Les conservateurs félicitent le régime chinois pour son 60e anniversaire

Écrit par Jason Loftus, La Grande Époque
13.10.2009
  • Un portrait géant du dirigeant chinois, Hu Jintao, (Staff: FREDERIC J. BROWN / 2009 AFP)

Stephen Harper a déjà déclaré que son Parti conservateur ne se ferait pas acheter par le «dollar tout-puissant» en échange de son silence au sujet des droits de l'homme en Chine. Le gouvernement canadien a toutefois été critiqué la semaine dernière pour avoir félicité chaleureusement le régime communiste alors qu'il célébrait le 60e anniversaire de sa prise du pouvoir.

Stephen Shi, un exilé chinois habitant à Ottawa, a écrit aux députés et aux médias la semaine dernière pour dénoncer ce qu'il qualifie de «courbettes continuelles [des politiciens canadiens] aux meurtriers communistes». Il a signalé un évènement à Ottawa qui soulignait l'anniversaire et où l'ambassadeur chinois était accompagné par plusieurs politiciens canadiens, dont les députés conservateurs Pierre Poilièvre et Gordon O'Connor.

M. Shi a été condamné à six ans de prison et qualifié de «contre-révolutionnaire» en 1990 après avoir écrit des lettres au régime chinois critiquant le massacre des étudiants à Pékin l'année précédente. Il s'est enfui par la suite au Canada pour vivre «sans la peur d'être emprisonné pour l'expression de mes opinions», a-t-il dit.

«La Chine a une histoire glorieuse de 5000 ans, pas de 60 ans», a écrit M. Shi aux députés la semaine dernière. «Le régime communiste ne représente pas la Chine. L'histoire communiste n'est pas l'histoire de la Chine. Pourquoi ces quelques politiciens canadiens sont incapables de le comprendre?»

Stephen Shi n'a pas dû être ravi de lire les commentaires du ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, qui a été cité dans les médias chinois la veille de l'anniversaire du 1er octobre.

«J'aimerais chaleureusement féliciter la population en Chine à la veille de ce 60e anniversaire», M. Cannon a-t-il été cité dans l'agence officielle du régime, Xinhua. «Demain est vraiment une journée historique et nos amis chinois ont raison d'être fiers de leurs accomplissements.»

Après s'être fait une réputation en tant que partisans des droits de l'homme et de la démocratie en Chine, les conservateurs ont – avec leur position – semé la confusion chez les militants pour les droits de la personne.

Certains, comme M. Shi, estiment que le gouvernement canadien a été influencé par un lobby prochinois qui est en fait une façade du régime communiste.

«Alors qu'ils s'imaginent qu'ils font plaisir aux électeurs chinois, ce n'est pas le cas», a écrit M. Shi aux politiciens. «Les organisations de façade du Parti communiste chinois qui affirment représenter la communauté chinoise sont en fait la voix de l'ambassade chinoise et  représentent ni moi ni la majorité des Sino-Canadiens qui sont venus au Canada pour la liberté.»

Cependant, ce ne sont pas tous les membres du caucus conservateur qui ont cessé de parler des droits de l'homme en Chine.

L'un d'eux est le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, qui a continué à défendre les droits de l'homme publiquement alors que des ministres conservateurs ont effectué plusieurs voyages en Chine.

M. Kenney a récemment déclaré qu’il était favorable à la construction à Ottawa d'un monument en l’honneur des victimes des régimes communistes.

M. Kenney a déjà déclaré à La Grande Époque : «Notre gouvernement a toujours dit que le Canada devrait faire avancer autant nos valeurs que nos intérêts. Nous avons évidemment de grands intérêts à promouvoir les échanges et le commerce avec la Chine, mais nous voulons aussi promouvoir nos valeurs, notre croyance en la démocratie et la liberté humaine, et nous croyons que nous pouvons faire ces deux choses [en même temps].»

Toutefois, c'est le bureau de M. Kenney qui a fait circuler l'article de Xinhua citant les propos de Lawrence Cannon. L'article, tout comme les commentaires des responsables canadiens, ne fait aucune mention de la souffrance de la population durant les six décennies sous le régime communiste.

L'article de Xinhua ayant été fait circulé par le bureau de Jason Kenney parle d'amitié, soulignant que le Canada a envoyé des céréales en Chine en 1960, «lorsque la Chine était frappée durement par la famine». Il n'est cependant pas mentionné que cette «famine» avait en fait été causée par les politiques sanguinaires du dictateur Mao Zedong qui, dans sa quête de l'arme nucléaire, envoyait la production de céréales en Union soviétique alors que des millions de Chinois mouraient de faim.

«Le 1er octobre devrait être un jour de deuil et de souvenir, pas de célébration, pour les dizaines de millions de Chinois tués, torturés et emprisonnés, et pour les 1,3 milliard de Chinois toujours opprimés», affirme Stephen Shi.