MOLORA… RENAÎTRE DE SES CENDRES

Mise en scène : Yael Farber

Spectacle présenté en anglais

The Farber Foundry (Afrique du Sud)

Avec : Dorothy Ann Gould, Jabulile Tshabalala, Sandile Matsheni et le Ngqoko Cultural Group

Cinquième Salle de la Place des Arts

Du 22 au 24 janvier, du 27 au 31 janvier à 20 h

Les 25 janvier et 1er février à 16 h

Réservations : 514-842-2112

Il y a peu de spectacles qui fassent l’unanimité, comme celui-ci, par la seule force qu’il génère dans ses propos, sa représentation et la puissance de ses interprètes. Ce spectacle étranger agit au cœur de l’identité universelle : celle du désir de vengeance visitant le courage du pardon. L’antique trilogie de l’Orestie pour modèle, la pièce nous offre un éclairage sans pareil de la transition de l’Afrique du Sud vers la démocratie en 1994 qui mettra fin à l’apartheid.   

Dans l’actualité politique que l’on connaît, par exemple avec le conflit israélo-palestinien, nous dirions que cette pièce, tout droit venue d’Afrique du Sud, tombe à point. La problématique n’est pas la même d’un pays à l’autre, mais la pièce nous rappelle que l’homme, depuis l’Antiquité, est en proie à ce même problème de vengeance qui perpétue les ripostes et empêche la conscience de vivre en paix avec l’histoire.

Électre sauve son frère Oreste des mains violentes de sa mère Clytemnestre, ayant tué son mari Agamemnon. Oreste a pour devoir de revenir, une fois homme, pour venger ce père. Électre, celle qui souffre des supplices que lui inflige la mère au quotidien souffrira sur scène, à la vue et au su des spectateurs. Or, historiquement, les tragédies antiques ne montrent pas directement la violence sur scène. Elles la relatent. Dans un premier temps, cette cruauté sans borne choque, coupe le souffle, révolte. Nous aurions envie nous-mêmes de venger Électre. La suite des évènements nous donnera tort. C’est par le pardon que le salut se manifestera sur scène.

Le chœur grec réinventé, selon la culture Xhosa, se présente comme un groupe de femmes africaines du milieu rural ordinaire et tend, par leurs chants uniques, à replacer les situations dans une énergie extraordinaire. Le chœur, sans appuyer la violence, la supplante comme des témoins de la catastrophe en gardant les yeux ouverts sans jugement. Actif, le chœur retient, console, apaise, amplifie, commente avec une concentration invariable.

Ce spectacle est tout ce qui a de plus radical sans pourtant tomber dans le cliché de l’outrance. Si vous avez un spectacle à voir en tant que citoyen, c’est celui remarquable et brillant d’énergie qu’est Molora.