect, disons écologique ou purement fonctionnel de planter un arbre.

LGÉ : À travers vos ventes transmettez-vous des messages ?

Jean-Pierre Blanc  : On essaie de transmettre des messages pour nos campagnes de communication concernant notre café « Petits Producteurs ». On a synthétisé cette idée dans une phrase : « Ce sont nos petits producteurs qui font les grands cafés ». En deux mots pourquoi ce produit est-il particulier ? C’est parce qu’il a été fait par des hommes dans des critères particuliers. Un message qui ramène au travail de  l’humain et sensibilise le consommateur plus qu’une démarche visant la pauvreté. Car on se situe sur un plan économique, c’est-à-dire au-delà de la charité. Il n’y a que l’économie qui permette de travailler sur le long terme.

LGÉ : Ce qui veut dire pas d’économie, pas de développement durable ?

Jean-Pierre Blanc  : Si vous ne créez pas d’activité économique, que vous vous contentez d’agir avec une pseudo-aide, vous ne pouvez pas créer un développement économique. Personne ne peut s’approprier le développement. Personne ne peut améliorer à la fois l’activité, améliorer le développement durable. Nous nous situons dans une tendance qui n’est pas de la charité mais de l’économie. Nous payons plus cher nos produits, non pas que le petit paysan soit pauvre, mais bien parce que son produit est de grande qualité. C’est un échange d’égal à égal, plus dans la dignité que dans la charité, le but étant l’économie des producteurs.

LGÉ : Pensez-vous que les gens font la différence entre charité et qualité ?

Jean-Pierre Blanc  : La porte d’entrée la plus facile est effectivement la sensibilisation, c’est-à-dire la charité. Je pense que c’est la première étape. La seconde : la réflexion. Il est préférable de recréer les productions économiques qui profitent à l’ensemble, la preuve en est donnée par la crise financière. Le café est coté à la bourse de New York. De plus en plus de fonds sont entrés dans ces marchés qui, au lieu de réguler le marché du physique, l’ont au contraire dérégulé.

Dans les années 2000 à 2005 avec le commerce équitable, nous avons payé nos cafés deux fois le prix de la bourse. Une similitude très forte existe entre la crise financière et ce que le commerce équitable a apporté par une régulation volontaire : 1) un prix minimum garanti quel que soit les cours de la bourse, 2) une prime de développement social, prime que l’on verse et qui permet à la collectivité de décider elle-même des programmes sociaux qu’elle veut engager, 3) l’élément technique et le préfinancement des récoltes. On autofinance et on amène une sécurisation en terme d’achat autour du produit, puis les éléments techniques – ce n’est certes pas suffisant, la partie la plus importante est d’essayer  de trouver l’appui au développement. 

Malongo récompensé

Au mois de décembre dernier, Malongo a remporté le trophée du « Prix Entreprises & Environnement ». Ce concours national a été organisé par le ministère du Développement durable (MEDAD). Honneur décroché dans la catégorie « Management et initiatives pour le développement durable », une récompense bien méritée sur l’engagement dans la durée du développement durable.

Cerise sur le gâteau, la méthodologie des cafés Malongo a été recommandée dernièrement par le ministère de l’Économie. Elle fait désormais partie des sociétés labellisées « Entreprises du Patrimoine Vivant », label gratifiant les entreprises nationales d’un savoir-faire rare, exceptionnel et indiscutable au service du made in France.Le café Malongo est distribué principalement en France. Environ 11 % de la production est exportée en Suisse, en Espagne, en Italie, aux États-Unis et en Chine. Il est le premier intervenant français des cafés haut de gamme du commerce équitable et de l’agriculture biologique. Malongo propose aussi une gamme étendue de thés sélectionnés selon la même éthique qualitative