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Voix expansives

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque
17.10.2009
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  • Une scène de No way Veronica(攝影: / 大紀元)

MONTRÉAL – No way Veronica sera présenté du 13 au 17 octobre sur la scène très contemporaine de La Chapelle. Jean Boillot, metteur en scène français, tourne le spectacle depuis déjà deux ans. Entretien avec lui sur cet étrange concert théâtral comique électrifié.

La Grande Époque (LGÉ) : Vous aviez au départ créé le spectacle pour un concert, quelles sont les différences en regard d’une représentation théâtrale dans votre travail?

Jean Boillot (J.B.) : C’était la première partie d’un concert pop. On nous avait passé la commande d’essayer de croiser les publics du pop rock et des formes théâtrales sans que l’on reçoive des tomates ni des canettes de bière sur la tête. C’était un peu le test. Ça nous a donné confiance. Ça durait à l’époque 20 minutes. Nous l’avons multipliée et elle dure aujourd’hui une heure. C’est, depuis, un spectacle à part entière. C’est un rapport plus direct, frontal, sur l’énergie, ce qui donne un théâtre amplifié que j’appelle «le théâtre sonic» car il a recourt à des machines sonores : des synthétiseurs, des samples, des pédales d’effet, etc. C’est un instrumentarium qui n’est pas éloigné des musiciens qui nous suivaient à l’époque.

LGÉ : Le texte de l’auteur Armando Llamas est déjà très inusité. Comment l’univers constitué de parodies de films hollywoodiens devient lisible chez le spectateur?

J.B. : Ce sont cinq séquences racontant la même histoire : la tentative d’incursion d’une nymphomane dans une base scientifique composée d’hommes virils. L’auteur de la pièce Armando Llamas avait constitué une série de flashs correspondant à des images amoureuses du cinéma. Il les a mis bout à bout en essayant de construire une histoire. L’aspect musical ajoute beaucoup de fluidité à la trame. Nous ne sommes pas loin parfois du Stand up, dans un rapport très direct avec le public. Et il nous suit dans cette aventure et nous amène plus loin. Celle-ci n’est pas loin du blockbuster américain, de la série B hollywoodienne, notamment des effets de pleurs, avec des hélicoptères qui se baladent, des soucoupes volantes qui atterrissent. Nous convions le public aux coulisses de cette fabrication. C’est toujours un travail de retouches. D’une représentation sur l’autre, on réajuste le tir. On a mis beaucoup de temps finalement pour arriver à la forme que vous allez voir, résultat d’une expérience aller-retour entre le public et nous. C’est le côté enfantin et ludique d’un fan de cinéma qui convoque dans son salon l’ensemble des stars qu’il aime.

LGÉ : En concentrant la représentation principalement sur le son, comment intervient l’image?

J.B. : La forme de concert amène dans un premier temps le plaisir du live et de voir la construction en direct d’effets sonores qui sont souvent, si l’on ferme les yeux, du cinéma pour les oreilles. On voit vraiment, avec très peu de moyens sur le plateau, les quelques machines et trois pauvres acteurs (rires) qui parviennent néanmoins à créer une image sonore. On en est venu assez rapidement à se poser la question de l’image effectivement et du champ, contre-champ. Il y a trois acteurs. Une actrice, Katia Lewkowicz, joue tous les rôles, essentiellement des stars américaines masculines et Gina Lollobrigida. Il y a un autre acteur qui fait la voix off et joue du clavier. Puis, un troisième qui fait du beat box : son corps, un micro et une machine parviennent à étoffer l’illusion sonore. Il y a des moments où Katia en vient à mimer des actions pour être synchronisées avec « l’image sonore ». Il y a tout un travail physique de postures, d’imitations, parfois seul et parfois en chœur. Ce n’est pas loin d’un théâtre épique, d’une certaine manière, où il s’agit de raconter des actions scéniques sans les faire. Tout ça est assez lié au cinéma.

LGÉ : Quelles sont les perspectives pour ce spectacle?

J.B. : Une vingtaine de dates sont prévues de retour en France pour une troisième saison. On souhaite même donner une suite à ce spectacle. On est en train de le développer. On a une équipe qui s’entend très bien. Au-delà de ce plaisir immédiat d’être ensemble, on a, grâce à David Jisse, l’ingénieur du son, un dispositif électroacoustique intéressant qui peut mener le projet plus loin. On a envie de suivre ce filon. Par ailleurs, j’ai des collaborations dans l’air avec des théâtres québécois, sans pouvoir vous confirmer aujourd’hui exactement ce que ce sera, mais… il y a des possibilités de développement. J’ai un tel plaisir à travailler avec les gens de chez vous. Je prends la direction d’un théâtre [Centre Dramatique National de Thionville] et j’aimerais développer des échanges entre le Québec et la France.

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