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Une page d’histoire du cinéma américain

Écrit par Alain Penso
17.10.2009
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  • (攝影: / 大紀元)

Les États-Unis restent le pays phare du cinéma mondial. Des scénarios sur la vie réelle des femmes et des hommes ont très tôt alimenté la créativité et la production des films américains. Dans Naissance d’une nation (1915) et Intolérance (1916), David Wark Griffith, le cinéaste, conte le long périple que doit supporter un État pour exister. Un ensemble d’individus doit décliner des règles pour vivre ensemble. La vie serait ainsi possible dans un État où les institutions joueraient un rôle stabilisateur. Le chanteur de Jazz (1927) d’Alan Croslan sera un vrai cataclysme avec l’apparition du son et une autre façon de penser et de construire le cinéma.

 

Faute de pouvoir hisser la parole au niveau de la gestuelle, des centaines d’acteurs perdront tragiquement leur aura. Un séisme d’une ampleur artistique et intellectuelle va secouer l’industrie du cinéma. Seuls quelques grands artistes vont s’adapter, revoyant au passage leur style et leur jeu d’acteur. Buster Keaton, l’une des références du film comique et burlesque, aura du mal à s’intégrer à ce monde. Chaplin revisitera ses propres œuvres en les sonorisant et en leur donnant de la voix. Les temps modernes (1936) est un exemple de ce passage du muet au parlant. Ce tremblement de terre artistique est pertinemment analysé dans Chantons sous la pluie (1952) de Gene Kelly.

 

Cinéma et justice sociale

Les films de Chaplin sont souvent interprétés comme la quintessence de la résistance à la souffrance d’un peuple qui naît petit à petit d’un long accouchement, comme dans L’émigrant (1917). Peu avant la première guerre mondiale, l’Amérique domine déjà le marché mondial du film et étend aussi grâce à Hollywood une image morale voire puritaine de sa société.

 

Dans La guerre des étoiles (1977) de George Lucas ou bien comme dans Rencontres du troisième type (1977) de Spielberg, les politiques se sont faits les chantres du bien contre le mal.

 

À l’aide de son documentaire Bowling for Columbine (2002), Michael Moore tente une critique de la société américaine et du rôle joué par le port d’armes autorisées par la constitution américaine. Dans cet univers paradoxal cohabitent le démocratique et le religieux presque à force égale.

 

Guerre froide et chasse aux sorcières

Le troisième homme (1949) de Carol Reed, sur fond de début de guerre froide, illustre bien le climat propice à la suspicion. À la fin de la seconde guerre mondiale, le monde est partagé à Yalta comme un gâteau entre les régimes communistes dominés par l’Union soviétique et le bloc libéral représenté par les États-Unis. Cette séparation du monde et la montée du communisme ont développé dans la société américaine une certaine tendance à la paranoïa. Ainsi la chasse aux sorcières, période tragique où des hommes du monde du cinéma ont été confrontés à la politique de la délation, reste une période sombre de l’histoire cinématographique américaine.

 

En effet, Joseph McCarthy, soucieux de sa carrière politique, se sert de la renommée du cinéma américain, très médiatisé, pour s’attaquer à l’industrie en prétendant qu’elle était gangrenée par des agents communistes dont la mission lui semblait tout évidente: saboter l’Amérique.

 

Ainsi, les studios désireux de continuer à mener leurs affaires collaborent avec la commission des affaires anti-américaines, présidé par McCarthy lui-même. Ils établissent une liste de deux cents noms environ ayant une quelconque sympathie pour les communistes. Ceux-ci ne pourront plus travailler si ce n’est sous des noms d’emprunt. De petites productions se frotteront les mains – elles qui ne pouvaient pas s’offrir de grands scénaristes ou metteurs en scène – le pourront désormais sous des noms d’emprunt. Ainsi par exemple Dalton Trumbo qui était lui aussi sur la liste noire remportera en 1957 l’Oscar du meilleur scénario pour le film réalisé par Irving Rapper Les clameurs se sont tues, scénario qu’il avait écrit sous le pseudonyme de «Robert Rich».

 

Mais, bien des acteurs refuseront de dénoncer leurs amis; Edward G. Robinson ou Joseph L. Mankiewicz qui produira  All about Eve (1950). Charlie Chaplin, quant à lui, quittera les États-Unis, dégoûté par cet esprit où aucun artiste ne peut travailler. Joseph Losey partira, lui aussi, convaincu que la planète américaine ne tourne plus bien rond.

 

Bien des acteurs vont errer de studio en studio pour trouver du travail. Le maccarthysme va provoquer bien des drames sociaux et des catastrophes humaines. Billy Wilder exprime cette dépression qui atteint les États-Unis avec Sunset Boulevard (1950). Épuisé, déprimé par une situation absurde, John Garfield refuse de donner des noms et se suicide en 1952. Un grand acteur disparaît sans que le sénateur McCarthy ne fasse aucune déclaration à ce sujet. Dans ses films John Garfield s’investissait complètement comme par exemple dans Le facteur sonne toujours deux fois (1946) de Tay Garnett. Les films eux-mêmes en disent long sur cette société prise d’une maladie chronique de la dénonciation en famille, un vrai sport national. Fred Zinnemann met en scène le courage individuel face à la lâcheté collective dans Le train sifflera trois fois (1952). La parabole de cette obligation de suivre cette pensée dominante, sous peine d’être rejeté purement et simplement par la société, s’illustre dans le film de Delmer Daves, La flèche brisée (1950) qui aurait dû être initialement tourné par Losey, parti travailler sous d’autres cieux plus propice à la méditation.

 

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