Les courants marins nommés «convection profonde» en désordre

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Époque - Paris
26.01.2009

  • Les scientifiques sont perplexes devant une mer qui semble en désordre.(Stringer: ASIF HASSAN / 2008 AFP)

L’équipe scientifique française de l’IFREMER qui a participé à l’étude de la convection profonde en Atlantique Nord, met en évidence l’apparition d’un phénomène océanique nouveau, qui n’a pas été vu depuis plusieurs années1. La convection profonde est la manifestation résultant des mélanges des masses d’eau des régions polaires et équatoriales. Ces flux provoquent des colonnes d’eau instables. Les eaux de surface et celles des fonds marins tendent à échanger leur place.

 

CONVECTION PROFONDE OBSERVéE JUSQU’à 1.800 MÈTRES DE PROFONDEUR

Les scientifiques ont remarqué une reprise de la convection profonde au cours de l’hiver 2007-2008 en mer du Labrador et en mer d’Irminger. Cette reprise est inattendue car depuis plusieurs années le mélange atteignait des profondeurs nettement moins importantes. La convection profonde a été observée jusqu’à 1.800 mètres de profondeur dans la mer du Labrador et à 1.000 mètres dans la mer d’Irminger.

 

Ce sont «des niveaux jamais atteints depuis 1994», précise la chercheuse Virginie Thierry dans un communiqué de l’Ifremer. Elle ajoute: «Le processus de convection profonde contribue au stockage en profondeur et pour des centaines d’années du CO2 atmosphérique». Ce phénomène est inattendu car les mesures observées entre 2001 et 2007 étaient comparables. La convection profonde était comprise entre 700 et 1.100 mètres. Ceci a été traduit comme étant les conséquences du réchauffement climatique.

 

PLUS DE 3.000 FLOTTEURS RÉPARTIS DANS LES OCÉANS DU MONDE

L’étude a été menée en particulier grâce au programme Argo. Ce programme océanographie international permet de mesurer, d’enregistrer et de transmettre en temps réel les caractéristiques physiques de l’océan en profondeur. Ce sont plus de 3.000 flotteurs autonomes répartis dans tous les océans du monde qui mesurent la température des océans, en surface et en profondeur et la salinité des eaux. Les chercheurs tentent d’expliquer vainement cette variante inattendue, comme la conséquence de la température de l’air «anormalement froides dans l’Atlantique Nord au cours de l’hiver 2007-2008» et, par «la présence d’une couche d’eau froide et peu salée en surface dans la mer du Labrador».

 

En effet, à la fin des années 1980 et au début des années 1990, lorsque les hivers étaient marqués par des températures très basses et des vents très forts, «le mélange hivernal atteignait en mer du Labrador des profondeurs supérieures à 2.000 mètres», selon l’Institut. C’est comme-ci nous faisions un compte à rebours, les chercheurs sont perplexes.

1 Article paru dans la revue scientifique Nature de Geoscience2.