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Les pinceaux de John Singer Sargent

Écrit par Ed Morgan, La Grande Époque
06.01.2009
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Portrait d’artiste

Un des rares artistes qui n’a jamais eu à vivre dans la pauvreté et dans l’obscurité, le peintre américain expatrié, John Singer Sargent (1856-1925), a connu un succès extraordinaire en tant que portraitiste. Au cours de sa carrière prolifique, il a complété approximativement 900 peintures à l’huile et plus de 2000 aquarelles.

Les œuvres de Sargent reflètent parfois la saveur impressionniste de son époque et témoignent de l’influence de Claude Monet. Sargent a étudié les œuvres de ce dernier dans les années 1880. Un exemple de cette influence est son autoportrait de 1886, lorsqu'il était jeune.

  • Un portrait de Lady Agnew(攝影: / 大紀元)

Néanmoins, le style de Sargent s’inspire beaucoup du peintre espagnol du 17e siècle, Diego Velázquez, avec son réalisme et ses riches détails. La plupart des critiques perçoivent Sargent comme un réaliste ayant su adapter habilement, à l’esthétique contemporaine, les styles du 17e et 18e siècles des maîtres du portrait et du paysage comme Velázquez, Van Dyck et Gainsborough.

Alors que le reste du monde artistique a glissé vers des formes modernistes suite à l’avènement de l’impressionnisme, du fauvisme et du cubisme, Sargent a tenu fermement à ses convictions réalistes. Alors que ses détracteurs l’ont qualifié d’anachronique, le sculpteur français Auguste Rodin s’y référait comme le «Van Dyck de notre ère».

Son dernier autoportrait, en 1906, une peinture à l’huile sur toile, aujourd’hui dans la Galerie Uffizi, Italie, montre une version nettement réaliste du peintre qui a vieilli. Cet autoportrait dépeint l’artiste vêtu d’un complet noir et d’une chemise smoking avec un col d’un blanc éclatant, posant avec un air composé. L’artiste vêtu du complet se tient droit et semble joindre ou croiser ses mains devant sa taille.

Cette posture crée une tension sur son complet, causant l’apparition de plis sur ses manches. Il y a peu de souplesse et de plasticité dans l'œuvre, car l’artiste est assis immobile et paraît raide.

Dans cette œuvre, Sargent utilise un point de vue linéaire, mais sans fuite distincte ou orthogonale. L’artiste nous regarde donc directement, même si l’orientation de son corps est quelque peu en angle.

Le seul arrière-plan est l’ombre créée par une source de lumière qui illumine le personnage. En minimisant l’arrière-plan, Sargent met l’accent sur l’artiste lui-même et il est possible qu’il l’ait voulu ainsi pour renforcer la communication entre l’artiste et l’observateur.

Usage des lignes

L’usage des lignes par Sargent s’avère un élément primordial dans cet autoportrait. D’importantes lignes longent la silhouette de sa figure et le revers du complet, laissant supposer un mouvement vers le bas à partir de son cou jusqu’à sa taille.

 

Les plis et les froissures du complet suggèrent le volume. Les lignes de son visage, avec l’usage de la lumière, aident à modeler la tête de l’artiste. Les sourcils de l’artiste et l’extrémité de son nez, dur et en saillie, forment des lignes puissantes suggérant sa force de caractère et sa présence imposante.

 

Cette démonstration de puissance n’est pas surprenante puisqu’en 1906, Sargent était déjà l’un des portraitistes les plus renommés du 19e siècle et il pouvait d’ailleurs se permettre de choisir les sujets de ses portraits ainsi que sa commission. En même temps, les légères rides sur le visage de l’artiste et sa barbe grisonnante montrent l’inéluctable ravage du temps et du labeur.

Usage frappant de la lumière

La caractéristique la plus frappante de l’autoportrait de Sargent est son usage de la source lumineuse. La lumière semble provenir d’une lampe de studio ou d’une source concentrée provenant du coin supérieur droit de la pièce et illumine l’artiste en angle. Elle guide les yeux des observateurs du coin supérieur droit du front du personnage à travers son visage jusqu’au col blanc brillant, puis jusqu’au revers de son complet.

 

Sans compter la poussée évidente du coin supérieur droit de l'œuvre en direction du bas, la lumière apporte aussi du contraste et suggère l’espace. L’artiste émerge de l’arrière-plan obscur et non défini pour nous faire face dans une pose très réelle et tridimensionnelle.

Sargent traite la relation entre le sujet et l’arrière-plan d’une façon qui rappelle le portrait de Charles V sortant de la noirceur peint par Titien (1488-1576), le peintre vénitien du 16e siècle.

Contrastes de couleurs

En plus de la source de lumière brillante, Sargent utilise une palette limitée mais nette. Ceci unifie la peinture. Le visage de l’artiste est enflammé d’un jaune vif, avec du orange et du rouge, alors que les coups de pinceau de la barbe grisonnante et des cheveux noirs l’entourent. Plus bas, le col éblouit par sa blancheur, surtout l’extrémité extérieure qui fait face à la source lumineuse.

Le reste du haut du corps en complet et l’arrière-plan, couvrant près de 5/6e de la toile sont remplis de couleurs complémentaires passant du brun, au mauve foncé et au noir, en contraste avec le jaune et le blanc autour du visage de l’artiste.

L’austérité du contraste de couleurs peut être perçu comme une métaphore pour l’intégrité artistique imperturbable (et peut-être éveillée) de l’artiste au milieu de la noirceur et du chaos.

Dans l’ensemble, l’interprétation de cette peinture demeure ouverte parce que l’observateur ne voit que le haut du corps du personnage et non son corps entier. Il n’y a pas assez d’explication quant à la source lumineuse.

L’expression grave de l’artiste semble faire allusion à quelque chose de sérieux et même de troublant dans la vie de l’artiste, mais la peinture n’offre aucune information additionnelle.

Cet autoportrait est un des derniers portraits de Sargent avant qu’il arrête d’en peindre pour un certain temps à partir de 1907. Il y a donc beaucoup de questions qui restent sans réponse.

Néanmoins, il n’y a aucun doute quant à l’approche réaliste employée ici par Sargent – un retour au style de la vieille école – qui a résisté aux tendances artistiques du début du 20e siècle.

Son usage de la source lumineuse, son traitement de l’arrière-plan, et son attention aux détails montrent l’influence d’artistes du 17e siècle comme Velázquez, combinée avec sa propre adaptation du réalisme moderne, faisant de lui un vrai Van Dyck du tournant du 20e siècle. 

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